lundi 22 octobre 2018

L'histoire de San Martín : un nouveau livre en souscription [Disques & Livres]

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L'historien Esteban Ocampo va publier en novembre un nouveau libre où il recense tous les événements intervenus dans la vie du général José de San Martín et l'existence du régiment des Grenadiers à cheval dans la phase de fondation (1812-1826) (1).

Esteban Ocampo, mes lecteurs assidus le connaissent déjà : j'ai partagé avec lui une émission de télévision l'année dernière à Buenos Aires, Por el Tango, du producteur et animateur Nolo Correa (2).

C'est un des rares historiens argentins (3) qui travaille à partir des sources. En général, les historiens sud-américains travaillent à partir de ce qu'ils appellent les sources secondaires, c'est-à-dire les ouvrages des historiens du dix-neuvième siècle et de leurs successeurs. C'est-à-dire que Esteban se donne la peine de faire de la recherche au sens plein du terme.

Esteban Ocampo pendant une reconstitution de la Traversée des Andes,
dans la province de San  Juan, l'année dernière
Le vent souffle ! Cela se voit : il est tout décoiffé !
Photo Escuadrón de Caballería Histórica

En février prochain, Esteban se lancera dans une nouvelle reconstitution de la Traversée des Andes dans des conditions aussi semblables aux conditions historiques qu'il est possible de le faire aujourd'hui. Ce sera sa cinquième traversée !

Son prochain ouvrage est d'ores et déjà en souscription en Argentine auprès de l'éditeur, El Húsar. Si vous vous trouvez en Argentine ou si vous y vivez, profitez-en. Les références mail sont inscrites sur le dépliant de promotion ci-dessus.

Esteban Ocampo est un authentique sanmartinien : il continue ses projets en dépit de la pénurie et de la crise qui semble être un obstacle à entreprendre. Il imite San Martín !
Seamos libres y lo demás no importa nada, José de San Martín, Mendoza, en 1819
(Soyons libre et le reste n'importe vraiment pas).

Pour aller plus loin :
retrouvez Esteban Ocampo sur son profil Facebook, Caballería Histórica.



(1) Le régiment a été dissous en 1826 par Bernardino Rivadavia, le premier président de la République Argentine, qui haïssait San Martín (pour des raisons qui restent assez obscures et vraisemblablement irrationnelles). Il a été reformé en 1903, lorsque le pays s'apprêtait à fêter le centenaire de la Révolution de mai, comme symbole d'unité nationale. Esteban Ocampo a servi sous cet uniforme pendant quatre ans, comme simple grenadier, au moment de la grande crise économique de Noël 2001, donc sous le régime de la démocratie constitutionnelle revenue en 1983.
(2) L'émission est disponible en vidéo sur ma page Facebook et sur mon site Internet.
(3) spécialisés en histoire événementielle.

Les mauvaises affaires de la Fête des Mères [Actu]


La chambre des entreprises moyennes argentines a fait paraître ses statistiques sur la consommation en ce lendemain de fête des Mères argentine : le chiffre d'affaires des magasins a baissé en moyenne sur l'ensemble du pays de 13,3% par rapport à la même date l'année dernière.

Une baisse considérable due à la dégringolade du peso argentin qui pèse très fort sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Une baisse qui fait suite à d'autres baisses successives depuis l'arrivée au pouvoir de Mauricio Macri, qui a rompu brutalement avec les politiques de soutien de la demande qui caractérisaient les gouvernements Néstor puis Cristina Kichner au profit d'une politique de l'offre.

Les moyennes secteur par secteur selon la CAME
de haut en bas :
Informatique-portables et électronique / articles de sport et de loisir
Articles pour la maison / Gadgets / Electroménager et arts de la table
Bijouterie fantaisie / Chaussures et maroquinerie / Fleurs et plantes
Gastronomie et restauration / Accessoires et lingerie / Bijouterie et horlogerie
Librairie / Parfumerie et cosmétique / Salons de beauté et de coiffure
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Pourtant, comme tous les ans, les commerçants n'ont pas été avares en promotions et en rabais. Parmi les mesures commerciales adoptées cette année : -40% pour un payement en liquide (les commerçants argentins adorent être payés en liquide, cela leur permet de faire toute sorte de cachotteries aux services fiscaux et d'éviter les coûts de traitement monétique), des offres 2 pour le prix d'1 et des tickets-cadeaux pour des achats ultérieurs (qui auraient dû être d'autant plus appréciés que viennent bientôt les cadeaux non pas de Noël mais de l'Epiphanie. En Argentine, ce sont les rois mages qui garnissent le bas du sapin – car sapin il y a, même si Noël se fête au début de l'été).

