vendredi 1 février 2013

Après l'écrit, l'oral : Ema Cibotti sur l'Assemblée de l'An XIII et sur Radio Nacional [à l'affiche]


Dessin RNA
Dans mon article d'hier, je vous ai traduit et commenté une interview de l'historienne Ema Cibotti sur la politique menée par l'Assemblée de l'An XIII, à l'occasion du bicentenaire de sa réunion à Buenos Aires. Hier matin, elle donnait également sur le même sujet une interview en direct sur AM 870, la chaîne généraliste de Radio Nacional, dans l'émission Segunda Mañana.

Je vous laisse l'écouter puisque cet extrait de l'émission est désormais en ligne et téléchargeable gratuitement. Vous y découvrez, si vous parlez espagnol, que l'historienne reste sur les mêmes positions méthodologiquement contestables et politiquement engagées dont je commentais la spécificité argentine hier. Et comme dans son interview écrite dans Página/12, elle tente de se démarquer autant de la version mitriste de l'histoire (la version qui soutenait le projet politique de l'oligarchie au tournant du XIXe et du XXe siècle) que de la version révisionniste (donc péroniste) qui est en pleine ascension aujourd'hui. Et du coup, elle y perd de la profondeur et de la substance sans rompre avec les deux ou trois mêmes thématiques : mêmes idées reçues sur la fameuse loge Lautaro, même refus de prendre en considération les conditions économiques de production pour expliquer la non-abolition immédiate et complète de l'esclavage... Je ne me lasse pas de découvrir tous les jours à quel point les problématiques que les Argentins affrontent sont complexes et entravent l'émergence d'une analyse historique sereine d'évènements vieux de deux cents ans. Et cela m'intéresse parce que nos propres pays d'Europe ont traversé eux aussi cette phase-là, il y a bien longtemps, et l'ont aujourd'hui tout à fait dépassée mais ils la retrouvent dès qu'il s'agit de construire l'Europe comme entité politique.

Ecouter l'interview (le document Mp3 dure 24 mn mais l'interview elle-même prend 20 mn).