Un Carrefour en Argentine, avec l'annonce de ses opérations marketing en devanture |
En
Argentine aussi, le groupe Carrefour est en difficulté. Jeudi
dernier, il a présenté un plan de réduction d'activité au
ministre du Travail argentin en vue de se séparer de 2 700
salariés sur les 19 000 que l'enseigne occupe dans ses 605
magasins, répartis entre supérettes urbaines (sous le nom
commercial de Carrefour Express), super- et hypermarchés. Cela fait
trente-six ans que l'enseigne française s'est implantée en
Argentine et aujourd'hui, elle fait complètement partie du paysage.
Elle a aussi développé une gamme de produits traditionnels
nationaux comme de la yerba mate, des fromages locaux, du dulce de
leche, des empanadas au rayon traiteur, des medialunas au rayon
boulangerie-pâtisserie fraîche, etc.
La
démarche de cette fin de semaine permet au ministère de se faire
médiateur entre l'employeur et les syndicats. Le ministre a
d'ailleurs aussitôt convoqué tout le monde autour de la table de
négociation tandis que les organisations ouvrières décrétaient
l'alerte nationale sur l'emploi.
Le
PDG de Carrefour Argentine avait déjà démissionné en janvier,
après douze années passées à la tête de la filiale. Cette
fois-ci, le groupe reconnaît (ou prétend) avoir connu trois années
de baisse de son chiffre d'affaires en Argentine et être contraint
d'adapter ses structures à cette crise : baisse de la masse
salariale, baisse des avantages sociaux pour ceux qui resteront,
adaptation des postes de travail aux nouvelles technologies
(probablement l'implantation de caisses sans opérateurs) et tout le
tralala dont le groupe assaisonne ses magasins en France, au point de
déclencher cette semaine une grève sur les points de vente...
Pour
en savoir plus :
presse
d'hier
lire
l'article de Página/12 (très hostile au groupe capitalistique)
presse
d'aujourd'hui
lire
l'article de Clarín
Ajouts du 9 avril 2018 :
lire l'article de La Nación sur le contenu du plan proposé par Carrefour
lire l'article de Clarín sur les récents propos du président Mauricio Macri.
Dans une interview accordée a un quotidien espagnol catholique et ultra-conservateur (après avoir été franquiste sous la dictature), ABC, le chef d'Etat argentin soutient Carrefour (qu'il couvre d'éloge) (1) et accuse les supermarchés dits "chinois" de lui faire de la concurrence déloyale...
C'est absurde !
Avec quels moyens ces petites surfaces indépendantes qu'on appelle en Argentine supermercados chinos feraient-elles une concurrence, qui plus est déloyale, au géant français et à ses 600 magasins répartis dans tout le pays ? Dans un supermercado chino, tout est plus cher que dans une surface sous enseigne, quelle que soit l'enseigne, Carrefour (France), Coto (Argentine) ou Jumbo (Chili). Parfois, mais pas toujours, ces prix plus élevés sont compensés par une offre de produits de meilleure qualité en épicerie sèche, en plats préparés traiteur (cuisinés dans l'arrière-boutique), en fruits et légumes frais ou en boulangerie, car ils sont issus de petites entreprises artisanales qui parviennent à se faire référencer chez les chinos alors qu'ils se font exclure ou écraser par les grandes enseignes. Les supermercados chinos sont en effet de modestes épiceries de quartier, au mieux des supérettes, tenues par des immigrés originaires de l'Asie du Sud-Est ou, maintenant, par leurs enfants, comme nous avons en France des petites épiceries dites arabes, qui proposent parfois des produits rares et de très bonne qualité.
Il est probable que Macri a voulu jouer sur l'ignorance des lecteurs de ABC (et des journalistes de la rédaction) qui ont compris l'expression "supermercados chinos" comme "enseigne de grande distribution à capitaux chinois" (au sens République Populaire de Chine) et vu la terreur qu'inspire en Europe les progrès de l'économie chinoise...
lire l'article de Página/12 sur la mobilisation du syndicat des camionneurs contre le plan de réduction d'activité envisagé par Carrefour
Ajout du 10 avril 2018 :
lire cet article de Página/12 qui revient sur les accusations aberrantes de Macri contre les supermercados chinos
Ajout du 11 avril 2018 :
lire cet article de Página/12 où les patrons de supermarchés "chinois" répondent aux accusations farfelues (et gravement offensantes) de Macri concernant en particulier leurs supposées pratiques d'évasion fiscale (dont Carrefour est supposé être innocent). Une accusation des plus ridicules quand on considère qu'une bonne partie des ministres du gouvernement fraude le fisc argentin en plaçant ses économies personnelles sur des comptes offshore dans des paradis fiscaux divers et variés !
