Je vous l'annonçais hier (cliquez sur le lien pour lire cet article du 23 décembre 2010), c'est Luis Alposta qui m'a appris la triste mais discrète nouvelle de la mort du Maestro Emilio Balcarce, par un message d'hommage que je vous livre ci-dessous, en version bilingüe comme d'habitude et sans plus de commentaire. Les phrases de Luis (1) se suffisent à elles-mêmes...
¡Adiós al maestro!
El pasado miércoles 19 de enero falleció Emilio Balcarce. El maestro Emilio Balcarce. Alguien que, en vida, ha sido homenajeado en el Colón, a teatro lleno. Académico de Honor de la Academia Nacional del Tango, Ciudadano Ilustre de la Ciudad de Buenos Aires y Vecino Ilustre del barrio que lo ha visto nacer. Alguien a quien, con sólo nombrar dos de sus tangos, “La bordona” y “Si sos brujo”, ya lo estaríamos mostrando en todo el tiro de su talento.
Músico, violinista, bandoneonista, director, compositor, arreglador y vecino de Villa Urquiza desde siempre. Para más datos: nacido el 22 de febrero de 1918 en la esquina de Bebedero y Altolaguirre.
Como músico, son muestras bien representativas de sus trabajos de dirección y arreglos su paso por la orquesta de Osvaldo Pugliese, la creación del Sexteto Tango y de las orquestas con las que acompañó la labor de los cantores Alberto Castillo y Alberto Marino.
Emilio Balcarce ya desde sus comienzos le aportó al tango, consolidando una estética musical, todo su arte, su inspiración y su talento. Fundador y director de la Orquesta Escuela, creada en el año 2000, para formar a los jóvenes músicos en la práctica instrumental e iniciarlos en la experiencia orquestal; en síntesis y sin almidonar adjetivos, fue un inspirado compositor y, tal como lo dijéramos, un auténtico maestro.
Ha sido, sin duda, un artista íntegro y fundamental que, no conforme, sumó a sus méritos el ser un excepcional orquestador y fino ejecutante. .
A Emilio Balcarce le habría bastado con sólo crear “La Bordona” -uno de los tangos más bellos que se hayan escrito- para entrar definitivamente en la Historia del Tango.
¡Adiós, Emilio!
Adiós… que no habrá de significar olvido.
Luis Alposta, 22.01.2011
Adieu au Maestro !
Mercredi dernier, le 19 janvier, Emilio Balcarce est décédé. Le Maestro Emilio Balcarce. Quelqu'un qui, de son vivant, avait reçu un hommage au Teatro Colón (2), devant une salle pleine. Académicien honoris causa de la Academia Nacional del Tango, Citoyen d'honneur de la Ville de Buenos Aires (3) et habitant d'honneur du quartier qui l'avait vu naître. Quelqu'un dont il suffit de citer deux de ses tangos, La Bordona et Si sos brujo pour que nous le voyons dans toute la portée de son talent.
Musicien, violoniste, bandonéoniste,chef d'orchestre, compositeur, arrangeur et habitant de Villa Urquiza depuis toujours. Et plus précisément : né le 22 février 1918 (4), au carrefour entre les rues Bebedero et Altolaguirre (5).
Des preuves bien représentatives de son travail de musicien, on les trouve dans ce qu'il a fait en matière de direction d'orchestre et d'arrangement lorsqu'il était dans l'orchestre de Osvaldo Pugliese, dans la création du Sexteto Tango et des orchestres qui ont accompagné l'activité des chanteurs Alberto Castillo et Alberto Marino (6).
Emilio Balcarce dès ses débuts a apporté au tango, par la consolidation d'une esthétique musicale, la contribution de tout son art, son inspiration et son talent. Fondateur et chef de l'Orchestre Ecole, créée en 2000, pour former les jeunes musiciens à la pratique instrumentale et les initier à l'expérience orchestrale. En résumé et sans empeser les adjectifs,, il fut un compositeur inspiré et, comme nous l'avons déjà dit, un maître authentique.