Le montant d'achat moyen a été de 800 pesos, soit seulement 19,4% de plus que l'année dernière alors que l'inflation sera sans doute de 40% en 2018 (elle était de 7% rien que pour le mois de septembre). Les montants d'achat ont donc fortement baissé de date à date.

Pour aller plus loin :

dimanche 21 octobre 2018

Une lettre de San Martín rejoint les Archives nationales de la République Argentine [Actu]

La lettre objet de la donation apparaît sur la une de La Nación
(titre secondaire en bas au centre)
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Un descendant d'un cabildante de San Juan fait donation aux Archives nationales argentines d'une lettre manuscrite du général José de San Martín que sa famille conservait depuis près de deux cents ans. Il s'agit d'une missive que San Martín a adressée au Cabildo (hôtel de ville d'Ancien Régime) depuis Valparaíso, au Chili, à la veille du départ de son expédition libératrice du Pérou, qui prit la mer le 20 août 1820.

A cette époque, la ville de San Juan, sous-capitale provinciale de Cuyo alors, avait déjà versé dans la guerre civile qui ravageait l'Argentine depuis une bonne année. San Martín y avertit ses compatriotes des dangers auxquels ils s'exposent avec ce conflit fratricide, comme il le faisait dans tous les documents qu'il a écrits à ces dates-là. Il n'y a donc aucune révélation dans cette lettre même si La Nación en fait tout un fromage, tentant comme d'habitude de coller la leçon de morale politique de San Martín à la réalité contemporaine, avec les interprétations partisanes distordues qui caractérisent la lecture des documents historiques en Amérique du Sud.

Il s'agit d'un temps où les possédants (et un membre du Cabildo en était un) confondaient encore allègrement leurs archives privées et les archives publiques.

Il est donc dommage que ce propriétaire ait choisi de remettre ce document aux archives nationales et non pas aux archives de l'actuelle province de San Juan auxquels il n'aurait jamais dû échapper. Je profite donc de cet article pour saluer les archivistes et les agents publics qui m'y ont accueillies en août 2016 et qui y font un excellent travail de conservation et d'exploitation historique. Dans les règles de l'art.

Pour en savoir plus :
lire l'article de La Nación

Ajout du 23 octobre 2018 :
lire cet éditorial de La Nación où le journaliste en rajoute sur la sur-interprétation anachronique et moralisatrice de cette lettre vraiment très courte, alors qu'à la même époque San Martín a lancé un appel à l'unité des Argentins bien plus argumenté et développé qu'en général, les intellectuels argentins ne prennent pas la peine de découvrir.

Ajout du 24 octobre 2018 :
lire ce nouvel article de La Nación qui semble exploiter le filon pour des raisons commerciales (la brièveté du texte n'autorise pas de tels développements et les autres quotidiens nationaux continuent à ne rien dire sur cette donation).

Ajout du 8 novembre 2018 :
lire cet article de La Nación qui porte sur la donation effective et les conditions posées : que la lettre soit authentique, ce qui va donner lui à une expertise qui prendra, ce qui est normal, deux à trois mois. Il est très étonnant de constater à quel point cette question de l'authentification est rarement posée dans ces affaires-là et dès qu'il s'agit de San Martín ou de Belgrano. Enfin une démarche sérieuse, compatible avec le niveau d'exigence scientifique internationale.

mercredi 17 octobre 2018

Ma prochaine conférence tango : le 27 octobre à Albi [ici]

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Mon deuil récent m'a fait retarder au-delà de mes habitudes l'annonce de ma prochaine conférence que je donnerai le samedi 27 octobre à 18h15, à Albi, dans le cadre du festival annuel Arte Tango.

Ce sera à la MJC, 13 rue de la République.
Entrée libre et gratuite.

La conférence, intitulée Gardel y su después, le répertoire du tango chanté de 1917 jusqu'à nos jours, portera sur les textes et les poètes et insistera sur ce qui s'est développé après Carlos Gardel (1890-1935), puisque le répertoire du chanteur est quelque peu connu en France mais ce qu'il s'est passé ensuite l'est beaucoup moins.

