jeudi 11 décembre 2025

Gisela Passi et Rodrigo Rufino proposent un stage exceptionnel à Paris [ici]

Gisela Passi et Rodrigo Rufino


En ce jour international du Tango, j’ai choisi de publier cette proposition d’un couple de professeurs exceptionnels qui enseigne un tango très authentique et simple à Paris.

Le dimanche 4 janvier 2026 après-midi, Gisela Passi et Rodrigo Rufino, tous deux argentins et parfaits francophones, animeront un atelier intitulé Écouter, comprendre, sentir, danser la musique de tango argentin.

Quinteto La Bordona

Pour l’occasion, ils seront en excellente compagnie puisque le contrebassiste et compositeur Ignacio Varchausky, grand spécialiste du tango classique, participera à l’atelier. L’occasion pour vous de rencontrer un artiste qui est considéré comme l’un des acteurs-clés du genre en Argentine depuis de nombreuses années. Ignacio Varchausky est en effet le fondateur de plusieurs formations musicales ainsi que de la Orquesta-Escuela de Tango Emiliano Balcarce.

De 14h à 16h environ, cours de danse sur les différents styles musicaux des grands orchestres classiques des années 1940 et 1950,l’âge d’or du tango.

Après une petite pause-café, de 16h à 18h, les participants écouteront jouer le Quinteto La Bordona, dans lequel Ignacio Varchausky tient la partie de la contrebasse (le rythme), La Bordona étant un tango très connu du compositeur Emiliano Balcarce. Les morceaux exécutés seront choisis dans le répertoire classique, ils seront expliqués, décortiqués et commentés par les professeurs de danse et les musiciens. Une expérience très précieuse pour progresser dans l’art d’improviser sur la piste comme on le fait à Buenos Aires.

Document fourni par Gisela et Rodrigo, que l'on voit ici
avec Ignacio Varchausky (en polo rouge)
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Prix par personne : 70 €.

Inscription obligatoire en couple à l’adresse électronique des professeurs : rufinopassi#gmail.com

Les personnes seules sont invitées à se signaler à Gisela et Rodrigo qui s’efforceront de constituer des couples de danseurs dans la mesure du possible.

Lieu : Loft Lechapelais, 6 rue Lechapelais, Paris 17e.

© Denise Annc Clavilier

mercredi 10 décembre 2025

Le Cuarteto de Córdoba est inscrit au Patrimoine de l’Humanité [Actu]

Dessin de Chumbi pour La Voz du 10 décembre 2025
Tunga tunga est l'onomatopée qui désigne le cuarteto
comme tchan tchan (en espagnol chan chan) symbolise le tango
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Hier, à New-Delhi, l’UNESCO a voté pour inscrire au Patrimoine immatériel de l’UNESCO une expression artistique populaire née en 1943 à Сórdoba, dans le centre historique et géographique de l’Argentine, et qui y est resté très présent depuis sans se diffuser outre mesure dans le reste du pays : le cuarteto, qui est une danse, une musique et tout un répertoire de chansons.

La Mona Jíménez (photo de Fernando de La Orden, pour Clarín)

Ce vote vient enrichir le catalogue des contributions argentines à ce vaste patrimoine qui avait déjà intégré la voix de Carlos Gardel, dont on célébrera l’anniversaire de naissance demain, le tango et le chamamé (genre musical du nord-est de l’Argentine et que la région partage avec le nord de l’Uruguay, le Paraguay et la pointe sud du Brésil).

Leonor Marzano est considérée comme l'une des créatrices du genre

Les artistes et un certain nombre de médias ont manifesté leur fierté ce matin. Un peu partout, on retrouve la présence du plus médiatique représentant actuel du genre, La Mona Jímenez, un chanteur exubérant qui a décidé de jouer de sa laideur en se produisant sous un nom qui se traduit « la guenon Jímenez ».Malgré cette présence écrasante, l’histoire du genre n’est pas oubliée et d’autres figures historiques du genre sont aussi mise à l’honneur.


