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Avant-hier, Cristina Kirchner a publié une véritable catalinaire dirigée contre la Cour suprême. Elle la critique pour ses inquiétants penchants partisans qui visent, selon elle, à mettre en difficulté toujours les mêmes, les gens de gauche, tandis que l’institution protège les personnalités de droite. Or, au vu de la dernière décision de la Cour, on ne peut pas donner tort à la vice-présidente.
Dans une déclaration publique, le président Alberto Fernández, dont elle ne se lasse pas de savonner la planche depuis plus d’un an, lui a donné raison et a rappelé qu’une réforme radicale de l’institution judiciaire en Argentine restait à faire pour en finir avec les appartenances idéologiques des magistrats et la partialité de leurs décisions. C’était une réforme qu’il avait voulu lancer dès le début de son mandat, intervenu pendant l’été, comme d’habitude. Or dès la rentrée suivante, en mars 2020, l’extrême urgence se déplaça d’un coup sur le terrain sanitaire. La réforme judiciaire n’a jamais vraiment vu le jour malgré plusieurs tentatives de la remettre sur les rails.
Ce matin, tous les quotidiens commentent cette prise de position présidentielle qui fait apparaître le chef d’État comme soumis aux diktats souvent très contestables de sa vice-présidente, que l’on dit prête désormais à présenter sa candidature l’année prochaine pour reprendre la Casa Rosada d’assaut.
Página/12,
journal de gauche sympathisant de Cristina même s’il tâche de ne
pas couler le président, en fait sa une en forme d’allusion
tanguera… Le titre pastiche en effet un célèbre vers d’un des
derniers tangos du répertoire de Carlos Gardel, le très émouvant
Cuesta
abajo
(comprenez « sur une mauvaise pente ») (1).
Le gros titre parle de « la honte d’avoir été et d’être
toujours » tandis que le poète Alfredo Le Pera, dernier
partenaire de création de Gardel, qui mourut avec lui lors de cet
accident fatal sur la piste de l’ancien aérodrome de Medellín, en
Colombie, en juin 1935, a écrit :
Si
arrastré por este mundo
la
vergüenza de haber sido
y
el dolor de ya no ser.
Et pan, en pleine figure !
Le ton des autres journaux, acquis à la droite, est très différent. Je vous laisse juger. Tous les quotidiens ont toutefois ce point en commun qu’ils consacrent tous plusieurs pages à cette information.
Si vous voulez écouter Cuesta abajo, le voici sur l’encyclopédie en ligne du tango (en langue espagnole) Todo Tango.
Pour
aller plus loin :
Diverses associations de droits de l’homme ont porté plainte devant les instances de l’ONU contre la Cour suprême argentine pour ses récentes positions partiales.
Pour aller plus loin :
lire cet article de Página/12
Ajout du 5 août 2022 :
Depuis
quelques jours, plusieurs personnalités et associations passent à
l’action en demandant la déchéance des juges qui forment la Cour
suprême. Des plaintes officielles sont portées devant le Congrès.
Pour aller plus loin :
lire l’article
d’hier dans Página/12 sur la démarche d’organisations
de juristes et de défenseurs de l’État de droit auprès du
Congrès
lire l’article
de Página/12 de ce matin sur le présentation de la
démarche que vient de faire en conférence de presse le prix Nobel
de la Paix argentin Adolfo Pérez Esquivel, ni plus ni moins.
Le reste de la presse quotidienne
n’en parle même pas.
(1) Cuesta abajo fait partie du corpus de chansons que je présente dans le texte et en traduction française dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, paru aux Éditions du Jasmin et toujours disponible chez l’éditeur (boutique en ligne) et en commande auprès de n’importe quel libraire qui aime son métier.