En fait, la disparition de Gardel n'est pas un repère pertinent dans l'histoire du tango stricto sensu. S'il l'est pour nous, c'est parce que, n'étant pas argentins, nous ne sommes pas plongés dans cette réalité que le tango exprime, reflète et participe à construire. Pour les Argentins contemporains de Gardel et ceux d'aujourd'hui, le tango a tout simplement continué sa course grâce aux auteurs que le grand artiste avait découverts et suscités, comme Homero Manzi, Enrique Santos Discépolo ou Enrique Cadícamo. Puis d'autres sont venus comme José María Contursi et Homero Expósito et enfin Horacio Ferrer, qui a révolutionné le genre en 1967 avec María de Buenos Aires, le premier opéra-tango, une idée géniale et mégalomane de Piazzolla. De là surgit une nouvelle génération de poètes avec des gens comme Raimundo Rosales, Alejandro Swarczmann et le regretté Alorsa.

La conférence sera suivie d'une vente de mes ouvrages (voir la Colonne de Droite de ce blog) et d'une dédicace puis d'une dégustation d'empanadas argentines, ces chaussons fourrés à la viande [de bœuf] ou à d'autres délices (poisson, œufs, légumes ou purée de maïs).

Pour en savoir plus sur le programme du festival, ses concerts, ses milongas, ses cours et ses pratiques, consulter son site Internet et sa page Facebook.

Página/12 dénonce l'entrisme du privé dans l'école publique [Actu]

C'est le dessinateur Daniel Paz qui a fait la une
Dans la barque, le lobbyiste à l'Education publique :
"Tu sais quoi ? Eh bien, si je t'aide, tu n'apprendras jamais à nager"
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Hier, le journal de gauche Página/12 dénonçait l'introduction des enjeux du privé dans l'école publique, l'un des totems de la nation argentine depuis qu'elle a été rendue publique par la loi de 1883, promue par Domingo Sarmiento (1811-1888), l'un des intellectuels les plus brillants entre les hommes d'Etat que l'histoire du pays a suscités.

Ces intérêts privés sont portés par des fédérations-lobbies qui rassemblent de grandes entreprises qui tâchent de contrôler l'école pour faire de l'éducation une marchandise comme les autres ou mettre l'institution au service de l'économie plutôt que du savoir émancipateur qui construit des citoyens libres et responsables.

La rédaction a donc mis en vedette dans son édition d'hier une interview avec Adriana Puiggrós, une universitaire qui a étudié ce phénomène apparu après l'élection de Mauricio Macri à la présidence et qui vient de publier un livre sur le sujet.

Pour en savoir plus :
Sur un sujet connexe, le manque de ressources budgétaires de l'école publique :
lire cet article de Página/12 sur la solution trouvée par la province de Tierra del Fuego pour doter ses établissements scolaires de mobiliers dans un schéma de développement durable qui donne du travail aux locaux tout en respectant le milieu naturel (ce sont des artisans fueginos qui travaillent le bois produit sur place). Or cette province de l'extrême sud est particulièrement frappée par la crise économique nationale.

Les artistes bientôt interdits dans la rue ? [Actu]

Depuis plusieurs mois, un projet de loi du gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires suscite l'inquiétude des milieux artistiques, notamment des musiciens, dans la capitale argentine. Il s'agirait de pénaliser les musiciens de rue.

Le groupe de tango-rock dans la rue Defensa un dimanche d'août 2018

Pourtant, cette pratique de la musique est une invariante de la culture populaire de la ville depuis plusieurs siècles. Aujourd'hui, elle est usuelle tous les jours dans la rue Florida, une grande rue piétonne du centre-ville, sur les places du quartier de Palermo (Italia, Francia) et le dimanche, dans la rue Defensa et à la Feria de Mataderos Il est vrai aussi que la pratique a toujours paru détestable aux possédants et suscite parfois des plaintes de riverains mal embouchés.

A l'époque coloniale, c'était les esclaves noirs qui dansaient, jouaient et chantaient sur les parvis des églises le dimanche, avant et après la messe, qui gênaient les oreilles des commerçants bon teint qui habitaient le centre-ville. Lorsque le tango est apparu, dans les années 1880, ce sont ses petites formations de violons, de flûtes et de bandonéons qui déplaisaient au patronat local, d'autant plus que nombre de ces musiciens étaient des immigrés de fraîche date, des étrangers venus d'Italie, d'Espagne, de Grèce, de Syrie ou d'ailleurs, le contraire des immigrants que l'oligarchie aurait souhaité voir arriver dans le pays : des capitaines d'industrie allemands ou britanniques, des médecins, des architectes et des ingénieurs, qui n'ont jamais fait le voyage puisqu'ils ne manquaient ni de travail ni d'honneurs dans leur pays d'origine.

