Alors que Alfredo Fernández sera reçu par François en audience
officielle demain matin, après la messe à Saint-Pierre, dans le
cadre d’une tournée européenne du 31 janvier au 5 février, où
le président argentin vient avant tout chercher auprès des
décideurs (1) un appui politique et technique à la restructuration
de la dette internationale de son pays, c’est la première
diplomate afro-descendante argentine, María Fernanda Silva, qui
vient d’être désignée ambassadrice pour occuper le poste vacant
auprès du Saint-Siège, qui a été très difficile à pourvoir
pendant le premier mois du nouveau gouvernement.
Alberto Fernández
tient donc ses promesses et multiplie les symboles d’intégration
des minorités dans l’appareil d’État argentin. C’est une
femme et elle est noire ! Or Dieu sait si l’existence d’une
population afro-descendante en Argentine a été longtemps et reste
encore, au moins dans la partie la plus réactionnaire du pays, un
tabou très enraciné, qui provient du déni fondateur du caractère
esclavagiste de la société rioplatense à l’époque coloniale
(2). Très vite, l’intelligentsia nationaliste de droite, partisane
d’un pays unitaire et opposée à des fédéralistes qui
rassemblaient les couches populaires, dont beaucoup de descendants
d’esclaves, a voulu faire de l’Argentine un pays européen. Or il
n’y avait pas de noirs en Europe dans ces années-là (1850-1880).
Il fallait donc qu’il n’y en ait jamais eu en Argentine. Ils ont
alors eu l’idée de favoriser une grande immigration pan-européenne
dont ils ne s’imaginaient pas qu’elle serait formée des pauvres
de l’Europe, de tous les laissés pour compte du Vieux Continent,
qui acceptaient de partir à l’autre bout du monde parce qu’ils
n’avaient rien à perdre et qu’ils ne pouvaient pas souffrir pire
situation que celle qu’ils subissaient dans leur pays natal. Et
c’est ainsi que les phénotypes africains ont presque disparu de la
foule argentine.
C’est Página12 qui a
salué la mesure intégratrice en en faisant son titre principal ce
matin.
Ajout du 31 janvier 2020 :
lire cet article de Clarín qui fait ses choux gras de l'histoire privée de la nouvelle ambassadrice (son mariage religieux a été déclarée nul et son ex-mari a depuis été ordonné prêtre, même s'ils ont eu des enfants pendant la durée de ce qui fut leur mariage, ce qui est assez fréquent en cas de nullité canonique. Or c'est l'archevêque de Buenos Aires, devenu depuis pape, qui a traité les deux dossiers, celui du procès canonique et celui de l'ordination).
Ajout du 31 janvier 2020 :
lire cet article de Clarín qui fait ses choux gras de l'histoire privée de la nouvelle ambassadrice (son mariage religieux a été déclarée nul et son ex-mari a depuis été ordonné prêtre, même s'ils ont eu des enfants pendant la durée de ce qui fut leur mariage, ce qui est assez fréquent en cas de nullité canonique. Or c'est l'archevêque de Buenos Aires, devenu depuis pape, qui a traité les deux dossiers, celui du procès canonique et celui de l'ordination).
(1) Giuseppe Conte et
Sergio Materella (président respectivement du conseil et de la
République italienne), Qu Dongyu (directeur-général de la FAO,
dont le siège est à Rome) et David Baesly, directeur du Plan
Mondial contre la Faim, Angela Merkel à Berlin puis Emmanuel Macron
à Paris.
(2) La question de
l’esclavage a été un enjeu très complexe au moment de
l’indépendance et en particulier dans la vie et l’idéologie de
Manuel Belgrano, lui-même formé à Salamanque à la pensée des
Lumières de France, d’Italie et d’Angleterre mais fils aimant
d’un père commerçant qui avait versé, par opportunité
économique, dans la traite des Africains. Voir Manuel Belgrano, L’inventeur de l’Argentine à paraître le 27 février 2020.