L’auto-référentialité n’est pas une
caractéristique des dessins de Rep mais aujourd’hui, jour du
drapeau, il s’y laisse aller et.. il en profite pour jeter dans les
oubliettes la dimension mariale de la création de l’emblème
national (1).
Aujourd’hui est un jour férié en Argentine : c’est la fête
du drapeau, dont la date a été fixée à l’anniversaire de la
mort de Manuel Belgrano, l’inventeur des couleurs nationales.
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Tout
si rouge sang… Notre pauvre terre si ensanglantée [murmure
Belgrano assis au bord du Paraná à Rosario]
Et
sans drapeau. Quelle couleur vais-je lui donner ? Le rouge des
royalistes, pas question ! (2)
Et
voilà que passe l’Enfant Bleu (3)
Traduction
© Denise Anne Clavilier
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(1)
Dimension mariale qui ne fait aucun doute par quelque bout que l’on
prenne la question : soit le drapeau est inspiré du cordon de
l’ordre de Carlos III (qui a choisi les couleurs, blanc et ciel, de
l’Immaculée Conception), soit le drapeau vient de la cocarde
nationale (ce qui est le chemin le plus court puisque c’est celui
qu’invoque Manuel Belgrano dans son compte-rendu à Buenos Aires du
27 février 1812). Or, comme je l’explique dans Manuel Belgrano –
L’inventeur de l’Argentine à travers trois chapitres, sur les
Invasions Anglaises où cette cocarde est utilisée pour la première
fois par des troupes qui se réunissent à Luján, sur la Révolution
de Mai où la cocarde devient écarlate et sur la création du
drapeau, le choix des couleurs vient bel et bien de la Vierge de
l’Immaculée Conception que l’on vénère à Luján. Mais Miguel
Rep est sérieusement athée !
(2)
Il s’agit là du drapeau espagnol qui présentait déjà la même
configuration : rouge et jaune. C’était encore le drapeau
officiel qui flottait au-dessus du fort de Buenos Aires et à la tête
des armées de nos révolutionnaires sud-américains. Jusque là, le
raisonnement prêté à Belgrano se tient historiquement. C’est à
la case d’après que tout dérape dans l’auto-citation
(3)
El Niño Azul est un personnage récurrent dans les vignettes de
Miguel Rep. Une sorte de Petit Prince, de personnage lunaire et
onirique, avec une chevelure en forme de nuage. Dans Contes
animaliers d’Argentine (Éditions du Jasmin), j’ai présenté une autre version, tout aussi
imaginaire de la création du drapeau : le conte s’intitule
Haute Voltige et il vient de la Province de Santa Fe, dont Rosario
est la capitale économique et culturelle.