La Une du quotidien régionale
Maintenant, le Cuarteto appartient au monde entier
Sur la photo, une personnalité locale prend un selfie
devant la statue de Potro Rodrigo Bueno (1973-2000),
l'un des grands noms du genre
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Le gouvernement lui-même, qui se fiche pourtant comme de l’An 40 de tout ce qui relève de la culture populaire dans le pays, s’est fendu d’un communiqué sur le site officiel de la Culture, reléguée par Mileí au rang de simple secrétariat d’État au sein de ce fourre-tout qu’est le ministère du Capital Humain, ce que la Academia Nacional del Folkore n’a pas encore fait à l’heure où je publie.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

dans la presse de diffusion nationale
lire l’article de Página/12, qui, curieusement, n’a mis l’info sur aucune de ses Unes du jour (je m’attendais à voir quelque chose d’important sur la première page du supplément culturel quotidien Cultura & Espectáculos, mais rien)
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
à Córdoba :
lire les articles de La Voz, le principal quotidien local
lire l’article de Canal C, la chaîne de télévision provinciale
au niveau institutionnel :
lire le communiqué du gouvernement
lire le communiqué (en espagnol) de l’UNESCO
Aucun communiqué de la Province n'était disponible au moment où je rédigeais cette information.

Les importations détruisent le tissu industriel du textile argentin [Actu]

"Plus personne ne coupe le tissu", dit le gros titre
Comprenez "Il n'y a plus de pain sur la planche"
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Le gouvernement de Javier Mileí, sous prétexte de liberté d’entreprendre et au nom du principe « que le meilleur gagne », a ouvert tout grand les frontières de l’Argentine pour laisser entrer toutes sortes de produits industriels, dont beaucoup viennent, directement ou indirectement de Chine.

Le résultat ne se fait pas attendre : l’industrie argentine s’effondre puisqu’elle produit à des coûts plus élevés, dus à la protection, désormais toute relative, des travailleurs. Bref, le schéma que l’Europe a connu et pratiqué, ce dont tous nos pays se mordent les doigts vingt à trente ans plus tard, s’applique maintenant à l’Argentine et tout disparaît au fur et à mesure.

Après le secteur laitier, c’est aujourd’hui le sort de l’industrie textile qui attire le regard de la presse.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12, dans son supplément de Rosario
lire l’article de Clarín

lundi 8 décembre 2025

Requiem pour la science en Argentine [Actu]

"Sans la science, il n'est pas de futur", dit
la pancarte de la manifestante.
Le masque à gaz est une référence à un classique
de la science-fiction argentine, la bande dessinée El Eternauta,
portée récemment à l'écran avec un grand succès
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Le gouvernement argentin vient d’annuler tous les appels à concours annuels pour les projets scientifiques qui doivent être financés par l’État, comme c’est le cas dans tous les pays civilisés.

Cela veut dire qu’en 2026, il n’y aura pas de nouveaux projets de recherche en Argentine, pays qui se classe au premier rang en Amérique du Sud pour ce qui est de la science et de l’économie de la connaissance.

Il est inutile de dire que cette décision est catastrophique puisqu’elle obère l’avenir du pays. Elle va sans doute accentuer la fuite des cerveaux et faire entrer encore davantage les chercheurs argentins en concurrence avec leurs homologues des États-Unis, lesquels se cherchent eux aussi une porte de sortie au Canada, en Europe, en Océanie, au Japon ou en Corée du sud… Peut-être le Brésil pourra-t-il accueillir quelques voisins.

A cela s’ajoute le fait que le gouvernement n’applique pas la loi de financement universitaire sur laquelle le président Javier Mileí avait posé son veto mais qui a été remise en selle par le Congrès, qui l’a approuvée une nouvelle fois, ce qui rend le veto présidentiel nul et non avenu… à condition que l’Exécutif respecte la constitution. Ce qu’il n’a pas l’intention de faire.

Cela conduit à des premières décisions d’universités qui annoncent d’ores et déjà que les cours ne reprendront pas à la rentrée de mars prochain, après les vacances d’été, faute de budget.

Dans la presse quotidienne nationale, seul Página/12 semble se soucier de cette crise pourtant majeure, à court, moyen et long terme.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la suppression des concours scientifiques
lire l’article de Página/12 sur la non-rentrée programmé à la UTN, l’université technologique nationale. Autant de techniciens et d’ingénieurs qui manqueront sur le marché du travail et pmour le développement souverain du pays lorsque le cauchemar actuel aura enfin pris fi


En Argentine, ça tourne au casino selon un Nobel d’Économie [Actu]

"L'Argentine s'est mise dans un grand pari de casino",
dit le gros titre
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La semaine dernière, Cash, le supplément hebdomadaire de Página/12, publiait l’analyse de la situation de l’Argentine par le Prix Nobel d’économie états-uniens Joseph Stiglitz.

