Dessin RNA |
Dans
mon article d'hier, je vous ai traduit et commenté une
interview de l'historienne Ema Cibotti sur la politique menée
par l'Assemblée de l'An XIII, à l'occasion du
bicentenaire de sa réunion à Buenos Aires. Hier matin,
elle donnait également sur le même sujet une interview
en direct sur AM 870, la chaîne généraliste
de Radio Nacional, dans l'émission Segunda Mañana.
Je
vous laisse l'écouter puisque cet extrait de l'émission
est désormais en ligne et téléchargeable
gratuitement. Vous y découvrez, si vous parlez espagnol, que
l'historienne reste sur les mêmes positions méthodologiquement
contestables et politiquement engagées dont je commentais la
spécificité argentine hier. Et comme dans son interview
écrite dans Página/12, elle tente de se démarquer
autant de la version mitriste de l'histoire (la version qui soutenait
le projet politique de l'oligarchie au tournant du XIXe et
du XXe siècle) que de la version révisionniste
(donc péroniste) qui est en pleine ascension aujourd'hui. Et
du coup, elle y perd de la profondeur et de la substance sans rompre
avec les deux ou trois mêmes thématiques : mêmes
idées reçues sur la fameuse loge Lautaro, même
refus de prendre en considération les conditions économiques
de production pour expliquer la non-abolition immédiate et
complète de l'esclavage... Je ne me lasse pas de découvrir
tous les jours à quel point les problématiques que les
Argentins affrontent sont complexes et entravent l'émergence
d'une analyse historique sereine d'évènements vieux de
deux cents ans. Et cela m'intéresse parce que nos propres pays
d'Europe ont traversé eux aussi cette phase-là, il y a
bien longtemps, et l'ont aujourd'hui tout à fait dépassée
mais ils la retrouvent dès qu'il s'agit de construire l'Europe
comme entité politique.
Ecouter l'interview (le document Mp3 dure 24 mn mais l'interview elle-même
prend 20 mn).