"Et maintenant, au tour du Sénat !" |
Hier, la loi
qui légalise l’avortement en Argentine, a obtenu une large
majorité au terme de onze heures de session sur deux jours. Le
projet de loi, proposé par le gouvernement, a obtenu 131 voix pour,
117 contre et 6 abstentions.
Le tableau lumineux qui donne les résultats du vote dans l'hémicycle
Au-dessous, dans la galerie du public, des représentantes de groupes militants
Il faut
maintenant que le même projet soit voté par le Sénat. La
présidente de la chambre haute, Cristina Kirchner, a organisé un
agenda qui devrait permettre l’adoption définitive avant la fin de
l’année civile.
Le magistère
catholique se déploie déjà auprès des sénateurs pour les
convaincre de voter contre, avec des arguments qui sont parfois assez
nauséeux (quand ils assimilent le présent projet de loi avec les
mesures bolchéviques de 1917). Sous Mauricio Macri, les autorités
catholiques avaient obtenu que ces parlementaires renversent le
courant et la loi n’était pas passée, d’un cheveu. Cette
fois-ci, l’opération paraît encore moins assurée même si le
projet divise la population. Il reste en Argentine une importante
partie de la population qui affiche son hostilité à cette
dépénalisation.
Les unes des
journaux sont d’ailleurs instructives à ce sujet : Página/12,
qui a toujours soutenu l’idée d’une légalisation de
l’avortement pour des motifs féministes et sociaux, met l’info
en vedette sur sa première page. Clarín
et La
Nación
mettent plutôt en avant des questions économiques. Malgré la part
belle que les deux rédactions ont laissée depuis longtemps aux
« celestes »
(les opposants au projet de loi, autoproclamés « pro-life »
ou « pro-vida »
qui agitent des bannières bleu-ciel, en
hommage à l’Immaculée Conception de la Vierge),
le fric reste plus important que cette cause qui semble maintenant
perdue. Ils laissent tomber l’affaire !
Côté sanitaire, cette victoire de militants verts (la couleur des pro-droits [d’autodétermination des femmes]) laisse augurer le pire : juste après le vote, les militantes (très majoritairement des femmes) ont laissé éclaté leur joie, ont hurlé sans masque et se sont étreintes… Pourtant l’épidémie est loin d’être finie en Argentine, même si la campagne de vaccination, avec Spoutnik V, se prépare pour commencer au début de l’année prochaine.
Pour aller
plus loin :
lire l’article principal de La Prensa, dont le site Internet est étrangement taciturne ce matin sur ce sujet pourtant essentiel pour ce quotidien catholique affirmé
lire l’article principal de Clarín
lire le communiqué officiel de l’Honorable Chambre des Députés de la Nation (HCDN) (1)
(1) La constitution argentine s’est beaucoup inspiré de celle des États-Unis. D’où cette dénomination de tradition si britannique. La tradition protocolaire hispanique tourne autour des adjectifs « illustrissime » et « excellentissime » et non de la notion d’honorabilité.