Une analyse passablement pessimiste comme on peut l’imaginer venant de ce chercheur qui valorise la régulation de l’économie par le politique, donc la volonté des peuples, afin que le monde ne tourne pas au vert, celui de jungle ou celui de la table de casino au choix, destin qui semble bien attendre l’Argentine sous la présidence toxique de Javier Mileí.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Cash du 30 novembre 2025

vendredi 5 décembre 2025

La Cour Suprême s’est prononcée en faveur des restaurants sociaux [Actu]


Il y a presque deux ans, juste après l’investiture du président Javier Mileí, le gouvernement argentin a cessé de distribuer aux restaurants sociaux du pays (comedores) des vivres comme il en avait l’habitude pour soutenir en nature ces initiatives locales qui viennent au secours des plus démunis d’une manière décentralisée et proche du terrain.

Malgré de vives protestations dans tout le pays, la ministre du Capital Humain, lequel recouvre tous les champs d’action de l’État dont Mileí se contrefiche (l’éducation, la santé, la culture, entre autres), est restée inflexible, allant jusqu’à laisser perdre les denrées stockées dans deux immenses hangars dans deux sites distincts plutôt que de les distribuer à ceux qui en auraient eu besoin.

Cette femme sans cœur, cynique et qui n’a que du mépris pour les gens est allée jusqu’à prétendre que ces réserves avaient été constituées (par le gouvernement précédent, il ne pouvait pas en être autrement) pour pallier aux problèmes logistiques en cas de grande catastrophe. Or précisément, une grande catastrophe s’est produite pendant l’été austral 2023-2024 : des inondations phénoménales qui ont ravagé de grandes zones agricoles dans le nord du pays, ont fait plusieurs morts, des blessés et de très nombreux sans-logis. S’il y avait donc une occasion de répartir ces vivres, c’était précisément celle-là mais la ministre comme le président n’ont pas bougé le petit doigt en faveur des sinistrés.

Sans parler des ravages volontairement provoqués par la politique anti-sociale de Mileí qui, du jour au lendemain, a jeté à la rue beaucoup de gens, employés de l’État en premier lieu puis travailleurs du secteur privé payant les conséquences de la disparition des services d’État, tous rendus soudain incapables d’assurer un certain nombre de dépenses de leur vie courante (eau, gaz, électricité, téléphonie, carburant, loyer, transports, traites diverses et variées, voire tout simplement alimentation du mois).

Les associations se sont donc adressées assez rapidement à la justice et le ministère a fait traîner les affaires autant qu’il a été possible, allant jusqu’à solliciter la Cour suprême sur un arrêt de cour d’appel lui enjoignant de procéder à la distribution en respectant des conditions d’équité pour toutes les provinces et toutes les organisations, y compris celles relevant de courants politiques d’opposition. Or la ministre avait d’abord fait semblant d’exécuter une première décision de justice en distribuant une petite quantité de denrées aux institutions animées par des gens ouvertement de droite et uniquement à elles.

La Cour suprême (qui ne compte plus que trois membres depuis plusieurs années et penche pourtant nettement à droite) vient enfin de se prononcer : elle a validé l’arrêt de la cour d’appel. La ministre doit donc procéder maintenant à la distribution de toute cette nourriture qui attend dans les deux hangars et il faut espérer que la majeure partie en est encore consommable car des dates de péremption ont été dépassées à coup sûr pour plusieurs catégories d’aliments. Il va falloir suivre avec attention les opérations à venir car ce gouvernement a montré qu’il avait à cœur de ne pas respecter les décisions de justice. Il a en effet une très fâcheuse tendance à imiter le comportement ouvertement illégal et inconstitutionnel de l’administration Trump, lequel se comporte en parrain (au sens mafieux du terme) de son homologue argentin, lequel ne cache pas la fierté qu’il en tire, jetant pour se faire la souveraineté de son pays aux orties.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajout du 10.12.25 :
lire cet article de Página/12 sur les comedores de la Province de Buenos Aires, qui témoignent de la dégradation socio-économique locale selon un rapport récent de la Universidad Nacional de La Plata, l’une des premières universités du pays.

