"Les démocraties sont en danger", proclame le gros titre En bas, la pire des deux phrases des contrôleurs du ciel "Balance cette ordure par le hublot" |
Après
la mise sous écrou de Lula au Brésil, et alors que Cristina
Kirchner attend de comparaître dans des conditions assez
rocambolesques pour l'affaire Nismann (ou plutôt celle du mémorandum
d'entente avec l'Iran qui n'est jamais entré en vigueur, faute
d'avoir reçu l'aval du parlement de la République islamique), le
groupe médiatique Octubre, propriétaire de Página/12 et de la
radio AM 750, se lance dans une opération tous azimuts de
défense des droits de la gauche latino-américaine, c'est-à-dire de
politique à la fois souverainiste et de redistribution sociale, que
la droite, qui a désormais le vent en poupe sur tout le continent,
est en train de détruire, systématiquement, tout en développant un
discours agressif et passablement revanchard (méprisant en tout cas)
et en tentant tout ce qu'il est possible de tenter pour mettre sous
les verrous les responsables politiques antérieurs.
AM
750 a donc rassemblé à l'antenne le théologien de la Libération
Leonardo Boff (Brésil) et le Prix Nobel de la Paix Adolfo Pérez
Esquivel (Argentine) autour de ce thème, repris en une de Página/12.
Par ailleurs, le quotidien de gauche met en relief les propos
inadmissibles tenus par un contrôleur du ciel brésilien au moment
de donner l'autorisation de décollage au petit avion qui emmenait
Lula de São Paolo à la prison de Curitiba : "Emmène-le et ne
le ramène plus jamais !" Ce qui fut ensuite complété par une
phrase ignoble parce qu'elle rappelle beaucoup trop le Plan Condor (1) et montre le mépris avec lequel ces gens de droite entendent traiter les détenus : "Jette cette [belle] ordure par le hublot" [ou par la fenêtre].
Les
deux phrases, dûment enregistrées, ont été diffusées sur les
ondes d'une radio brésilienne (favorable à Lula) et la première a
été authentifiée et reconnue par l'armée de l'air brésilienne en charge du
transport du prisonnier. Elles étaient reprises ce matin par presque
l'ensemble des journaux argentins.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de une de Página/12, dont le gros titre est plus fort en
une que sur l'article lui-même (qui reprend une déclaration sans
intérêt du petit-fils de Lula : mon grand-père n'est ni un
voleur ni un criminel. En quoi est-ce une information ?)
lire
l'article de Página/12 sur les phrases scandaleuses des
contrôleurs du ciel militaires
lire l'article de La Nación sur les phrases qui font polémique
lire
l'analyse publiée par La Nación où un consultant argentin en
communication politique installé au Brésil rend compte des deux
conceptions de la bataille pour l'égalité dans le pays lusophone
lire
l'article de Clarín sur les propos des contrôleurs du ciel
lire
aussi l'article de Página/12 où s'exprime une experte judiciaire au
sujet des pressions politiques qui ont pesé sur les travaux
concernant la mort de Rafael Nahuel, au printemps, ce zadiste mapuche
tué par les forces de l'ordre en Patagonie (abattu dans le dos).
Elle émet l'hypothèse d'une manipulation politique, rendue hélas
tout à fait crédible par la précipitation de la ministre de la
Sécurité quand à chaque incident grave, elle parle à tort et à
travers dans les médias en avançant des explications avant même
que la justice ait pu enquêter. Elle sait toujours tout de suite et
comme par hasard, les forces de l'ordre étaient pleinement dans
leurs droits lorsqu'elles ont fait usage de leurs armes.
(1)
Le Plan Condor était une opération coordonnée dans les années 70-80 par plusieurs pays
d'Amérique du Sud pour se débarrasser des opposants aux dictatures
militaires en place en les droguant et en les jetant dans l'océan ou
dans le Río de la Plata depuis des petits avions des forces
aériennes.