"Ils sont chinois. C'est tous les mêmes", dit le gros titre sur cette photo de la ministre souriante Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Diana Mondino, la ministre des Affaires étrangères argentine, a donné hier à la correspondante de Clarín à Paris une interview dont une phrase fait dresser les cheveux sur la tête !
Venant d’une visite officielle à Beijing pour assurer le maintien d’un cadre économique pour les relations commerciales entre l’Argentine et la République populaire de Chine, après le tombereau d’insultes déversé par son président, Javier Mileí, sur le pays et ses dirigeants pendant sa campagne électorale avant qu’il s’efforce de se rattraper aux branches autant qu’il le pouvait après sa prestation de serment, la ministre était hir à Paris pour plaider l’entrée de l’Argentine dans l’OCDE où siège déjà le Chili (entre autres pays sud-américains).
Or Mileí, qui est de son côté
actuellement en route pour la Californie où il doit assister à un
forum de chefs d’entreprise et de ténors de la droite des affaires
(après son voyage pour saluer Trump), histoire de profiter de
l’argent du contribuable pour voyager sans lien avec les intérêts
de son pays, est bien décidé à épouser la politique extérieure
de l’Oncle Sam, même sous présidence démocrate. Ce type n’a
aucun souci de la souveraineté de son pays ! Dans cette
perspective, Washington regarde de travers la présence d’une base
supposément scientifique chinoise en Patagonie argentine négociée
par les péronistes quand ils étaient au pouvoir pour s’opposer
précisément... aux États-Unis.
Une inspection vient d’être réalisée dans la base en question
pour vérifier qu’il s’agit bien d’activités scientifiques et
non pas, comme quelques mauvais esprits le soupçonnent, d’activités
militaires dissimulées.
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Interrogée sur ce point, la ministre vient de répondre, depuis une capitale étrangère, que l’inspection n’avait rien repéré de militaire mais a-t-elle ajouté : « Ce sont des Chinois. Ils se ressemblent tous. » Sous-entendu, on ne peut pas distinguer les militaires des civils.
Página/12 dénonce le racisme que cette phrase révèle (d’autant que pour cette rédaction, la Chine n’a rien d’un épouvantail, bien au contraire). Les journaux de droite sont, quant à eux, plutôt ennuyés : dans l’ensemble, la droite est assez hostile à cette concession territoriale de la gauche à l’empire chinois mais d’une part, l’impair diplomatique saute aux yeux de tous, et d’autre part, la Chine n’en est pas moins le premier partenaire commercial des exportateurs argentins. Pour la santé des comptes en banque des happy few, il faudrait donc éviter de se fâcher. Et une ministre qui vient d’une famille de banquiers devrait le savoir.
Tout ceci se produit alors qu'un avion en provenance de Chine atterrit à Buenos Aires, chargé d'une cargaison de nouveaux billets de banque à 10.000 pesos de valeur faciale dont ce gouvernement ou son prédécesseur a confié l'impression à une imprimerie d'Etat chinoise (appartenant donc au parti communiste de la République démocratique chinoise). Une autre trahison de la souveraineté nationale : donner à une puissance étrangère tout le matériel permettant de frapper monnaie. Il faut se pincer pour y croire.
Sur le site de Clarín, la lecture de l’interview est réservée aux abonnés. Le site de La Nación préfère présenter les explications embarrassées de la ministre qui va encore s’enferrer dans le déni…
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Nación qui a évité le sujet en une ce matin