"La liberté de ne pas manger", dit le gros titre
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lundi 1 décembre 2025

Les fantômes académiques sont au rendez-vous ce soir [à l’affiche]


Ce soir, lundi 1er décembre 2025, à 18 h, alors que la saison se termine avec l’année en Argentine, la Academia Nacional del Tango présente ses fantômes grâce au livre écrit par deux académiciens, Walter Piazza et Angel Mario Herreros. Au premier rang des fantômes du bouquin, le Maestro Horacio Ferrer, poète et historien du tango, dont le profil se découpe sur le visuel de la soirée, le premier président et surtout le fondateur de l’institution.

Coup de cœur pour moi puisque Walter est un ami de très longue date et qu’il est aussi celui sans qui l’institution cesserait de tourner… Une pensée émue aussi pour Horacio Ferrer, que j’ai eu l’immense chance de connaître et qui m’a accordée son attention pleine de tact et d’affection.

Les deux auteurs présenteront leur ouvrage. Et comme tous les premiers et troisièmes lundi du mois, cette soirée institutionnelle est ouverte à tous.

Entrée libre et gratuite, dans les locaux hantés, Avenida de Mayo, 833, 1er étage !

© Denise Anne Clavilier

jeudi 27 novembre 2025

Whirlpool s’en va aussi mais tout va bien dans le monde merveilleux de Mileí [Actu]

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A Pilar, dans la province de Buenos Aires, Whirlpool s’était installé en octobre 2022 pour produire des lave-linge dont 70 % étaient destinés à l’exportation dans la région. 52 millions de dollars d’investissement initial et 220 salariés au dernier décompte.

Le type assis : On ferme notre usine à Pilar et on met
300 travailleurs à la porte... On va tout importer.
L'autre : Comment ça ?
Le type assis : En Chine, on va acheter des réfrigérateurs.
A Trum, on va lui acheter sa manie de mettre les gens à la porte.
Vignette du jour sur Página/12, signée Daniel Paz et Rudy
Traduction © Denise Anne Clavilier

L’entreprise a fermé son usine argentine. Devant les perspectives économiques en berne, Whirlpool préfère plier bagage. Mileí y verra sûrement une preuve du « miracle argentin » que sa politique est censé avoir provoqué mais elle ne l’a fait que dans sa tête et dans la tête de quelques uns de ses pires courtisans.

© Denise Anne Clavilier


Pour en savoir plus :

mardi 25 novembre 2025

Le négationnisme avance à la Défense [Actu]

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Comme le ministre de la Défense Luis Petri vient d’être élu au Congrès et va prendre possession de son siège le 10 décembre prochain, Javier Mileí a nommé à sa place le chef d’état-major des forces armées argentines, un général dont le père, lui aussi officier, a été impliqué dans les crimes de la dictature de 1976-1983 et qui n’a jamais condamné ce régime putschiste, dictatorial et criminel. La vice-présidente, désormais brouillée avec le président, est dans la même situation : elle nie les crimes de la dictature dont son père a été le complice (non jugé). Constitutionnellement, elle préside le Sénat.

Plus de quarante ans après le retour à la démocratie et au gouvernement constitutionnel, c’est la première fois qu’un militaire occupe ce poste, toujours confié jusqu’à présent à un civil.

Or Petri avait déjà mis en place des programmes de formation qui avaient pour but d’installer dans l’esprit des militaires une équivalence de légitimité entre les victimes du régime dictatorial et celles des attentats commis par la lutte armée contre la Junte (ces attentats ont existé mais leurs victimes sont beaucoup, beaucoup moins nombreuses et la plupart du temps, il s’agissait de hauts responsables du régime). On craint que ces séminaires révisionnistes connaissent sous la conduite du nouveau ministre un développement plus dynamique encore, alors que le négationnisme du président est renforcé par celui de son protecteur, Donald Trump.

