vendredi 17 mai 2024

Un petit tour chez les franquistes espagnols aux frais de la princesse [Actu]

Caricature signée Alfredo Sábat, parue ce matin dans Clarín
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Hier après-midi, abandonnant les affaires d’État en suspens, toujours incapable de bâtir un consensus parlementaire sur ses réformes, Javier Mileí s’est envolé pour Madrid à bord d’un avion de la flotte présidentielle afin d’assister à un meeting électoral du parti franquiste et anti-européen Vox, fruit d’un schisme récent au sein de la droite constitutionnelle, le Partido Popular.

Mileí qui prétend se rapprocher de l’Union européenne contre l’UNASUR, dont il veut retirer l’Argentine, et qui voudrait que son pays intègre l’OTAN (sic) va donc participer à un meeting où les institutions de l’Union vont se voir copieusement conspuer et qui va appeler les Espagnols à lutter contre toute cette « perte » de « souveraineté », que symboliserait le drapeau azur à ronde étoilée, et de « grandeur » de je ne sais quelle Espagne « fidèle au Christ », allant des Rois catholiques au Généralissime. Toute cette démarche miléienne est incohérente au dernier degré mais cela semble le cadet des soucis du président argentin. Pour une raison dont j’ignore les tenants et les aboutissants, Meloni et Orban, qui étaient invités, se seraient décommandés. Mileí devrait donc être le seul chef d’Exécutif étranger présent à ce rassemblement de la campagne pour l’élection du Parlement européen. Président en fonction d’un pays d’Amérique du Sud, il se mêle donc de ce qui ne le regarde pas.

En haut, la photo de Abascal sur fond de drapeaux espagnols
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Le 10 décembre à Buenos Aires, Santiago Abascal, le président de Vox, était la seule personnalité politique espagnole présente à l’investiture de Mileí. A côté de Bolsonaro, il était d’ailleurs en « charmante compagnie ».

Mileí doit aussi profiter de ce séjour, qui se poursuivra jusqu’à dimanche inclus, pour présenter, avant Buenos Aires, son nouveau livre dont Planeta a pourtant retiré du marché l’édition espagnole à la suite du scandale déclenché par le rabat de l’ouvrage qui présentait des informations biographiques mensongères (Mileí usurpait certains titres universitaires).

En haut, à droite de la vignette de Paz et Rudy,
le titre de l'article sur le voyage "présidentiel"
avec cette photo de Mileí dans le couloir d'embarquement
"Le chemin du libertaire sans photo avec les mandataires",
dit le titre de l'article
Le gros titre est consacré à la chute vertigineuse
de l'économie argentine (production et consommation)
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Présenté comme un voyage du président ès qualité, ce séjour en Espagne ne comporte aucun rendez-vous avec aucune des autorités constituées du pays. Quelle indélicatesse diplomatique ! Mileí ne verra ni Pedro Sánchez, qu’il méprise et qu’il hait peut-être aussi, ni le roi (qu’il ne doit pas avoir en très haute estime) ni aucun ministre ou parlementaire espagnol. Il ne verra que l’ambassadeur argentin ! C’est bien maigre pour un déplacement aussi lointain et supposé revêtu d’un caractère officiel, surtout lorsque l’on considère que c’est au moins la troisième fois en six mois que Mileí se permet ainsi, sur le trésor public, d’aller se balader dans le monde sans aucun enjeu diplomatique, pour le seul plaisir de cultiver, à l’étranger, ses engagements idéologiques personnels ultra-capitalistes, anti-sociaux et passablement anti-démocratiques, et de s’adonner complaisamment, en compagnie de sa frangine, au culte de soi (il a déjà reçu, notamment aux États-Unis, des prix décernés par des institutions privées confidentielles qui semblent avant tout à se servir de sa vanité pour développer leur notoriété).

Et pourtant, il paraît que « no hay plata » (il n’y a pas d’argent).

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de La Nación
lire l’éditorial de La Nación qui s’intéresse aux questionnements de la presse états-unienne sur la conduite à tenir pour rester fidèle à la démocratie devant le risque de réélection de Trump et qui prend visiblement ces réflexions pour les siennes devant un président argentin dont le comportement apparaît de plus en plus comme dangereux pour l’ordre démocratique.
Clarín a lui aussi fait un article mais sur le site du journal, il est réservé aux abonnés.


"Le livre le plus cher du monde", prétend le titre
du volume en or, eu égard au prix du voyage de promotion
réalisé par son auteur mégalomane
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Ajouts du 18 mai 2024 :

lire cet article de Página/12 sur la présentation du bouquin qui s’est tenue à Madrid, en présence de Santiago Abascal qui avait fait la surprise à son pote de venir à son spectacle
lire cet article de La Prensa (journal catholique réactionnaire) sur la plainte posée par l’extrême-gauche trotskyste contre le président et ses dispendieux voyages privés déguisés en missions officielles
lire cet article de La Nación sur la présentation et les propos insultants tenus par le président sur le sol espagnol (« je suis un libéral dans un pays de gauchistes »)


La présentation (en photo) a eu lieu au siège du
quotidien espagnol La Razón, un journal de droite,
qui appartient au géant de l'édition Planeta
RTVE, le groupe audiovisuel public, aurait été
seule à ne pas en parler dans les journaux du soir
La Razón est pourtant le seul quotidien national
à traiter l'événement à la une
Le reste de la presse a choisi d'autres sujets,
dont les 20 ans du mariage du couple royal !
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