samedi 25 janvier 2020

Adieu baleines, daims, condors et autres jaguars sur les billets de banque – retour aux humains [Actu]


Le président Alberto Fernández l’avait laissé entendre avant même son investiture : les animaux américains sur les billets de banque, au prétexte que cela évite les querelles idéologiques entre la gauche et la droite, c’était fini. Tant mieux ! En espérant toutefois que les graveurs de la Banque centrale de la République argentine auront des idées esthétiquement plus heureuses que ces mochetés (ci-dessus) pondues il y a trois ans, façon euros.

Les premières mesures juridiques viennent d’être prises pour lancer dès le mois de juin une nouvelle série de billets qui afficheront des figures humaines, avec parité entre hommes et femmes. Les noms des heureux élus n’ont pas été révélés encore mais on peut avancer certains noms. Du côté des hommes San Martín et Belgrano, c’est sûr. Jorge Luis Borges, c’est très probable. Du côté des femmes, le choix de la musicienne Mercedes Sosa, de la poète Alfonsina Storni et de la révolutionnaire Mariquita Sánchez de Thompson, chez qui fut créé l’hymne national en 1813 et qui travailla, dans la République argentine constitutionnelle, au tout premier système d’éducation publique féminin, avant la loi de l’obligation scolaire 1883, trois figures très connues d’à peu près tous les Argentins qui ont compris ce qu’on leur a appris à l’école, serait la logique institutionnelle et historique. Il n’est pas impossible toutefois et c’est déjà le bruit qui court que le gouvernement porte son choix sur le visage (souvent imaginaire, pour ne pas dire complètement fantasmatique) de la colonnelle indépendantiste Juana Azurduy, la grande figure féminine chérie par les kirchneristes pendant les deux mandats de Cristina Kirchner (1) et ce serait une erreur (bien digne de l’hégémonisme argentin sur le continent) car Juana n’est pas argentine et ne l’a jamais été. Elle était bolivienne et elle n’a jamais combattu qu’en Bolivie, au cours de la guerre des partisans qui a conquis l’indépendance du pays andin…
En revanche, on peut raisonnablement penser que le gouvernement ne remettra pas Evita en jeu, tant la sortie de ce billet avait fait couler d’encre et énervé la droite. C’est même ce choix polémique qui avait donné à Mauricio Macri cette idée saugrenue et stupide de remplacer les hommes par des animaux (jusqu’à finir son mandat en faisant disparaître les deux billets qui avaient survécu au massage et portaient l’effigie des deux personnages les plus consensuels de l’histoire nationale, San Martín et Belgrano).

Attendons l’automne austral pour découvrir les nouveaux billets qui remplaceront petit à petit et sans à-coup ceux actuellement en circulation.

Pour en savoir plus :



(1) au point qu’elle a finit son mandat en défigurant la plaza Colón, derrière la Casa Rosada, en y remplaçant la statue de Christophe Colomb, offerte officiellement par l’Italie, par une hideuse effigie où la révolutionnaire issue de la haute société coloniale était représentée en virago vociférante, agressive et grimaçante, tout ce qu’il y a de plus repoussant. La statue a été retirée par Mauricio Macri pour faire place à un héliport pour l’hélicoptère présidentiel qui fait la navette matin et soir entre la résidence, à Olivos, et le palais (super-écolo comme système) tandis que le toit de la Casa Rosada, qui abritait autrefois la piste d’atterrissage, était censé être végétalisé et transformé en potager urbain ou quelque chose du même genre qui semble ne s’être jamais fait. J’ignore où se trouve la statue de Juana Azurduy, que personne ne semble regretter à Buenos Aires. Celle de Christophe Colomb a été érigée près du fleuve, assez loin de tout.