En Argentine, le discours officiel sur le sujet parle de rééquilibrage ou d’intégralité de la mémoire. En fait, il s’agit d’installer progressivement un nouveau récit officiel aboutissant à la négation pure et simple des crimes de la dictature, crimes contre l’humanité qui sont donc imprescriptibles et que Mileí et consorts veulent amnistier.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur les séminaires de « vérité intégrale »
lire l’article de Página/12 sur la condamnation formulée par le Mouvement Œcuménique des Droits de l’Homme (MEDH) tandis que celle formulée par Estela de Carlotto est réservée (en ligne) aux abonnés
lire l’article de La Prensa sur la réaction de Estela de Carlotto, la présidente de Abuelas de Plaza de Mayo (ce qui est très rare : la rédaction de ce quotidien de la droite réactionnaire ultra-catholique est plutôt hostile au mouvement de Abuelas)

Ajout du 27 novembre 2025 :

lire cet article de Página/12 sur l’instruction lancée contre un vice-amiral accusé d’avoir détruit des archives relatives aux crimes de la Dictature militaire de 1976-1983 (ces crimes sont imprescriptibles, la législation argentine interdit donc de détruire quelque archive que ce soit)

vendredi 21 novembre 2025

En Argentine, les enfants ont désormais le droit de jouer en bourse en ligne [Actu]

"Faites vos jeux, les enfants", dit le gros titre
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Désormais, à partir de 13 ans, les enfants pourront investir en ligne sur des produits financiers, c’est ce que vient d’annoncer la Comisión Nacional de Valores, le gendarme du monde financier argentin.

Heureusement, il ne s’agira que de produits réglementés (il en reste donc encore) et encadrés, donc censés être moins risqués que d’autres.

Les autorités expliquent qu’ainsi les enfants apprendront à gérer un portefeuille de valeurs. Comme s’ils n’avaient pas autre chose à découvrir à cet âge ! Pourquoi faudrait-il que gérer des sous, virtuels qui plus est, soit un apprentissage utile avant 16 ou 17 ans ? D’autant que rien n’empêche les parents fortunés d’initier leur progéniture à leurs activités lucratives...

Ils sont nombreux, ceux qui s’inquiètent des effets pervers inverses que pourra entraîner cette nouveauté imbécile. A savoir faire croire aux gamins que tout n’est qu’un jeu en ligne, créer une dépendance précoce aux jeux d’argent, les asservir encore un peu plus aux écrans et brouiller la frontière, déjà fragile pour de nombreux adultes, entre le virtuel et la réalité.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mercredi 19 novembre 2025

Affaires de gros sous : mis en cause, le président s’en sort encore [Actu]

Les deux scandales en Une
Jeux de dame, dit le gros titre
En haut : "un modus operandi délictueux"
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Le président Javier Mileí est publiquement impliqué dans deux scandales de corruption : le premier le concerne personnellement et concerne aussi sa sœur, Karina Mileí, dont il a fait la Première dame d’Argentine, la secrétaire-générale de la présidence ainsi que la dirigeante de fait de son parti, LLA (La Libertad Avanza). Le second concerne d’abord Karina et ensuite lui puisque leur proximité laisse peu de doute sur le fait qu’il était largement au courant des manœuvres de sa sœur.

La première affaire correspond à la promotion faite par le président sur ses comptes de réseaux sociaux d’une crypto-monnaie qui dans les quelques heures qui ont suivi le message présidentiel s’est révélée une formidable escroquerie. Ce scandale a fait l’objet d’une enquête parlementaire dont la commission vient de rendre son rapport qui met fortement en cause le comportement du chef de l’État et de la justice, qui a tardé à s’impliquer. Toutefois, l’opposition n’a pas obtenu les votes nécessaires au niveau de la commission pour que ce rapport soit transmis à la Chambre afin que celle-ci entame le cas échéant les procédures qui s’imposeraient contre les personnes impliquées. Mileí est donc procéduralement tranquille puisque la Chambre qui va prendre ses fonctions le 10 décembre et qui sort du scrutin du 26 octobre lui sera acquise ou presque.