Ajouts du 12 avril 2018 :
lire cet article de Página/12 sur le plan de départs volontaires proposé par Carrefour Argentina aux syndicats (pour 1000 départs). Página/12 n'est pas favorable à ces propositions patronales
lire cet article de La Nación qui interprète tout ce barnum autour de Carrefour et des supermercados chinos comme une tentative du gouvernement de profiter de la confusion créée par les difficultés du géant français pour remettre à plat tout le système de la distribution dans le pays. Ce qui risque de se faire au détriment des petits commerces de détail.
(1) Carrefour est très présent en Espagne
Ajouts du 9 avril 2018 :
lire l'article de La Nación sur le contenu du plan proposé par Carrefour
lire l'article de Clarín sur les récents propos du président Mauricio Macri.
Dans une interview accordée a un quotidien espagnol catholique et ultra-conservateur (après avoir été franquiste sous la dictature), ABC, le chef d'Etat argentin soutient Carrefour (qu'il couvre d'éloge) (1) et accuse les supermarchés dits "chinois" de lui faire de la concurrence déloyale...
C'est absurde !
Avec quels moyens ces petites surfaces indépendantes qu'on appelle en Argentine supermercados chinos feraient-elles une concurrence, qui plus est déloyale, au géant français et à ses 600 magasins répartis dans tout le pays ? Dans un supermercado chino, tout est plus cher que dans une surface sous enseigne, quelle que soit l'enseigne, Carrefour (France), Coto (Argentine) ou Jumbo (Chili). Parfois, mais pas toujours, ces prix plus élevés sont compensés par une offre de produits de meilleure qualité en épicerie sèche, en plats préparés traiteur (cuisinés dans l'arrière-boutique), en fruits et légumes frais ou en boulangerie, car ils sont issus de petites entreprises artisanales qui parviennent à se faire référencer chez les chinos alors qu'ils se font exclure ou écraser par les grandes enseignes. Les supermercados chinos sont en effet de modestes épiceries de quartier, au mieux des supérettes, tenues par des immigrés originaires de l'Asie du Sud-Est ou, maintenant, par leurs enfants, comme nous avons en France des petites épiceries dites arabes, qui proposent parfois des produits rares et de très bonne qualité.
Il est probable que Macri a voulu jouer sur l'ignorance des lecteurs de ABC (et des journalistes de la rédaction) qui ont compris l'expression "supermercados chinos" comme "enseigne de grande distribution à capitaux chinois" (au sens République Populaire de Chine) et vu la terreur qu'inspire en Europe les progrès de l'économie chinoise...
lire l'article de Página/12 sur la mobilisation du syndicat des camionneurs contre le plan de réduction d'activité envisagé par Carrefour
Ajout du 10 avril 2018 :
lire cet article de Página/12 qui revient sur les accusations aberrantes de Macri contre les supermercados chinos
Ajout du 11 avril 2018 :
lire cet article de Página/12 où les patrons de supermarchés "chinois" répondent aux accusations farfelues (et gravement offensantes) de Macri concernant en particulier leurs supposées pratiques d'évasion fiscale (dont Carrefour est supposé être innocent). Une accusation des plus ridicules quand on considère qu'une bonne partie des ministres du gouvernement fraude le fisc argentin en plaçant ses économies personnelles sur des comptes offshore dans des paradis fiscaux divers et variés !
Ajouts du 12 avril 2018 :
lire cet article de Página/12 sur le plan de départs volontaires proposé par Carrefour Argentina aux syndicats (pour 1000 départs). Página/12 n'est pas favorable à ces propositions patronales
lire cet article de La Nación qui interprète tout ce barnum autour de Carrefour et des supermercados chinos comme une tentative du gouvernement de profiter de la confusion créée par les difficultés du géant français pour remettre à plat tout le système de la distribution dans le pays. Ce qui risque de se faire au détriment des petits commerces de détail.
(1) Carrefour est très présent en Espagne