Finalement, le président de la
Chambre des députés, Sergio Massa, a obtenu le grand ministère de
l’Économie
qu’il convoitait et qu’il avait raté il y a un mois lorsque
Alberto Fernández avait nommé une personnalité politique de second
rang mais très liée à Cristina Kirchner, soupçonnée de la lui
avoir imposée, Silvina Batakis, qui revenait tout juste d’un
séjour à Washington où elle était aller prendre son premier
contact avec le FMI et qui est nommée, en lot de consolation, à la
tête de Banco Nación, l’établissement commercial de la banque
nationale argentine.
Sergio Massa fera un ministre
autrement plus crédible, surtout à l’échelle internationale, que
sa malheureuse prédécesseure. Il s’était fait reconnaître comme
une personnalité politique d’avenir il y a une grosse quinzaine
d’années lorsqu’il était le très efficace et très dynamique
maire de Tigre, une petite ville résidentielle de la banlieue nord
et verte de Buenos Aires. Il avait ensuite été, brièvement,
Premier ministre de Cristina Kirchner avant de naviguer à vue et de
se présenter à plusieurs charges, souvent sans succès. Aux
élections générales de 2019, il avait été élu député national
et occupait jusqu’à hier le perchoir argentin. Il faut maintenant
lui trouver un ou une remplaçant(e) à la Chambre. Hier, il a reçu sous son autorité le ministère de l'Economie, celui des Finances, celui de l'Agriculture, celui de la Production ainsi que les secrétariats d'Etat au Commerce (intérieur et extérieur).
"Il joue son va-tout", dit lee gros titre On peut aussi traduire "C'est tout ou rien" Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Daniel Scioli, un ancien
gouverneur de la Province de Buenos Aires qui n’a pas supporté
l’idée d’être placé sous son autorité, repart au Brésil
comme ambassadeur, poste qu’il venait de quitter pour devenir
ministre (vous suivez ?). Et il en va ainsi d’un bon nombre de
personnalités qui sautent et se recasent tant bien que mal ailleurs.
Tout en haut, la galerie des personnalités mutuées En bas : "Virage politique : Massa prend tout le contrôle du secteur économique", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Cette nomination était dans l’air depuis plusieurs jours. Elle ne surprend donc personne et occupe ce matin entre le tiers et la moitié des éditions imprimées des quotidiens. Le super-ministère monté à la mesure des ambitions de son titulaire en fait aujourd’hui un ministre plus important de fait que le Premier ministre lui-même (jefe de gabinete) qui reste pourtant en place.
Le ministre des Affaires étrangères, Santiago Cafiero, qui s’est fait une place au soleil dans les relations diplomatiques, garde lui aussi son maroquin, comme ses collègues de la Défense, de la Justice, de la Culture, de l’Éducation, de la Recherche, du Tourisme et du Sport.
Pour aller plus loin :
Ajout du 31 juillet 2022 :
lire
ce
(long) billet d’humour publié ce matin par Clarín où
le chroniqueur, Alejandro Borensztein, renverse la situation et
s’amuse à faire confirmer Alberto Fernández comme président par
son nouveau super-ministre, Sergio Massa. Le journal trouve la
plaisanterie si drôle (et elle l’est) qu’il l’a annoncée à
la une du jour.