Comme
vous le savez, le duo Daniel Paz et Rudy est l'auteur de la vignette
quotidienne de une de Página/12 et depuis quelques temps, ils
ont choisi d'utiliser quelques caricatures de pin-ups outrageusement
maquillées et cucul-la-praline, façon Marie-Chantal,
pour tourner en ridicule les arguments que l'opposition déverse
contre le gouvernement avec beaucoup de mauvaise foi (mais il y en a
aussi du côté de la majorité, de la mauvaise
foi...).
Comme
je vous le disais dans mon article d'hier, le bicentenaire de
l'Assemblée de l'An XIII se présente essentiellement
comme une fête de la gauche. D'ailleurs les quotidiens de
l'opposition, La Nación, Clarín, La Prensa, sont très
discrets sur le sujet, pour ne pas dire tout simplement muets. Il est
donc normal que les progressistes (progre, comme on dit en Argentine)
ne restent pas les bras croisés devant cette forme de boycott
d'un moment-clé de l'histoire nationale par une partie des
citoyens, car ce refus est fortement lié au comportement
politique de la droite jusqu'à il y a peu et pour certains de
ses membres (et non des moindres) jusqu'à aujourd'hui. En
effet, pour que la droite adopte l'Assemblée de l'An XIII
comme une étape positive de l'histoire du pays, il faudra
auparavant qu'elle ait renié la dictature et ses méthodes,
or un tel rejet de la dictature est loin de faire l'unanimité
dans ses rangs de nos jours. Aussi est-il politiquement difficile et
même électoralement dangereux pour un leader libéral
de défendre l'inviolabilité des droits de l'homme dont
cette Assemblée est devenue le symbole. Il pourrait y perdre
son mandat et son leadership car les intérêts
économiques et socio-stratégiques qui ont soutenu le
phénomène de la dictature n'ont pas disparu, loin de
là, et bon nombre des acteurs sont toujours vivants et
toujours productifs sur le plan idéologique. Une bonne partie
de la droite argentine parlementaire reste sur des positions
politiques clairement et délibérément
contre-révolutionnaires, à l'image de ce qu'ont été
en France les Camelots du Roi, la Cagoule, l'Action Française
et tous ces mouvements que nous rangeons pour notre part dans
l'extrême-droite.
Ainsi
donc Paz et Rudy se sont-ils armés ce matin de toute leur
passion politique et de toute leur force de conviction pour
stigmatiser ce quant-à-soi hautain et méprisant de la
droite devant la célébration de l'histoire collective.
Et cela donne ce dialogue très drôle, à la limite
de l'absurde, qui montre bien quelle est la décision de
l'Assemblée qui empêche encore la droite de digérer
et de s'approprier ce grand tournant de l'histoire sud-américaine...
Première
minette : Deux cents ans que l'Assemblée de l'An XIII a aboli
la torture.
Seconde
minette : C'est le début de l'insécurité (1)
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
(1)
Allusion à la polémique qui fait rage sur les solutions
à apporter pour enrayer les attaques contre les biens et les
personnes que la droite monte en mayonnaise dès qu'elle en a
l'occasion (comme toute opposition qui se respecte dans n'importe
quel pays où il y a des élections libres)La droite
milite pour la mise en place une politique de répression de
type sécuritaire, là où l'actuel gouvernement
préconise d'abord la formation et la lutte pour l'amélioration
des conditions de vie des classes défavorisées (sans
toujours l'appliquer autant qu'il serait souhaitable). La politique
de répression de la dictature militaire, la torture, les
disparitions forcées, continuent aujourd'hui, dans les box des
accusés, à être justifiés par les
ex-tortionnaires et leurs avocats, par une soi-disant lutte contre la
subversion.