Le gouvernement actuel de Buenos Aires est de droite. Idéologiquement, il descend en droite ligne de cette élite économique qui, depuis l'époque coloniale, pense en fonction de son tiroir-caisse et de son compte en banque. Les révolutionnaires de 1810 eux-mêmes se fâchaient tout rouges devant les conceptions entièrement mercantiles de la culture, de la vie sociale et de l'éducation que formulait cette élite marchande qui avait pris la place conquise trois cents ans plus tôt par des conquistadors venus là uniquement dans le but de s'enrichir.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 dans son édition d'hier.

vendredi 5 octobre 2018

Pas d'articles pendant quelques jours [ici]

Pour des raisons familiales très graves, je suspends pour quelques jours l'actualisation de ce blog.

Que mes fidèles lecteurs ne m'en tiennent pas rigueur.

jeudi 4 octobre 2018

María José Mentana à la Academia Nacional del Tango demain soir [à l'affiche]


La chanteuse María José Mentana se produira demain soir, vendredi 5 octobre 2018, à 19h30, dans le cycle de concerts du vendredi intitulé Maestros en Concierto, avenida de Mayo 833.

Participation aux frais : 250 $ ARG.

María José Mentana fait partie du corps des enseignants de l'académie : elle enseigne le chant et l'interprétation vocale.

Nolo Correa et Oscar De Elía demain soir au Celta Bar [à l'affiche]


Le chanteur Nolo Correa, qui est aussi producteur et animateur de radio et de télévision, partagera demain soir, vendredi 5 octobre 2018, à 21h, la scène du Celta Bar, Sarmiento 1702, avec le pianiste, compositeur et chef d'orchestre Oscar De Elía.

Ils ont choisi pour fil rouge de leur récital commun le thème de l'amour. Il y a de quoi faire dans le répertoire du tango !

Le spectacle se tiendra au sous-sol dans la salle Facundo Cabral, du nom d'un grand auteur-compositeur-interprète de folklore argentin récemment décédé de manière tragique.

L'établissement a rejoint il y a cinq ans la famille des Bares notables de la Ville de Buenos Aires.

Jacqueline Sigaut demain à Circe [à l'affiche]


La chanteuse Jacqueline Sigaut continue les récitals de présentation de son nouveau disque. Elle se produira demain, vendredi 5 octobre 2018, à 21h à Circe, avenida Córdoba 4335.

Droit au spectacle : 200 $ ARG

La chanteuse sera accompagnée par Juan Martínez à la guitare et Chino Molina au bandonéon.

Par ailleurs, Jacqueline a invité Noelia Moncada, une autre chanteuse, et le poète Raimundo Rosales (1).



(1) Raimundo Rosales est présent parmi les dix poètes et paroliers que j'ai réunis et traduits dans Deux cents ans après, le bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, que j'ai publié en 2010 comme numéro spécial thématique de la revue Triages chez Tarabuste Editions.

mercredi 3 octobre 2018

Miguel Rep, Max Aguirre et Liniers, entre autres, rendent hommage à Sábat -Article n° 5700 [Actu]

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Menchi
Avec la disparition de Menchi, c'est un vieil humanisme qui quitte le dessin et les arts graphiques.
Hermenegildo est arrivé d'Uruguay avec sa famille pour rester ici et il a apporte son incroyable talent à La Opinión et Clarín (1)
Avec son beau trait, ses tons nuancés, son sens de l'observation et de la synthèse, il a traversé toutes les années 70, 80, 90, 2000 et presque, presque toutes les années 2010.
Il a peint, joué du jazz, gagné des prix, parlé (peu), photographié, révéré, cultivé des amitiés, relevé de son prestige toutes les pages où il a publié.
Et en ce qui me concerne, je ne verrais ni ne dessinerais les visages comme je les dessine quand j'en ai besoin si je n'avais pas observé Menchi, ni étudié ses merveilles.
Tous nos journaux du Río de la Plata sont en deuil.
Rep dans Página/12
Traduction © Denise Anne Clavilier

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Il était, il est et il restera si grand que c'était la seule façon de lui rendre un hommage à sa juste mesure.
Max Aguirre dans La Nación
Traduction © Denise Anne Clavilier

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Aujourd'hui, c'est dur de dessiner
parce que ma plume n'arrête pas de pleurer.
A Sábat. Merci, Maestro.
Liniers dans La Nación
Traduction © Denise Anne Clavilier



(1) Derrière, on voit la marque Buquebus, l'enseigne d'une compagnie de ferries qui fait la liaison entre Buenos Aires et Montevideo.