La seconde affaire vient de conduire à la démission d’une sous-ministre de l’Économie. La jeune femme est la fille d’un riche homme d’affaires impliqué dans le scandale de l’achat en gros des médicaments pour l’agence nationale du handicap, opérations sur lesquelles Karina Mileí est soupçonnée d’avoir prélevé sa part à hauteur de 3 % des montants concernés. La sous-ministre a en effet trafiqué avec son papa des avantages qui étaient autant de signes extérieurs de richesse. Une perquisition à son domicile a permis de mettre la main sur la somme de 700 000 dollars US. La provenance de la fortune paternelle étant désormais suspecte, la jeune femme a dû renoncer à ses fonctions ministérielle. Plus l’enquête progresse, plus le scandale s’étend à de nouvelles personnalités mais il n’a pas encore vraiment atteint l'étrange couple-fratrie présidentiel autrement qu’en réputation.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

sur le rapport de la Commission parlementaire
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
lire l’article disponible sur le site de la Chambre des députés
sur l’affaire des médicaments et la démission de la ministre

Révoquée de la magistrature, la juge Makintach interjette appel [Actu]


La juge Julieta Makintach (ci-dessus) qui avait fait dérailler le procès contre les personnes suspectées d’avoir provoqué la mort de Diego Maradona vient d’être renvoyée de la magistrature par un conseil de discipline au sein du pouvoir judiciaire.

Julieta Makintach avait en effet permis à une équipe de télévision de filmer le procès ainsi que des interviews d’elle-même qui commentait ce qu’il se passait dans le prétoire pour en tirer un documentaire qui était déjà scénarisé jusqu’au verdict et qui, en plein procès, a fait l’objet d’une bande-annonce sur les réseaux sociaux, ce qui a révélé le pot aux roses.

Aujourd’hui, l’ex-juge se dit « déçue » de la décision des onze de ses pairs qui viennent de l’exclure de leur corps. Elle prétend avoir espérer « être blanchie », ce qui montre qu’elle n’a toujours aucune conscience de la gravité des faits. Elle est révoquée pour manquement aux devoirs de sa charge. Elle perd donc son poste, son traitement, son poste d’enseignante du droit dans une université et sa future retraite (à l'âge de 46 ans), dans un métier qui est, avec la diplomatie, l’un des deux les mieux payés de la fonction publique argentine.

La juge a décidé de faire appel devant la Cour suprême. Il serait étonnant que celle-ci lui donne raison, eu égard à l’ampleur du scandale provoqué par la préparation de ce documentaire et la faiblesse des arguments que l’ex-magistrate a développés devant le conseil de discipline.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Carrefour reste en rade en Argentine [Actu]

Un récent bandeau de Carrefour Argentina sur son compte Facebook


Carrefour est en train de se retirer du marché argentin où il est présent depuis plus de 40 ans.

Il y a quelques mois, la filiale argentine du groupe français a annoncé chercher un partenaire argentin. Cette annonce semble en fait recouvrir un projet de retrait pur et simple et la vente de fait du réseau argentin à un autre acteur du marché.

Trois candidats se sont présentés et tous les trois, au terme du délai, demandent encore un peu de temps pour analyser la situation. Ces trois candidats sont le groupe argentin de la grande distribution Coto, un homme d’affaires qui a été le partenaire politique de Mauricio Macri et un fonds d’investissement. A première vue, rien de tout cela n’évoque une économie argentine flamboyante, comme la décrit Javier Mileí qui, dans son dernier livre, ose parler de « miracle argentin ».

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mardi 18 novembre 2025

Samedi, c’est la Noche de las Librerías dans Buenos Aires [à l’affiche]


Le samedi 22 novembre 2025, à partir de 18h et jusqu’à 1h du matin, Buenos Aires vivra une nouvelle nuit des librairies avec la piétonisation de Avenida Corrientes, l’artère des théâtres, des cinémas et des librairies (en tout cas, les survivantes car beaucoup ont disparu à cause du confinement puis de la très difficile reprise qui s’est étirée sur un temps beaucoup plus long qu’en France et en Europe).

Au programme : des conférences, des rencontres avec les auteurs, des librairies ouvertes toute la nuit et certaines disposant leurs étals sur le trottoir, la participation de plusieurs Bares Notables et autres cafés, pizzerias, confiterías et restaurants.

La Ville propose des parcours composés dans différents quartiers de l’est de la ville, son centre historique. Et comme c’est le printemps, on attend des températures douces même après le coucher du soleil.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire laprésentation sur le site officiel des Festivals de Buenos Aires (mais le programme à télécharger est celui de la Noche de los Museos… Une grossière erreur sans doute due à des réductions de personnel dans ce secteur du gouvernement municipal.

