vendredi 29 juillet 2022

Chaises musicales dans l’appareil d’État – Massa super-star [Actu]

Le jeu de mot quotidien est au rendez-vous dans le gros titre
"Les mains à la pâte"
Masa en espagnol, pâte en français
(avec deux s, la prononciation ne change pas)
Le montage photo ne permet pas de savoir exactement
si on est dans une boulangerie ou un atelier de pâtes fraîches !
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Finalement, le président de la Chambre des députés, Sergio Massa, a obtenu le grand ministère de l’Économie qu’il convoitait et qu’il avait raté il y a un mois lorsque Alberto Fernández avait nommé une personnalité politique de second rang mais très liée à Cristina Kirchner, soupçonnée de la lui avoir imposée, Silvina Batakis, qui revenait tout juste d’un séjour à Washington où elle était aller prendre son premier contact avec le FMI et qui est nommée, en lot de consolation, à la tête de Banco Nación, l’établissement commercial de la banque nationale argentine.

"Tentative pour freiner la crise économique
on donne du pouvoir à Massa.
Scioli retourne au Brésil et Batakis est envoyée
au Banco Nación", dit le gros titre
sur cette photo très majestueuse du nouveau super-ministre
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Sergio Massa fera un ministre autrement plus crédible, surtout à l’échelle internationale, que sa malheureuse prédécesseure. Il s’était fait reconnaître comme une personnalité politique d’avenir il y a une grosse quinzaine d’années lorsqu’il était le très efficace et très dynamique maire de Tigre, une petite ville résidentielle de la banlieue nord et verte de Buenos Aires. Il avait ensuite été, brièvement, Premier ministre de Cristina Kirchner avant de naviguer à vue et de se présenter à plusieurs charges, souvent sans succès. Aux élections générales de 2019, il avait été élu député national et occupait jusqu’à hier le perchoir argentin. Il faut maintenant lui trouver un ou une remplaçant(e) à la Chambre. Hier, il a reçu sous son autorité le ministère de l'Economie, celui des Finances, celui de l'Agriculture, celui de la Production ainsi que les secrétariats d'Etat au Commerce (intérieur et extérieur).

"Il joue son va-tout", dit lee gros titre
On peut aussi traduire "C'est tout ou rien"
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Daniel Scioli, un ancien gouverneur de la Province de Buenos Aires qui n’a pas supporté l’idée d’être placé sous son autorité, repart au Brésil comme ambassadeur, poste qu’il venait de quitter pour devenir ministre (vous suivez ?). Et il en va ainsi d’un bon nombre de personnalités qui sautent et se recasent tant bien que mal ailleurs.

Tout en haut, la galerie des personnalités mutuées
En bas : "Virage politique : Massa prend tout le contrôle
du secteur économique", dit le gros titre
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Cette nomination était dans l’air depuis plusieurs jours. Elle ne surprend donc personne et occupe ce matin entre le tiers et la moitié des éditions imprimées des quotidiens. Le super-ministère monté à la mesure des ambitions de son titulaire en fait aujourd’hui un ministre plus important de fait que le Premier ministre lui-même (jefe de gabinete) qui reste pourtant en place.

Le ministre des Affaires étrangères, Santiago Cafiero, qui s’est fait une place au soleil dans les relations diplomatiques, garde lui aussi son maroquin, comme ses collègues de la Défense, de la Justice, de la Culture, de l’Éducation, de la Recherche, du Tourisme et du Sport.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajout du 31 juillet 2022 :
lire ce (long) billet d’humour publié ce matin par Clarín où le chroniqueur, Alejandro Borensztein, renverse la situation et s’amuse à faire confirmer Alberto Fernández comme président par son nouveau super-ministre, Sergio Massa. Le journal trouve la plaisanterie si drôle (et elle l’est) qu’il l’a annoncée à la une du jour.