Página/12 a choisi une photo très belle du nouveau monument inauguré le 27 février dernier à Rosario, sur le bord du fleuve Paraná, où Belgrano avait arboré le drapeau pour la première fois |
Maigre collecte dans les journaux d’envergure
nationale en ce jour où toute l’Argentine aurait dû multiplier
les hommages à Manuel Belgrano sous toutes les formes (prises
d’armes, dépôts de gerbes, concerts, expositions, conférences en
veux-tu en voilà), si une crise sanitaire n’était pas venue tout
détruire : le dimanche 3 juin 1770, dans une maison qui a
disparu depuis et dont j’ai repris la photo sur un visuel annonçant
dimanche dernier mes propres activités de ce jour, le premier intellectuel
argentin, l’artisan de la révolution et de l’indépendance et le
créateur du drapeau national voyait le jour dans une grande famille
italo-argentine qui allait compter jusqu’à seize frères et sœurs
dont quatorze arriveraient à l’âge adulte. C’était un jour de
Pentecôte.
Clarín a préféré cette composition de Vior pour illustrer son article |
Seuls
Página/12 et Clarín ont songé à cet anniversaire, le premier en
publiant deux billets d’opinion, dont celui d’un universitaire
qui partage son enseignement entre deux universités à 80 km de
distance, la UBA (Buenos Aires) et la UNLP (La Plata), l’autre en
resservant (1) à ses lecteurs un article de vulgarisation de Felipe
Pigna, dont le penchant péroniste n’est pourtant pas la tasse de
thé de ce quotidien.
Ni
La Nación, fondé par le premier historien argentin dont le premier
ouvrage d’histoire publié fut une biographie de Belgrano, devenue
un ouvrage de référence incontournable pour bien des auteurs en
Argentine (2), ni La Prensa, le quotidien de la droite catholique,
n’en touchent un seul mot dans leur édition en ligne
d’aujourd’hui. Certes, la nuit dernière, il s’est produit dans
un quartier de Buenos Aires une double explosion mortelle qui a coûté
la vie à deux pompiers et les journaux de ce matin sont pleins de
photos de la tragédie, mais le fait divers, aussi épouvantable
qu’il soit, n’excuse en rien cette abyssale négligence
culturelle.
Pour
aller plus loin :
lire
le premier billet de Página/12 qui rappelle les pans principaux de
la vie du général
lire
le second billet où il est question de l’idée que Belgrano se
faisait de l’injustice
lire
l’entrefilet de Felipe Pigna dans Clarín.
Mise à jour du 4 juin 2020
Hier c'est seulement dans l'après-midi argentine que La Prensa a publié en ligne une série d'articles sur Manuel Belgrano, encore disponible à la lecture ce matin (heure de Paris).
Lire l'article principal de La Prensa.
Mise à jour du 4 juin 2020
Hier c'est seulement dans l'après-midi argentine que La Prensa a publié en ligne une série d'articles sur Manuel Belgrano, encore disponible à la lecture ce matin (heure de Paris).
Lire l'article principal de La Prensa.
Une de La Prensa hier l'hommage est cité dans la colonne de gauche Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
(1)
Cet entrefilet était déjà paru le 29 mai dernier.
(2)
Ce premier biographe était un homme politique libéral et
anglophile. Bartolomé Mitre (1821-1906) est celui qui a inscrit dans
le marbre quelques idées bien arrêtées sur les événements qui
ont fondé l’Argentine. Ce n’était pas un historien au sens
scientifique du terme (il suffit de prendre en considération ses
dates pour le comprendre) et cette vision, que son talent littéraire
et politique a imposée, est largement contestée à gauche,
notamment par Felipe Pigna. Ce qui rend ce paysage journaliste encore
plus surréaliste aujourd’hui.