Un Plenario extraordinaire avec Gustavo Varela, penseur du tango [à l’affiche]


Jeudi 20 novembre 2025, à 18h, la Academia Nacional del Tango propose une soirée exceptionnelle, en plus des Plenarios ordinaires du 1er et 3e lundi de chaque mois, pour rendre hommage à un essai et à son auteur qui ont transformé la manière d’envisager le tango en Argentine il y a dix ans.

L’essai s’intitule Tango y Política, il traite des rapports du genre avec les évolutions politiques et sociales alors que l’Argentine était revenue à la démocratie depuis un quart de siècle. L’ouvrage a été édité par Planeta.

L’auteur est Gustavo Varela, philosophe, sociologue et historien, qui viendra parler de son travail et de son parcours de chercheur au Salón de los Angelitos Horacio Ferrer, au 1er étage, du 833 avenida de Mayo.

Les deux danseurs dansent par dessus
une urne électorale

Entrée libre et gratuite.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire la présentation du livre sur Planeta Argentina.

lundi 17 novembre 2025

Carlos Andreoli de passage à Buenos Aires [à l’affiche]


L’auteur-compositeur-interprète argentin Carlos Andreoli, installé à Grenade en Espagne, sera ce soir, lundi 17 novembre 2025, à 18h, à la Academia Nacional del Tango, avenida de Mayo 833, pour le second Plenario ordinaire de novembre.

L’artiste sera accompagné ce soir en autre par le poète Alejandro Szwarcman, dont j’ai traduit une dizaine de tangos iconoclastes dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l’Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, paru en décembre 2010 chez Tarabuste Éditions.

Entrée libre et gratuite comme d’habitude.

© Denise Anne Clavilier

vendredi 14 novembre 2025

Préparatifs de carnaval dans la province de Buenos Aires [à l’affiche]


Le ministère de la Culture de la province de Buenos Aires a lancé il y a quelques jours l’appel à candidatures pour les murgas et autres ensembles du carnaval qui défilent dans les rues au mois de février, qui correspond au second mois des grandes vacances d’été.

Les candidatures seront closes le 10 décembre prochain.

A La Plata, capitale de la province, le gouvernement reste aux mains des péronistes plus ou moins fidèles au courant kirchneriste, même si la montée dans le parti du jeune gouverneur, Alex Kiciloff, qui veut secouer le cocotier, comme il est normal pour la génération de la relève. La province dispose donc toujours d’un ministère local de la culture favorable aux expressions culturelles populaires alors que le gouvernement fédéral et le président Javier Mileí leur sont foncièrement opposés.

La province apparaît ainsi comme un sanctuaire pour le carnaval, une manifestation profondément populaire que la classe possédante a toujours combattu au nom de la décence et de la dignité.

Une murga (photo Archives de Página/12)

En Argentine, le carnaval est un grand moment de musique, de danse, d’humour et de critique politique.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur le sujet
lire l’article de présentation sur le site de l’Instituto Cultural du gouvernement de la Province de Buenos Aires, qui s’est vu supprimer sa chaîne You Tube qui n’aurait pas respecté les normes de la plateforme aux mains de la techno-oligarchie états-unienne aujourd’hui rangée sous le drapeau MAGA...

Accord conclu entre l’Argentine et les États-Unis et les droits de l’Homme au tapis ! [Actu]

Dans ce montage photo, Mileí salue comme
dans l'armée des Etats-Unis
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Javier Mileí et la Maison Blanche l’ont annoncé : les États-Unis et l’Argentine vont signer dans les jours qui viennent un traité de libre-échange. Eu égard à la seule différence de structure et de solidité des économies des deux pays, hors prise en compte de la dette politique de Mileí envers Trump qui l’a soutenu, au détriment de ses compatriotes, pendant le shut-down, juste avant l’élection de mi-mandat du 26 octobre, cet accord entraîne une mise en coupe réglée de l’Argentine au profit des États-Unis. La première va devoir ouvrir ses frontières à tous les produits des seconds, comme rarement elle a dû le faire dans son histoire, et les États-Unis vont pouvoir puiser dans ses ressources minières et les épuiser à leur profit tout en s’approvisionnant en viande bovine puisque leur marché subit actuellement le contre-coup d’une maladie qui dévaste les élevages et l’empêche d’être approvisionné à la hauteur de la demande des consommateurs. Il va sans dire que les éleveurs des États-Unis seront eux aussi les victimes collatérales de ce sinistre accord, des victimes dont Trump semble se moquer comme de son premier building.