Il a été, sans l'ombre d'un doute, un artiste complet et essentiel, qui, jamais satisfait, a ajouté à ses mérites celui d'être un orchestrateur exceptionnel et un exécutant d'une belle finesse.
Il aura suffi à Emilio Balcarce de composer (7) La Bordona -un des tangos les plus beaux qui aient été écrits- pour entrer définitivement dans l'Histoire du Tango.
Adieu, Emilio !
Adieu... ce qui ne pourra jamais vouloir dire oubli.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
L'Académicien correspondant à Madrid, Rodolfo Ghezzi, de la Academia Nacional del Tango, a lui aussi rendu hommage hier au Maître disparu, dans un article paru dans la chronique qu'il tient depuis quelques jours dans Argentina Tango Club (à lire en cliquant sur le lien).
Ajout du 25 janvier 2011 : L'hommage du blog de Tangocity (Gabriel Soria) à Emilio Balcarce
Ajout du 25 janvier 2011 : L'hommage du blog de Tangocity (Gabriel Soria) à Emilio Balcarce
(1) Pour en savoir plus sur ce poète remarquable du tango d'aujourd'hui, qui travaille entre autres avec Daniel Melingo, Tata Cedrón ou La Chicana, cliquez sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, pour faire remonter en page d'accueil les plus récents articles que je lui ai consacrés (cliquez en bas sur la mention Articles plus anciens, pour continuer à remonter le temps avec lui)
(2) Le Teatro Colón est l'opéra de Buenos Aires, le plus important et le plus grand théâtre lyrique du pays. Pouvoir s'y produire lorsqu'on est un artiste populaire est un honneur insigne en Argentine.
(3) Les titres honorifiques sont ici traduits approximativement car ils ne correspondent à rien qui existe en France, en Belgique ou en Suisse, où l'on est fait citoyen d'honneur d'une ville, d'une région ou d'un pays seulement si précisément on n'en est pas citoyen. Ici, c'est l'inverse : le Ciudadano Ilustre habite la ville ou la Province qui l'honore ainsi. De même le Vecino Ilustre, c'est l'habitant du quartier mis à l'honneur. Lorsque la personne décorée n'est pas de la ville, de la Province ou du pays qui lui attribue ces honneurs, elle est visitante ilustre, ce qui est mon cas par exemple pour le quartier portègne de Villa Urquiza, où je ne vis pas mais où j'ai plusieurs amis...
(4) Il était donc de la même année que le poète Homero Expósito (celui de Flor de Lino, Farol, Yuyo Verde ou Tristezas de la calle Corrientes) et de 4 ans le cadet de Aníbal Troilo (né le 11 juillet 1914).
(5) La esquina (carrefour, croisement) dans les villes argentines sert de repère géographique, comme les stations de métro à Paris, à Bruxelles ou à Lyon, les arrêts de bus dans d'autres villes sans transport public souterrain. Le subte de Buenos Aires (métro) n'est pas assez dévoloppé pour avoir suplanté les esquinas, surtout dans Villa Urquiza, encore très à l'écart de ce réseau.
(6) Alberto Castillo (1914-2002), Alberto Marino (1920-1989).
(7) De la subtilité de la traduction : crear en espagnol veut dire "créer" une oeuvre pour ce qui est de son auteur (ici un compositeur, ailleurs un peintre, un sculpteur ou un écrivain), or le verbe "créer" en français est ambigu lorsqu'il s'agit d'une pièce de musique ou de théâtre. L'interprète aussi la crée dès lors qu'il est le premier à l'interpréter en public. L'espagnol dispose de deux mots, crear qui concerne toujours l'action de l'artiste créateur, et estrenar, qui concerne celle de l'interprète (et on traduira donc en français estrenar par "créer").