vendredi 1 février 2013

Le point de vue oligarchique sur l'Assemblée de l'An XIII, d'après Daniel Paz et Rudy [Actu]


Comme vous le savez, le duo Daniel Paz et Rudy est l'auteur de la vignette quotidienne de une de Página/12 et depuis quelques temps, ils ont choisi d'utiliser quelques caricatures de pin-ups outrageusement maquillées et cucul-la-praline, façon Marie-Chantal, pour tourner en ridicule les arguments que l'opposition déverse contre le gouvernement avec beaucoup de mauvaise foi (mais il y en a aussi du côté de la majorité, de la mauvaise foi...).

Comme je vous le disais dans mon article d'hier, le bicentenaire de l'Assemblée de l'An XIII se présente essentiellement comme une fête de la gauche. D'ailleurs les quotidiens de l'opposition, La Nación, Clarín, La Prensa, sont très discrets sur le sujet, pour ne pas dire tout simplement muets. Il est donc normal que les progressistes (progre, comme on dit en Argentine) ne restent pas les bras croisés devant cette forme de boycott d'un moment-clé de l'histoire nationale par une partie des citoyens, car ce refus est fortement lié au comportement politique de la droite jusqu'à il y a peu et pour certains de ses membres (et non des moindres) jusqu'à aujourd'hui. En effet, pour que la droite adopte l'Assemblée de l'An XIII comme une étape positive de l'histoire du pays, il faudra auparavant qu'elle ait renié la dictature et ses méthodes, or un tel rejet de la dictature est loin de faire l'unanimité dans ses rangs de nos jours. Aussi est-il politiquement difficile et même électoralement dangereux pour un leader libéral de défendre l'inviolabilité des droits de l'homme dont cette Assemblée est devenue le symbole. Il pourrait y perdre son mandat et son leadership car les intérêts économiques et socio-stratégiques qui ont soutenu le phénomène de la dictature n'ont pas disparu, loin de là, et bon nombre des acteurs sont toujours vivants et toujours productifs sur le plan idéologique. Une bonne partie de la droite argentine parlementaire reste sur des positions politiques clairement et délibérément contre-révolutionnaires, à l'image de ce qu'ont été en France les Camelots du Roi, la Cagoule, l'Action Française et tous ces mouvements que nous rangeons pour notre part dans l'extrême-droite.


Ainsi donc Paz et Rudy se sont-ils armés ce matin de toute leur passion politique et de toute leur force de conviction pour stigmatiser ce quant-à-soi hautain et méprisant de la droite devant la célébration de l'histoire collective. Et cela donne ce dialogue très drôle, à la limite de l'absurde, qui montre bien quelle est la décision de l'Assemblée qui empêche encore la droite de digérer et de s'approprier ce grand tournant de l'histoire sud-américaine...

Première minette : Deux cents ans que l'Assemblée de l'An XIII a aboli la torture.
Seconde minette : C'est le début de l'insécurité (1)
(Traduction Denise Anne Clavilier)


(1) Allusion à la polémique qui fait rage sur les solutions à apporter pour enrayer les attaques contre les biens et les personnes que la droite monte en mayonnaise dès qu'elle en a l'occasion (comme toute opposition qui se respecte dans n'importe quel pays où il y a des élections libres)La droite milite pour la mise en place une politique de répression de type sécuritaire, là où l'actuel gouvernement préconise d'abord la formation et la lutte pour l'amélioration des conditions de vie des classes défavorisées (sans toujours l'appliquer autant qu'il serait souhaitable). La politique de répression de la dictature militaire, la torture, les disparitions forcées, continuent aujourd'hui, dans les box des accusés, à être justifiés par les ex-tortionnaires et leurs avocats, par une soi-disant lutte contre la subversion.