"70 fois Eva", dit le gros titre du supplément de Página/12 sur la vie universitaire |
Le 26 juillet prochain,
l’Argentine commémorera les 70 ans de la disparition de Eva Duarte
de Perón, plus connue sous son surnom affectueux, Evita. A cette
occasion, une plateforme de télévision payante sortira un
feuilleton en sept épisodes intitulé Santa
Evita et où le
rôle-titre est tenu par une comédienne uruguayenne, Natalia Oreiro.
"Où est le vrai corps de Evita ?", dit cette première affiche parue en juin dans la presse écrite |
D’ici là, le producteur fait
du teasing dans la presse et tous les médias avec une campagne
notamment d’affiches qui valent leur pesant d’or (ci-dessus et
ci-dessous) et de nombreuses publications explorent le mythe de
l’illustre disparue, une militante politique que ses partisans
disent révolutionnaire et que la nature avait gâtée avec un visage
d’une indéniable beauté.
La deuxième affiche était publiée deux pages plus loin |
Quant à ce titre, il se rapporte
à la canonisation civique, culturelle et nationaliste à laquelle a
eu droit Eva après sa mort tragique et spectaculaire (les Argentins
l’ont vue maigrir à vue d’œil, entrer à l’hôpital et en
sortir, presque jusqu’au dernier jour et lui ont fait, en plein
hiver, des obsèques qui rappellent chez nous mais à une autre
époque celles de Victor Hugo) mais il rappelle aussi qu’un certain
nombre de catholiques verraient d’un bon œil une canonisation
spirituelle. Cela a d’ailleurs été proposé au Vatican hors de la
procédure officielle peu de temps après l’élection de François
et le Saint Siège a fait savoir, très poliment, qu’il n’en
était pas question puisqu’on rechercherait en vain dans cette vie
très agitée la trace d’une quête spirituelle de nature à
édifier les fidèles. Ce titre reprend celui d’un roman, paru en
1995, quarante ans après le vol du corps embaumé de Evita qui
reposait, jusqu’en 1955, dans une salle du siège de la CGT, exposé
dans un reliquaire de verre. Le corps, une fois retrouvé, a été
inhumé au cimetière de Recoleta, où la tombe est sans cesse
visitée et fleurie autant par les Argentins, venus de tout le pays,
que par les touristes étrangers. Tout ce que le régime, né du
renversement de Perón par un coup d’État soutenu par la CIA,
avait voulu éviter en 1955 en faisant disparaître le corps.
Interview de Natalia Oreiro parue ce matin dans Clarín |
Le plus intéressant en ce moment est de constater que tous les journaux, quelle que soit leur couleur idéologique, participent au culte. Universidad, le supplément hebdomadaire de Página/12 consacré au monde de la recherche et de l’enseignement supérieur, fait même sa une sur les 70 ans de ce mythe national.
Pour aller plus loin :