Campo de Gloria de San Lorenzo Photo Ville de San Lorenzo (Prov. Santa Fe) |
La
ville de San Lorenzo, dans la Province de Santa Fe, a commencé hier à fêter l'évènement qui la rend célèbre
dans toute l'Argentine mais aussi au-delà des frontières
du pays.
Il y
a deux cents ans aujourd'hui, le colonel José de San Martín
s'installait dans les bâtiments du couvent franciscain (devenu
aujourd'hui un musée national) avec 120 grenadiers à
cheval dont il avait conduit l'instruction intensive depuis le 16
mars de l'année précédente et un détachement
d'une quarantaine de supplétifs placés sous l'autorité
du capitaine Hipolyte Bouchard, un corsaire français né
à Saint-Tropez (voir mon article du 30 janvier 2010 sur une
exposition que lui consacra sa cité natale dans le cadre des
festivités du Bicentenaire). San Martín fit fermer le
couvent comme si la communauté religieuse, apeurée,
l'avait abandonné.
Lui
avait quitté Buenos Aires trois jours auparavant avec ses hommes pour remplir sa mission, qui était de sécuriser les rives du Paraná alors que les
absolutistes, réunis autour du vice-roi à Montevideo,
remontaient les fleuves à la recherche de butins pour soutenir
la capitale intérimaire du vice-royaume en argent et en
vivres. Et le détachement des patriotes avait remarqué
une petite escadre de trois embarcations ennemies qui venaient de
mouiller dans un méandre du Paraná, face à une
falaise sur laquelle était perché un couvent récemment
fondé dans ce beau paysage. Or, dans les périodes
troublées, les Sud-Américains avaient l'habitude de
cacher leurs valeurs et leurs réserves de nourriture dans les
couvents et les églises pour les protéger des pillages,
espérant toujours que les attaquants respecteraient les lieux
de la vie consacrée.
En
faisant fermer tous les volets et les portes du couvent San Carlos,
San Martín était à peu près sûr
d'attirer là les Montévidéens en quête de
butin. En ce jour de grande fête catholique -c'était la
Chandeleur, la présentation du Seigneur au Temple, le 2
février- les soldats de Buenos Aires s'accomodèrent
donc entre les frères qui avaient déjà, l'année
précédente, accueilli le général Belgrano
en route pour le Haut-Pérou (Bolivie actuelle).
Le
prieur offrit au colonel l'ancienne salle capitulaire du couvent en
guise de bureau, de quartier général et de chambre à
coucher. La salle était exigüe et à peine plus
grande qu'une simple cellule. Devenue trop imposante, la communauté
l'avait délaissée au profit d'une nouvelle belle salle
bien plus adaptée à ses réunions plénières.
Et
San Martín, sitôt installé, avec ses hommes et
leurs chevaux, monta dans le clocher d'où lui ou ses officiers
pouvaient surveiller sans cesse les faits et gestes de l'escadre
vice-royale qui, installée sur la rive opposée du
fleuve, préparait visiblement un débarquement sur la
rive occupée par le domaine conventuel...
Ce
qui allait se passer le lendemain, au petit matin, s'appelle
aujourd'hui la victoria de San Lorenzo, du nom du petit village tout
proche, dont le curé était lui aussi un patriote fervent et courageux.
Cliquez sur l'image pour lire le programme |
Depuis
hier, la ville moyenne qu'est devenue San Lorenzo est en fête :
Le Régiment des Grenadiers à Cheval a renforcé
sa présence sur place et participe, notamment avec sa musique,
aux différentes cérémonies militaires et civiles
qui se succèdent sur le Campo de Gloria (le champ d'honneur).
L'harmonie
municipale a travaillé pour être à la hauteur de
l'évènement, qu'elle attend depuis au moins deux ans...
Le
musée qu'abrite les murs du vieux couvent a sorti ses plus
beaux atours et s'apprête à inaugurer une exposition
prêtée par le Musée du Régiment des
Grenadiers à Cheval de Buenos Aires (visiblement une exposition montée conjointement par le MRGC et la Casa de Moneda).
La
nouvelle statue équestre du général San Martín
attend qu'on la dévoile ce soir à 21h. Les feux
d'artifices sont prêts à être tirés à
minuit.
Demain,
on attend les "plus
hautes autorités"
de l'Etat (il serait plus que légitime que Cristina Fernández de
Kirchner fasse le déplacement encore que son agenda
d'aujourd'hui annonce qu'elle n'a aucune activité programmée
et qu'un problème assez grave de corruption de la
police provinciale peut créer un petit froid ou une situation délicate avec le
Gouverneur de Santa Fe, à moins que ce ne soit une volonté politique d'ignorer le fait militaire de San Lorenzo, car la Présidente semble méconnaître San Martín et l'identifier peut-être à ce qu'en a fait Mitre dans les années 1860-1900). La traditionnelle charge de cavalerie des
Grenadiers est prévue à 19h30. Elle sera saluée
par des sauts de parachutistes et suivie d'un défilé
civil et militaire.
A
partir de lundi, pour toute la quinzaine, un festival de musique
populaire va célébrer le souvenir de San Martín,
de Juan Bautista Cabral et de Justo Germán Bermúdez...
Pour
en savoir plus :
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prochains épisodes sur ce blog et en vous plongeant dans la
lecture de San Martín, à rebours des conquistadors, qui
vient sortir aux Editions du Jasmin.