Même les diplomates perdent leur sang-froid [Actu]

Le syndicat des salariés des Affaires Etrangères a saisi l'occasion de la fête des diplomates, le 29 septembre, pour exprimer ses revendications devant la politique de rigueur mise en place par le gouvernement et qui, d'après le président de l'organisme, mettrait en danger la représentation extérieure de l'Argentine.

Photo du ministère des Affaires étrangères de la République argentine

Dans son discours, il a été question de fermeture d'ambassades et de mesures d'efficacité établies sur le seul chiffre des exportations argentines, auquel cas des ambassades auprès du Saint-Siège et de l'ONU seraient inutiles. L'homme a dénoncé une vue à court-terme qui fait courir au pays le risque qu'il a déjà expérimenté : la réouverture d'ambassades après la crise de 2001 a coûté davantage que ce que leur fermeture avait permis d'économiser.

Il s'est fait vivement chapitré par le ministre, lui-même ancien ambassadeur reconnu comme un grand professionnel, qui a rappelé que le personnel diplomatique était très gâté pour ce qui est du niveau de salaire et des conditions de travail. Il y a, d'après le ministre, quelque impudeur à se plaindre quand 27% de la population nationale vit sous le seuil de pauvreté. Il n'en reste pas moins que les salaires n'ayant pas évolué, les diplomates argentins en poste à l'extérieur ont dû ressentir fortement la dévaluation du peso. Et puis, il reste le problème de la diminution des budgets de fonctionnement, ce qui est préoccupant dans un monde où il faut pouvoir tenir son rang.

La prise de bec entre les deux hommes a été reprise dans la plupart des journaux. C'est dire si la situation tourne au cauchemar en Argentine où les chiffres officiels annoncent que l'inflation pour le mois de septembre a été de 7%.

Pour aller plus loin :
lire le communiqué, très factuel et discret, du ministère (qui a accompagné son bref texte de quatre photos montrant toute le ministre et très peu le personnel du ministère).

Hommages à Menchi Sábat le lendemain [Actu]

"Uruguayen des deux rives",
dit le gros titre sur la photo en noir et blanc
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Comme on pouvait s'y attendre, la mort hier du dessinateur de presse Hermenegildo Menchi Sábat inspire de nombreux articles élogieux dans la presse, y compris dans Página/12 dont les deux dessinateurs de la rédaction, Miguel Rep et Daniel Paz, se sont joints au reste de leurs confrères, passant outre les désaccords politiques, partisans et idéologiques, qui existaient entre eux et Sábat, qui n'avait pas ménagé Néstor et Cristina Kirchner.

L'information est traitée en manchette
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Clarín est naturellement le quotidien qui publie le plus d'articles, dont plusieurs textes amicaux et fraternels et une ample galerie des meilleurs dessins publiés dans ses colonnes.

La Nación a fait les mêmes choix :
manchette pour Sábat et photo centrale pour le football
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La Nación a publié les témoignages d'un grand nombre d'autres dessinateurs, que chacun ou presque a illustré de son portrait du disparu, sauf Rep qui a préféré montrer une photo de lui aux côtés de Sábat. Une photo qui témoigne d'une relation des plus cordiale, ce dont un lecteur de La Nación aurait pu douter.

Hommage annoncé en colonne de gauche
tandis que les photos parlent de foot (en bas), de corruption (en haut) et de dollar (à droite)
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A Montevideo, la presse est moins disserte et pourtant, Sábat était originaire d'Uruguay.

Une manchette en couleur pour Sábat (en haut à droite),
avec un dessin de Daniel Paz
Le football à côté, en tout petit
et en gros titre, l'analyse de la baisse du pouvoir d'achat des salariés

Pour en savoir plus :

mardi 2 octobre 2018

Adieu à Hermenegildo Sábat [Actu]

L'artiste dans son bureau de Clarín
C'est la photo d'Ariel Grinberg que le journal a choisie pour rendre hommage en ligne à son dessinateur

Le peintre et caricaturiste Hermenegildo Sábat, qui dessinait dans les colonnes de Clarín depuis 1973 (début de la dictature en Uruguay, son pays natal), avait 85 ans. Comme Charles Aznavour, il est mort dans son sommeil.

