Hier, une cour de justice fédérale siégeant à Buenos Aires a prononcé un non-lieu pour l’ensemble des responsables politiques et institutionnels impliqués dans le scandale des écoutes illégales effectuées par les services du contre-espionnage sous la présidence de Mauricio Macri au détriment d’un grand nombre de plaignants dans une des multiples branches de l’instruction portant sur le naufrage du sous-marin ARA San Juan, coulé corps et biens, avec 44 membres d’équipage à son bord, au fond du Mar Argentino, au large des côtes australes de l’Argentine, pendant une mission.
Les faits sont prouvés et ils sont incontestables. Certaines
personnes impliquées n’ont même pas tenté de les nier. Ce
non-lieu choque donc profondément les plaignants, qui sont tous des
proches des sous-mariniers disparus, leurs parents, leurs veuves,
leur veuf (il y avait une femme à bord), leurs frères et sœurs,
sans parler de leurs enfants encore mineurs et représentés par
leurs mères. Il choque aussi l’ensemble de la gauche, qui
ne décolère pas devant cette nouvelle manifestation du parti-pris
partisan et idéologique du corps judiciaire. Peut-être surprend-il
aussi l’ensemble de la droite, même si ce non-lieu la soulage en
laissant son éventuel candidat, l’ancien président, libre de ses
mouvements et surtout libre de relancer sa peu crédible version des
faits pour solliciter à nouveau les suffrages à l’élection
présidentielle de l’année prochaine.
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Il se trouve que les juges qui ont pris cette décision sont suspects de partialité : deux d’entre eux ont en effet été nommés par Macri pendant sa présidence tandis que le troisième faisait jusqu’à il y a peu l’objet d’une instruction pour des visites trop nombreuses à la Casa Rosada et à la résidence présidentielle d’Olivos alors que Macri était chef d’État. Dans ces visites, certains magistrats ne pouvaient s’empêcher de voir l’un des leurs aller chercher ses ordres auprès de l’Exécutif. Pourtant, pour ces faits, ce troisième juge a lui aussi bénéficié d’un non-lieu il y a quelques semaines, au grand scandale de la gauche et des parties civiles.
Comme toujours dans ces cas-là, l’information est largement commentée par Página/12 qui en fait un scandale à la une, en montrant la réaction d’une partie des familles des disparus qui éclatent en sanglots, tandis que la presse de droite (c’est-à-dire tous les autres quotidiens) s’en tient au silence ou à des titres secondaires à peine repérables sur leurs premières pages.
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