"Le commerce, levier du développement national",
dit le gros titre sur cette photo des deux ministres
des Affaires étrangères
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Quant à l’économie argentine, le temps nous dira ce qu’il en adviendra mais il ne faut pas être grand clerc pour imaginer que tous les secteurs sont d’ores et déjà menacés : l’agriculture, l’industrie minière et pétrolière, l’industrie de capitaux locaux faite d’un tissu de PME déjà en grande difficulté depuis l’arrivée de Mileí au pouvoir, la culture et, même, sans doute, le secteur touristique qui ne va pas gagner en qualité… De son côté, Mileí triomphe : pour obtenir ce résultat, il a fait 14 voyages aux États-Unis, aux frais de l’État, depuis qu’il est en fonction. Beaucoup trop aux yeux de son opposition qui lui reproche ces dépenses souvent difficilement justifiables (il a beaucoup voyagé pour se faire remettre des prix reconnus par à peu près personne ou aller festoyer à Mar-a-Lago) au point que cela gêne jusqu’à certaines personnalités de droite et du centre.

"Le grand pari de l'augementation du commerce
grâce à l'accord avec les Etats-Unis", dit le gros titre
En-dessous, la photo d'un ancien ministre de Cristina Kirchner
multi-condamné pour corruption
(il s'est rendu à la police hier et a été une nouvelle fois incarcéré)
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Ce qui va souffrir aussi dans la foulée, ce sont les droits de l’Homme car Mileí les vomit, tout comme Trump. Désormais, plus aucun scrupule ne pourra dissuader l’Argentin de s’aligner complètement sur Trump, sans doute au détriment du Mexique, du Venezuela et de la Colombie, tous les trois gouvernés à gauche, à raison de deux démocraties et d’une dictature qui ont en commun une idéologie anti-yanquo-impérialiste (et tous les trois fort tolérants envers l’impérialisme russe). A l’ONU, hier, le sous-secrétaire d’État aux droits de l’Homme argentin a tenu un discours ouvertement négationniste à la Vance : il a en effet affirmé que le nombre officiel de disparus sous la dictature militaire, nombre reconnu par l’ONU depuis une quarantaine d’années, soit 30 000 personnes, était un chiffre fallacieux, inventé par une conspiration des associations de droits de l’Homme pour obtenir des réparations financières. C’est, pour ma part, la première fois que j’entends cet argument complotiste (qui n’a ni queue ni tête) alors que la contestation du nombre en soi est, quant à elle, très ancienne et très fréquente chez les responsables politiques de droite (on l’entendait déjà dans la bouche de certains ténors de la majorité et de quelques éditorialistes de Clarín ou de La Nación sous la présidence de Mauricio Macri). Il est à noter que des négationnistes de la destruction des juifs d’Europe ont recours au même argument : le chiffre de 6 millions de victimes aurait été inventé dans le but de réclamer des indemnités. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’un mensonge historique. Dans les deux cas, les preuves de diverses origines et de diverse natures abondent.

"Les Etats-Unis et l'Argentine ont scellé
un accord de commerce étendu", dit le gros titre
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Bien entendu, selon qu’ils sont de droite ou de gauche, les journaux ont des analyses différentes de l’accord avec les États-Unis et si, en outre, ils sont de droite, ils restent muets sur l’écœurante intervention du sous-ministre hier à Genève.

A vendre, dit le dessin. 60% de réduction
Dessin de Miguel Rep pour Página/12 ce matin

A noter que dimanche prochain, le Chili vote pour le premier tour de son élection présidentielle. Après un mandat à gauche, celui de Gabriel Boric (qui, lui, soutient l’Ukraine !), la droite a l’avantage dans les sondages (la gauche présentant une candidate issue du parti communiste, ce qui fait peur). Si c’est un des candidats de droite qui l’emporte, Mileí obtiendra un soutien international de poids à l’échelle du continent et cela profitera à l’Amérique de Trump.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Une de Página/12, qui reprend le stéréotype de la colonisation européenne en Afrique
lire l’article de Página/12 sur les propos tenus par le sous-secrétaire d’État à Genève
lire l’article de La Prensa, sur l’accord bilatéral
lire l’article de Clarín sur l’accord bilatéral
lire l’article de La Nación sur l’accord bilatéral.