jeudi 21 juillet 2022

En attendant Santa Evita [à l’affiche]

"70 fois Eva", dit le gros titre
du supplément de Página/12 sur la vie universitaire


Le 26 juillet prochain, l’Argentine commémorera les 70 ans de la disparition de Eva Duarte de Perón, plus connue sous son surnom affectueux, Evita. A cette occasion, une plateforme de télévision payante sortira un feuilleton en sept épisodes intitulé Santa Evita et où le rôle-titre est tenu par une comédienne uruguayenne, Natalia Oreiro.

"Où est le vrai corps de Evita ?", dit
cette première affiche parue en juin
dans la presse écrite

D’ici là, le producteur fait du teasing dans la presse et tous les médias avec une campagne notamment d’affiches qui valent leur pesant d’or (ci-dessus et ci-dessous) et de nombreuses publications explorent le mythe de l’illustre disparue, une militante politique que ses partisans disent révolutionnaire et que la nature avait gâtée avec un visage d’une indéniable beauté.

La deuxième affiche était publiée deux pages plus loin

Quant à ce titre, il se rapporte à la canonisation civique, culturelle et nationaliste à laquelle a eu droit Eva après sa mort tragique et spectaculaire (les Argentins l’ont vue maigrir à vue d’œil, entrer à l’hôpital et en sortir, presque jusqu’au dernier jour et lui ont fait, en plein hiver, des obsèques qui rappellent chez nous mais à une autre époque celles de Victor Hugo) mais il rappelle aussi qu’un certain nombre de catholiques verraient d’un bon œil une canonisation spirituelle. Cela a d’ailleurs été proposé au Vatican hors de la procédure officielle peu de temps après l’élection de François et le Saint Siège a fait savoir, très poliment, qu’il n’en était pas question puisqu’on rechercherait en vain dans cette vie très agitée la trace d’une quête spirituelle de nature à édifier les fidèles. Ce titre reprend celui d’un roman, paru en 1995, quarante ans après le vol du corps embaumé de Evita qui reposait, jusqu’en 1955, dans une salle du siège de la CGT, exposé dans un reliquaire de verre. Le corps, une fois retrouvé, a été inhumé au cimetière de Recoleta, où la tombe est sans cesse visitée et fleurie autant par les Argentins, venus de tout le pays, que par les touristes étrangers. Tout ce que le régime, né du renversement de Perón par un coup d’État soutenu par la CIA, avait voulu éviter en 1955 en faisant disparaître le corps.

Interview de Natalia Oreiro parue ce matin
dans Clarín

Le plus intéressant en ce moment est de constater que tous les journaux, quelle que soit leur couleur idéologique, participent au culte. Universidad, le supplément hebdomadaire de Página/12 consacré au monde de la recherche et de l’enseignement supérieur, fait même sa une sur les 70 ans de ce mythe national.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de La Nación du 22 juin
lire l’article de La Prensa du 13 juillet
lire l’article de Clarín du 14 juillet
lire l’éditorial de La Nación du 18 juillet
lire l’article de Página/12 d’aujourd’hui (Universidad)
lire l’article de Clarín d’aujourd’hui, une interview de l'actrice principale (ci-dessus)