samedi 25 janvier 2020

Un ancien combattant à la tête du Museo de las Malvinas [Actu]

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Le ministre de la Culture, Tristán Bauer, vient de nommer le nouveau directeur du Musée des Malouines, un musée national délaissé sous le précédent mandat, au profit d’une recherche d’entente commerciale avec la Grande-Bretagne, qui refuse de se plier à la résolution de l’ONU qui réclame le dialogue entre les deux parties. Le musée raconte l’histoire de l’archipel, obtenu par Carlos III de la Couronne française et rattaché à la province de Buenos Aires en 1767, avant d’être conquis, sans déclaration de guerre, par la Royal Navy en janvier 1833, alors que le Parlement de Westminster avait reconnu l’Argentine neuf ans auparavant. On sait qu’en avril 1982, la dernière dictature militaire a tenté un coup de main sur les îles pour se couvrir de prestige et que le dictateur s’est couvert d’opprobre, en envoyant à la mort des jeunes conscrits qui avaient quelques semaines de classe et sur le dos leur uniforme d’été tropical, sous les frimas de l’Atlantique Sud, face à une armée britannique lancée dans la guerre par une Margaret Thatcher en quête d’une posture churchillienne, elle aussi désireuse de se relégitimer aux yeux de ses électeurs.

Edgardo Esteban aux Malouines, pendant la guerre, en avril 1982
Il a été prisonnier des Britanniques

C’est un ancien combattant de cette épouvantable guerre de 1982 qui vient d’être nommé, l’écrivain et journaliste Edgardo Esteban, qui avait vingt ans (et non 18) lorsqu’il a dû faire face à cette armée de métier, supérieure en nombre, en armement et en instruction. Il est l’auteur d’un ouvrage sur cette terrible expérience, Iluminados por el fuego (illuminés par le feu), que le ministre, dans son autre vie de cinéaste, a tiré un film, qui a marqué les esprits.

Comme souvent en Argentine, ce ne sont pas des conservateurs diplômés qui sont nommés à la tête des grands musées et pourtant la formation existe. Il y a des conservateurs compétents dans le pays mais il n’y a pas de carrière ou il y en a fort peu. La plupart des postes de direction dépend encore de nominations partisanes. Dommage, même si, dans le cas présent, le symbole est fort et montre clairement la volonté de ce gouvernement de revenir à la revendication séculaire de la souveraineté sur l’archipel, une souveraineté qui a été affirmée dans la constitution de Juan Bautista Alberdi, en 1853.

Pour en savoir plus :
lire la dépêche de Télam, l’agence nationale de presse, avec quelques déclarations de Esteban sur la politique qu’il mettra en œuvre à la tête de l’institution située sur le domaine de l’ex-ESMA, à Palermo
lire l’article de La Nación sur la position de l’Argentine à l’ONU concernant les Malouines