Entendu
hier pendant quatre heures devant la commission des finances du
Congrès, le ministre des Finances, Luis Caputo, a défendu
l'existence des comptes offshore en les comparant à un système de
sécurité économique et juridique (il y voit même des
coffres-forts) et en déclarant que la pratique était commune dans
toutes les entreprises... Quel aveu du rôle que jouent celles-ci
dans l'évasion des capitaux qui handicape l'économie nationale si
lourdement et de façon si constante !
Les
journalistes :Que pensez-vous des comptes offshore ?
Caputo : Un compte offshore, c'est une espèce de coffre-fort.
Les
journalistes : Et la dette publique ?
Caputo :
La dette aussi, c'est une espèce de un coffre-fort.
Vous tous, vous êtes
dedans et c'est moi qui ai la clé.
Traduction
©
Denise
Anne Clavilier
L'opposition
a ferraillé de toutes ses forces pour obtenir du ministre des
réponses claires aux questions qu'elle posait, en pure perte d'après
Página/12 qui a trouvé Caputo très doué pour l'esquive.
Pour
le ministre, la détention de comptes offshore n'a rien à voir avec
la corruption. C'est une chanson que nous sert le gouvernement depuis
le milieu de l'été. C'est bizarre parce que dans le reste des
démocraties, c'est bien le cas !
Aux
yeux du ministre, l'endettement du pays, qui s'est remis sur le
marché international depuis deux ans, ne présente pas non plus un
risque aussi sérieux que l'opposition veut bien le dire. On sait
pourtant historiquement que l'endettement a toujours été une
catastrophe en Amérique latine et en particulier dans le sud du
continent. C'est l'endettement, qui remonte souvent à la guerre
d'indépendance (comme dans le cas de la Grèce), qui a empêché ces
pays de se développer et de se doter d'une industrie propre, les
contraignant à se limiter au rôle de fournisseurs de matière
première sur un marché mondial dominé par les anciennes puissances
coloniales (l'Europe) puis par les Etats-Unis, qui sont en passe de
se faire dépasser par la Chine.
Sur la une de La Nación, les deux photos sont consacrées à l'audition au Congrès Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Et
puis, sans autre formalité, Luis Caputo a fini par tout simplement
quitter la séance, avant qu'elle ne soit levée par la présidence,
plutôt que de continuer à subir la mitraille de l'opposition. Même
les journaux qui soutiennent la majorité ont un peu de mal à
digérer cette désinvolture, dans laquelle on peut voir un mépris non dissimulé de la représentation nationale et des principes mêmes de la démocratie.
La
séance a dû être reportée. On verra si le ministre revient s'expliquer sur ses décisions et ses étranges interprétations de ce qu'est l'Etat.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12 sur la question de la dette nationale
lire
l'article de La Prensa sur les propos du ministre
lire
l'article de La Prensa sur le soutien apporté par le Premier
ministre au ministre des Finances
lire
le résumé des quatre heures d'audition dans les colonnes de La Nación
lire
l'article de Clarín qui se focalise sur un incident des débats digne d'une cour de récréation d'école primaire (à l'initiative du ministre, qui semble assez hargneux, passablement vindicatif et très en-dessous de sa dignité de responsable de l'exécutif)
lire
l'article de Clarín sur les positions défendues par le ministre
Ajout du 12 avril 2018 :
lire ce nouvel article de une de Página/12 qui publie et commente des documents étatsuniens qui prouvent que le ministre est bel et bien à la tête d'un système complexe de comptes offshore destinés à faire de l'évasion fiscale (ou à blanchir de l'argent).
Ajout du 12 avril 2018 :
lire ce nouvel article de une de Página/12 qui publie et commente des documents étatsuniens qui prouvent que le ministre est bel et bien à la tête d'un système complexe de comptes offshore destinés à faire de l'évasion fiscale (ou à blanchir de l'argent).