"Les clés de l'accord", dit le gros titre sur cette photo du gouvernement éteignant la mèche à main nue Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Hier, dans la journée, le gouvernement argentin a annoncé qu’il avait obtenu un accord de rééchelonnement de la dette avec le FMI (soit 44 milliards de dollars US, ce qui excédait d’ailleurs ce que l’organisme international avait le droit de prêter à un pays).
D’après ce qu’en a dit le président Alberto Fernández dans son discours retransmis depuis les jardins ensoleillés de sa résidence de Olivos, cet accord permet à l’Argentine de laisser en l’état les retraites, de ne pas dévaluer, de pas être contrainte d’entreprendre une réforme du marché du travail et de continuer à investir dans le développement du pays (travaux publics, services publics, recherche, enseignement, culture, santé...).
L’accord va maintenant faire
l’objet d’un débat au Congrès qui doit le ratifier pour qu’il
soit valide. Cela promet une rentrée parlementaire des plus agitées.
D’autant que l’extrême gauche a annoncé dès hier que ses élus
voteraient contre. Ce courant politique souhaitait en effet que le
gouvernement refuse de rembourser, ce qui aurait mis l’Argentine au
ban des nations et l’aurait exclue ipso facto du G20, ce
dont l’extrême gauche se serait réjouie, puisqu’elle souhaite
que ces affreux capitalistes qui oppriment les pauvres gens
s’entre-dévorent tandis que le pays regarderait en comptant les
points.
De son côté, l’opposition de droite cherche ce qu’elle pourrait bien critiquer dans l’accord obtenu (on peut lui faire confiance, elle va trouver). Pour le moment, faute de grain à moudre, elle se contente de reprendre une récente petite phrase de l’ancien président, Mauricio Macri, qui a prétendu qu’il ne lui aurait fallu à lui que cinq minutes pour s’entendre avec le FMI au lieu des longs mois pris par son successeur. Macri était pourtant encore resté dix-huit mois au pouvoir après la signature du prêt et cet accord de remboursement si facile à négocier, il a quitté le pouvoir, le 10 décembre 2019, sans l’avoir conclu. Bizarre ! A la droite de la droite, parmi les ultra-libertaires, conduits au Congrès par Espert et Millei (deux fous furieux qui éructent des diktats déconnectés de la réalité économique et diplomatique), on a déjà condamné l’accord avant même d’en examiner les termes.
L’union patronale industrielle
(UIA) quant à elle ‑c’est
assez rare pour qu’il faille le souligner‑ a tès
rapidement exprimé son soutien au gouvernement (pourtant de gauche)
puisque le pays peut continuer à aller de l’avant.
"Le gouvernement évite le default et accepte la réduction du déficit demandé par le FMI" dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
La plupart des journaux consacrent leur une et de nombreux articles à cette affaire qui engage le pays pour plusieurs années et largement au-delà de l’actuel mandat mais dans des conditions de dignité pour l’État que l’Argentine avait jusqu’ici rarement conquises.
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa
lire l’article principal de Clarín
lire l’article principal de La Nación
lire le communiqué offiicel de la présidence (la vidéo du discours est intégrée comme elle l’est à plusieurs articles de presse cités ci-dessus)
Ajout du 30 janvier 2022 :
La Nación
a réussi à trouver les arguments pour disqualifier la victoire
diplomatique du gouvernement en faisant valoir que c’est Biden qui
serait intervenu pour établir l’accord, qui, par ailleurs, aurait
été combattu de l’intérieur par laa vice-présidente argentine,
Cristina Kirchner :
"FMI : les Etats-Unis qualifient l'accord de "très positif" et espèrent qu'il sera respecté", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Ajouts du 31 janvier 2022
lire
cet
entrefilet de La Prensa sur les récentes et faraudes
déclarations de l’ancien ministre de l’Économie,
Nicolás Dujovne. Il a négocié le prêt avec le FMI et revendique
aujourd’hui la légitimité de ce recours à un emprunt démesuré
(et qui n’a jamais été débattu au Congrès, ce qui étaot
anticonstitutionnel)
lire cet
article de La Nación sur le même sujet
Ajout du 2 février 2022 :
lire
cet
entrefilet de Página/12
sur l’approbation publiée par la chambre des entrepreneurs de la
construction. A remarquer que, sans surprise, les organismes
patronaux qui accueillent favorablement l’accord avec le FMI
représentent les secteurs assez peu prestigieux dans l’échelle
des valeurs existant dans la culture traditionnelle sud-américaines.
Le secteur agraire, placé tout en haut de la pyramide sociale
symbolique, n’y figure pas.
Ajout du 9 février
2022 :
L’extrême-gauche argentine manifestait hier
contre l’accord avec le FMI sous le slogan : Les escroqueries,
ça ne se paye pas ! Seul Página/12
s’en est fait l’écho ce matin. Il faut dire que l’actualité
sportive en plein été (le retrait définitif de Juan Martín Del
Potro) suffit à remplir quelques pages imprimées.
Pour aller plus loin :
lire l’article
de Página/12
Ajout du 11 février
2022 :
L’Église catholique joint sa réflexion au
débat : la commission sociale demande que les solutions
retenues ne soumettent pas les questions sociales à la résolution
de la dette extérieure.
Pour aller plus loin :
lire l’article
de Página/12
lire la
dépêche de l’agence catholique argentine (AICA)