L'année 2011 sera une année de procès contre les bourreaux de la Dictature, à Tucumán, à Salta, à Rosario, à Mendoza et à Buenos Aires.
Jorge Videla, qui vient d'être condamné à perpétuité le 22 décembre dernier pour 33 exécutions sommaires à Córdoba (voir mon article du 23 décembre 2010 à ce sujet), passera à nouveau en jugement pour 33 affaires d'enfants enlevés à leur famille et confiés en adoption plénière à des sbires du régime sous une identité falsifiée (sur ces questions relatives aux enfants disparus, voir mes articles sur l'association Abuelas de Plaza de Mayo). Le dernier dictateur de ces sinistres 8 années, Reynaldo Bignone, lui aussi récemment condamné à perpétuité, sera assis avec Videla dans le box des accusés. Ce procès doit s'ouvrir à la mi-mars à Tucumán.
A Buenos Aires, c'est Acosta et Astiz, deux célèbres officiers qui ont torturé et tué par centainres à l'ESMA, qui passeront enfin en jugement pour l'assassinat de deux religieuses françaises, Leónie Duquet et Alice Domon, pour lequel ils ont été condamnés par contumace par la justice française (devant le refus à l'époque de la justice argentine de les poursuivre) et du journaliste Rodolfo Walsh.
Dans l'ensemble de tous ces procès, les listes de accusés répètent les mêmes noms de ville en ville, ceux des plus hauts responsables politiques des années 1976 à 1983, comme dans une inextricable pelote de laine.
En effet, les premiers procès qui ont suivi immédiatement la dictature ont été suivis, dès le début des années 1990, par une amnistie générale décrétée par Carlos Menem. Ce sont donc à présent quelques faits précis par rapport aux 30 000 disparus et 300 à 500 enfants volés, une poignée d'assassinats dont les victimes ont été clairement identifiées et les circonstances de la mort dûment reconstituées, qui permettent de poursuivre à nouveau des criminels qui ont pu bénéficier de cette amnistie mal venue et décidée au début de son mandat par un ancien président aujourd'hui lui-même poursuivi pour de graves faits de corruption et de concussion.
Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12, paru le lundi 3 janvier 2011.