jeudi 2 janvier 2020

Le gouvernement relance le Plan national pour la Lecture [Actu]

Une de mardi 31 décembre 2019

Lundi, flanqué de ses ministres de l'Education, de la Culture et de la Justice, eux-mêmes accompagnés par la coordinatrice du plan, le président Alberto Fernández a annoncé, pour clore l'année politique, la réactivation du Plan national pour la Lecture, un vaste programme de publication et de distribution gratuite, à travers les bibliothèques scolaires du primaire et du secondaire et grâce à des médiateurs culturels, de livres de toutes sortes (illustrés ou non) pour l'initiation des enfants, y compris et surtout les plus défavorisés, à la lecture de loisir, à la lecture plaisir ainsi qu'à l'écriture de fiction et de poésie.

La conférence s'est tenue dans la grande salle du musée de la Casa Rosada, installé dans les vestiges du fort colonial de Buenos Aires et de l'ancienne Douane de la fin du 19e siècle, sous la place Colón et le palais présidentiel. Dans le public, outre des journalistes venus aux informations, des représentants des enseignants, des écrivains, des illustrateurs, des animateurs-producteurs d'émissions culturelles renommées, des éditeurs, la présidente de la Fondation El Libro, qui organise le salon du livre de Buenos Aires en avril, tous ravis de ce coup de pouce donné au secteur et au lectorat.

Ce programme éducatif avait été créé sous le mandat de Raúl Alfonsín, au retour de la démocratie et de la vie constitutionnelle. Il a été systématiquement démantelé à chaque fois qu'une majorité néolibérale a pris les rênes du pays, sous Carlos Menem, dans les années 1990, et plus récemment sous Mauricio Macri, qui, non content de ne plus rien soutenir dans l'enseignement public, qu'il regardait avec un mépris considérable et presque assumé, ni la lecture, ni la création, ni l'édition, a même fait détruire des livres sous prétexte que les écoles en avaient déjà trop... tandis qu'avec cynisme, il inscrivait sa propre gamine au lycée français de Buenos Aires, où les livres ne sont pas prêts de manquer... Le programme d'attribution d'ordinateurs portables ou de tablettes (Conectar) avait aussi fait les frais de cette politique qui délaissait les pauvres et la classe moyenne pour favoriser les riches et les puissants.

Au cours des quatre ans qui viennent de s'écouler, l'Argentine a perdu de nombreuses maisons d'édition et d'innombrables librairies, qui n'ont pas pu survivre à la contraction du marché et à l'effondrement de la consommation. En 2014, dernière année pleine du mandat de Cristina Kirchner, on imprimait 129 millions de livres papier en Argentine, soit trois exemplaires par habitants. Quatre ans plus tard, il n'y en avait plus que 43 millions alors que le pays compte 46 millions d'habitants. Dans les secteurs défavorisés, seuls 30% des gamins ont déjà entendu un adulte leur lire une histoire. Les autres ne savent même pas ce que c'est que s'endormir en écoutant papa ou maman leur lire quelque chose...

Le nouveau programme est enrichi d'un département édition numérique qui permettra de satisfaire les nouvelles pratiques de lecture grâce à la reprise du plan Conectar (du verbe du premier groupe, connecter, dont la désinence de l'infinitif rappelle l'abréviation du domaine Internet argentin).

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