Une de mardi 31 décembre 2019 |
Lundi,
flanqué
de ses ministres de l'Education, de la Culture et de la Justice,
eux-mêmes accompagnés par la coordinatrice du plan,
le président Alberto Fernández
a annoncé, pour clore l'année politique, la réactivation du Plan
national pour la Lecture, un vaste programme de publication et de
distribution gratuite, à travers les bibliothèques scolaires du
primaire et du secondaire et grâce à des médiateurs culturels, de
livres de toutes sortes (illustrés ou non) pour l'initiation des
enfants, y compris et surtout les plus défavorisés, à la lecture
de loisir, à la lecture plaisir ainsi qu'à l'écriture de fiction
et de poésie.
La
conférence s'est tenue dans la grande salle du musée de la Casa
Rosada, installé dans les vestiges du fort colonial de Buenos Aires
et de l'ancienne Douane de la fin du 19e siècle, sous la place Colón
et le palais présidentiel. Dans le public, outre des journalistes
venus aux informations, des représentants des enseignants, des
écrivains, des illustrateurs, des animateurs-producteurs d'émissions
culturelles renommées, des éditeurs, la présidente de la Fondation
El Libro, qui organise le salon du livre de Buenos Aires en avril,
tous ravis de ce coup de pouce donné au secteur et au lectorat.
Ce
programme éducatif avait été créé sous le mandat de Raúl
Alfonsín, au retour de la démocratie et de la vie
constitutionnelle. Il a été systématiquement démantelé à chaque
fois qu'une majorité néolibérale a pris les rênes du pays, sous
Carlos Menem, dans les années 1990, et plus récemment sous Mauricio
Macri, qui, non content de ne plus rien soutenir dans l'enseignement
public, qu'il regardait avec un mépris considérable et presque
assumé, ni la lecture, ni la création, ni l'édition, a même fait
détruire des livres sous prétexte que les écoles en avaient déjà
trop... tandis qu'avec cynisme, il inscrivait sa propre gamine au
lycée français de Buenos Aires, où les livres ne sont pas prêts
de manquer... Le programme d'attribution d'ordinateurs portables ou
de tablettes (Conectar) avait aussi fait les frais de cette politique
qui délaissait les pauvres et la classe moyenne pour favoriser les
riches et les puissants.
Au
cours des quatre ans qui viennent de s'écouler, l'Argentine a perdu
de nombreuses maisons d'édition et d'innombrables librairies, qui
n'ont pas pu survivre à la contraction du marché et à
l'effondrement de la consommation. En 2014, dernière année pleine
du mandat de Cristina Kirchner, on imprimait 129 millions de livres
papier en Argentine, soit trois exemplaires par habitants. Quatre ans
plus tard, il n'y en avait plus que 43 millions alors que le pays
compte 46 millions d'habitants. Dans les secteurs défavorisés,
seuls 30% des gamins ont déjà entendu un adulte leur lire une
histoire. Les autres ne savent même pas ce que c'est que s'endormir
en écoutant papa ou maman leur lire quelque chose...
Le
nouveau programme est enrichi d'un département édition numérique
qui permettra de satisfaire les nouvelles pratiques de lecture
grâce à la reprise du plan Conectar (du verbe du premier groupe,
connecter, dont la désinence de l'infinitif rappelle l'abréviation
du domaine Internet argentin).
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Clarín