samedi 2 février 2013

San Lorenzo célèbre "son" Bicentenaire [Actu]

Campo de Gloria de San Lorenzo
Photo Ville de San Lorenzo (Prov. Santa Fe)

La ville de San Lorenzo, dans la Province de Santa Fe, a commencé hier à fêter l'évènement qui la rend célèbre dans toute l'Argentine mais aussi au-delà des frontières du pays.

Il y a deux cents ans aujourd'hui, le colonel José de San Martín s'installait dans les bâtiments du couvent franciscain (devenu aujourd'hui un musée national) avec 120 grenadiers à cheval dont il avait conduit l'instruction intensive depuis le 16 mars de l'année précédente et un détachement d'une quarantaine de supplétifs placés sous l'autorité du capitaine Hipolyte Bouchard, un corsaire français né à Saint-Tropez (voir mon article du 30 janvier 2010 sur une exposition que lui consacra sa cité natale dans le cadre des festivités du Bicentenaire). San Martín fit fermer le couvent comme si la communauté religieuse, apeurée, l'avait abandonné.

Lui avait quitté Buenos Aires trois jours auparavant avec ses hommes pour remplir sa mission, qui était de sécuriser les rives du Paraná alors que les absolutistes, réunis autour du vice-roi à Montevideo, remontaient les fleuves à la recherche de butins pour soutenir la capitale intérimaire du vice-royaume en argent et en vivres. Et le détachement des patriotes avait remarqué une petite escadre de trois embarcations ennemies qui venaient de mouiller dans un méandre du Paraná, face à une falaise sur laquelle était perché un couvent récemment fondé dans ce beau paysage. Or, dans les périodes troublées, les Sud-Américains avaient l'habitude de cacher leurs valeurs et leurs réserves de nourriture dans les couvents et les églises pour les protéger des pillages, espérant toujours que les attaquants respecteraient les lieux de la vie consacrée.

En faisant fermer tous les volets et les portes du couvent San Carlos, San Martín était à peu près sûr d'attirer là les Montévidéens en quête de butin. En ce jour de grande fête catholique -c'était la Chandeleur, la présentation du Seigneur au Temple, le 2 février- les soldats de Buenos Aires s'accomodèrent donc entre les frères qui avaient déjà, l'année précédente, accueilli le général Belgrano en route pour le Haut-Pérou (Bolivie actuelle).

Le prieur offrit au colonel l'ancienne salle capitulaire du couvent en guise de bureau, de quartier général et de chambre à coucher. La salle était exigüe et à peine plus grande qu'une simple cellule. Devenue trop imposante, la communauté l'avait délaissée au profit d'une nouvelle belle salle bien plus adaptée à ses réunions plénières.

Et San Martín, sitôt installé, avec ses hommes et leurs chevaux, monta dans le clocher d'où lui ou ses officiers pouvaient surveiller sans cesse les faits et gestes de l'escadre vice-royale qui, installée sur la rive opposée du fleuve, préparait visiblement un débarquement sur la rive occupée par le domaine conventuel...

Ce qui allait se passer le lendemain, au petit matin, s'appelle aujourd'hui la victoria de San Lorenzo, du nom du petit village tout proche, dont le curé était lui aussi un patriote fervent et courageux.

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Depuis hier, la ville moyenne qu'est devenue San Lorenzo est en fête :
Le Régiment des Grenadiers à Cheval a renforcé sa présence sur place et participe, notamment avec sa musique, aux différentes cérémonies militaires et civiles qui se succèdent sur le Campo de Gloria (le champ d'honneur).
L'harmonie municipale a travaillé pour être à la hauteur de l'évènement, qu'elle attend depuis au moins deux ans...
Le musée qu'abrite les murs du vieux couvent a sorti ses plus beaux atours et s'apprête à inaugurer une exposition prêtée par le Musée du Régiment des Grenadiers à Cheval de Buenos Aires (visiblement une exposition montée conjointement par le MRGC et la Casa de Moneda).
La nouvelle statue équestre du général San Martín attend qu'on la dévoile ce soir à 21h. Les feux d'artifices sont prêts à être tirés à minuit.
Demain, on attend les "plus hautes autorités" de l'Etat (il serait plus que légitime que Cristina Fernández de Kirchner fasse le déplacement encore que son agenda d'aujourd'hui annonce qu'elle n'a aucune activité programmée et qu'un problème assez grave de corruption de la police provinciale peut créer un petit froid ou une situation délicate avec le Gouverneur de Santa Fe, à moins que ce ne soit une volonté politique d'ignorer le fait militaire de San Lorenzo, car la Présidente semble méconnaître San Martín et l'identifier peut-être à ce qu'en a fait Mitre dans les années 1860-1900). La traditionnelle charge de cavalerie des Grenadiers est prévue à 19h30. Elle sera saluée par des sauts de parachutistes et suivie d'un défilé civil et militaire.
A partir de lundi, pour toute la quinzaine, un festival de musique populaire va célébrer le souvenir de San Martín, de Juan Bautista Cabral et de Justo Germán Bermúdez...

Pour en savoir plus :
connectez-vous sur le site Internet de la ville de San Lorenzo et suivez les prochains épisodes sur ce blog et en vous plongeant dans la lecture de San Martín, à rebours des conquistadors, qui vient sortir aux Editions du Jasmin.