La Esquina Homero Manzi, côte avenida Boedo, telle que je l'ai vue, en août 2007

On doit à son talent exceptionnel un certain nombre d'œuvres exposées dans l'espace public, notamment à Buenos Aires, dans les couloirs d'une station de métro et sur la façade de la Esquina Homero Manzi, l'un des bares notables du quartier de Boedo. Il existe en particulier un très célèbre portrait de Aníbal Troilo que l'on retrouve sur de nombreuses cartes postales dans les kiosques de la rue Florida et dans toute la rue Defensa !

Une caricature du président Carlos Menem
tirée de ses archives par la rédaction de Clarín aujourd'hui

Dans les colonnes de Clarín à Buenos Aires et de El País, à Montevideo, il croquait l'actualité avec ce trait caractéristique qui n'appartenait qu'à lui. L'une de ces caricatures avait mis très en colère Cristina Kirchner alors au début de son mandat présidentiel. Elle s'était dite blessée par le traitement graphique reçu et il faut dire que le crayon de Sábat pouvait être très cruel !

C'est un grand artiste qui disparaît. Demain, il est probable que l'hommage sera dans tous les journaux des deux côtés du Río de la Plata.

Pour en savoir plus :

Hommage rioplatense à Charles Aznavour [ici]

Página/12 a consacré la une de ses pages culturelles à Aznavour, avec cette belle photo
Le gros titre, He (lui en anglais), fait référence à un immense succès du chanteur en anglais
She (elle), une version connue en Argentine de Tous les visages de l'amour(qui n'est pas l'un de ses tubes en France)

Charles Aznavour était immensément populaire en Argentine. Il s'était plusieurs fois produit à Buenos Aires et ses disques sont bien représentés dans les bacs, chez les disquaires.

Página/12 a mis Charles Aznavour en manchette de sa une
Le reste de la page est consacrée à l'école
en manchette (l'éducation à la dérive) et en gros titre principal
consacré au scandale du harcèlement sexuel au Colegio Nacional de Buenos Aires
un lycée d'élite, public et historique
où les élèves féminines ont dénoncé les agissements de quelques professeurs
lors de la remise du diplôme de fin d'études

La réaction de la presse argentine est à la mesure de cette admiration et de cet attachement à notre grand chanteur, surtout si l'on considère l'actualité (nouvelle règle des changes monétaires entre dollar et peso en Argentine et verdict de La Haye sur la frontière entre le Chili et la Bolivie et cet accès à la mer perdu par celle-ci à la fin du dix-neuvième siècle, pour ne rien dire du scandale qui secoue depuis quelques jours le plus prestigieux lycée portègne).

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A Montevideo, l'émotion semble moindre. Aznavour est absent de la une de plusieurs quotidiens tout autant que de leur site Internet. Seul El País lui rend hommage avec ce titre en manchette : "A 94 ans, Charles Aznavour, la voix de la France, est mort".

La disparition d'Aznavour est traitée dans la colonne de droite
Le reste de la une est pour la joie des Chiliens dans leur démêlés avec la Bolivie
et pour la mise en place des nouvelles règles de change
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Página/12 est le plus prolixe de tous les journaux sur le sujet : il consacre à Charles Aznavour trois articles, une nécrologie classique et deux billets, intitulés Nous avons appris le français avec lui et Référent culturel (un court témoignage de la chanteuse Rita Cortese, qui chante elle-même en français).

Curieusement, l'article de La Nación n'analyse que la carrière cinématographique de l'artiste. Etrange impression pour le lecteur francophone d'Europe !

La mort de Charles Aznavour est traitée en haut à gauche
Le gros titre est pour le nouveau régime de change
et la photo relance le scandale d'une évasion de la prison d'Ezeiza il y a trois ans
pour laquelle deux personnalités de l'ancienne majorité
sont dans le collimateur de la justice
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Quant à La Prensa, sur son site Internet comme sur sa une, elle est muette sur le sujet.

Pour aller plus loin :
lire le billet de Cecilia Rosetto sur l'apprentissage du français grâce aux chansons d'Aznavour dans Página/12
lire le billet de Rita Cortese dans Página/12