vendredi 16 octobre 2015

Hommage à Emilio Balcarce lundi prochain à la Academia [à l'affiche]

Emilio Balcarce en 2000 sur la scène du Teatro Colón
une image tirée du film de Caroline Neal, Si sos brujo, sur la  naissance de l'OET
Photo Bodega Films

La Academia Nacional del Tango consacrera sa soirée académique du troisième lundi du mois, ce 19 octobre 2015 à 19h30, au Maestro Emilio Balcarce (1918-2011), compositeur, arrangeur, chef d'orchestre et bandonéoniste, qui a co-fondé la Orquesta Escuela de Tango qui porte désormais son nom.

La soirée est coordonnée par Roberto Martínez et Alejandro Molinari. Participeront le président Gabriel Soria et les deux autres co-fondateurs de la OET Emilio Balcarce, les compositeurs Ignacio Varchausky (contrebassiste) et Ramiro Gallo (violoniste).

Le tango rituel de la soirée sera Balada par un loco, de Astor Piazzolla et Horacio Ferrer, à l'occasion des 45 ans de la création de ce morceau révolutionnaire, qui a marqué une étape dans l'histoire du genre. L'enregistrement permettra d'entendre la voix de Horacio Ferrer, accompagné par le Bertero Big Band.

Entrée libre et gratuite, au 833 avenida de Mayo, 1er étage.

Le Sciammarella Tango à la Ideal le samedi [à l'affiche]


En octobre et novembre, l'orchestre féminin Sciammarella Tango se produit tous les samedis à 21h à la Confitería Ideal, un salon de thé très célèbre à deux pas de Avenida Corrientes, dans la rue Suipacha. Le concert de ces jeunes musiciennes est suivi d'une milonga après minuit.

Le groupe entend reprendre une ancienne tradition, celui de l'orchestre de jeunes filles (orquesta de señoritas), à ceci près que dans ces petits orchestres, qui jouaient plutôt de jour, il y avait toujours un garçon, selon les souvenirs de Aníbal Troilo qui y avait trouvé sa première place comme bandonéoniste à l'âge des culottes courtes.

Le rocker prend le Qhapaq Ñan [à l'affiche]

Campaña de comunicación turistica para ver en Canal Encuentro antes de opinar sobre su calidad... A mí me parece un poco raro!

Gustavo Santaolalla à la une des pages culturelles de Página/12 sur fond andin

Ce soir, la télévision publique argentine propose le premier épisode d'un documentaire à visée touristique en quatre partie qui n'est autre qu'un parcours produit par le musicien Gustavo Santaolalla, à la demande du Gouvernement, le long du Qhapaq Ñan, le Chemin royal de l'Inca, qui traverse sept provinces argentines : Mendoza, San Juan, La Rioja, Catamarca, Salta et Jujuy, du sud au nord.

La série est une co-production Canal Encuentro, Ministère du Tourisme, Conseil Fédéral du Tourisme, sous la responsabilité de Santaolalla, qui apparaît à l'écran en vedette médiatique. La réalisation a été confiée à Andrés Nicolás Cuervo. Sans surprise, la musique du film est signée Santaolalla. La diffusion se fera le vendredi à 21h sur Canal Encuentro et une rediffusion de l'épisode est programmée le mardi à 19h30 sur TV Pública. Le format est le moyen métrage typique de Canal Encuentro qui limite chaque documentaire à 25 ou 26 minutes.
Il est probable que d'ici peu, les épisodes seront disponibles en vidéo à la demande sur le site Internet de Canal Encuentro, la chaîne culturelle du groupe public.

Présentation issue de la documentation Canal Encuentro
A gauche la carte du parcours touristique montré dans le film
Au centre, un texte de Gustavo Santaolalla
Cliquez sur l'image pour lire le texte

Gustavo Santaolalla est un artiste bien en cour auprès de l'actuel gouvernement national argentin. Il s'est distingué, au niveau international, avec sa plongée au milieu des vieux tangueros de Café de los Maestros, où il a mis en scène une vision passablement nostalgique du tango, qui ignore complètement la « nouvelle vague » du genre, cette movida actuelle qui tourne autour des quinquagénaires et des formations de trentenaires, parfois même de musiciens plus jeunes encore. Gustavo Santaolalla est d'abord un musicien de rock. Il n'a que très peu de compétences historiques sur le sujet auquel il s'attaque avec cette série documentaire, un sujet difficile d'accès et sur lequel les universitaires eux-mêmes tâtonnent tant la documentation nous manque sur la civilisation de l'Inca. Alors quand il prétend avoir fait ce chemin à la manière des chasquis, il faut prendre cette déclaration avec prudence. Les chasquis étaient en effet ces messagers, à moins qu'ils n'aient été des chamans, dont les fonctions semblent avoir été de relier, grâce à cette grande route religieuse, administrative et commerciale, les populations établies dans le nord, en Colombie, aux Huarpes installés le long du Río Mendoza, dans l'actuelle province argentine homonyme, et assujettis à l'Empereur nordique longtemps avant l'arrivée des Espagnols dans ces terres.

Un vestige du Qhapaq Ñan le long de la route internationale reliant Mendoza à Santiago
J'ai pris la photo le 31 août dernier, dans la Cordillère, sur l'une des routes sanmartiniennes
Dans la vallée de Uspallata empruntée par l'avant-garde, sous les ordres de Gregorio de Las Heras
A l'arrière-fond, le Río Mendoza et la falaise qui court presque tout du long
Pour mesurer l'ampleur du décor, cliquez sur l'image et repérez le pont du vieux chemin de fer?

Il n'est donc pas dit que le documentaire, dont l'annonce est orchestré par la communication gouvernementale, soit aussi passionnant que ce qu'il en est dit. Mais il a le mérite d'exister et le producteur délégué celui d'avancer clairement son objectif : promouvoir le tourisme le long de cette route, récemment inscrite au patrimoine de l'UNESCO où sa candidature avait été porté par les six pays traversés, Argentine, Chili, Pérou, Bolivie, Equateur et Colombie (voir mon article du 22 juin 2014 à ce sujet).

Pour en savoir plus :
Ce matin, Página/12 publie une interview de l'artiste, qui ne me passionne pas personnellement (mais que ça ne vous empêche pas de vous faire votre idée personnelle). Pour ma part, j'attends de voir le "produit fini" pour me prononcer. Et peut-être retournerai-je alors à cette interview.
Hier, l'agence de presse nationale Télam publiait elle aussi une dépêche à ce sujet.
La série documentaire dispose d'une page Facebook et d'une présentation sur le site Internet de Canal Encuentro.

Le Qhapaq Ñan dispose d'un site Internet propre, d'une page Facebook plurinationale ainsi que d'une présentation sur le site Internet de l'office national du Tourisme argentin, Argentina Travel.

mercredi 14 octobre 2015

Semaine du Goût 2015 : Tortitas mendocinas [Coutumes]

Receta en francés (más allá de la foto) – introducción en castellano
Recette en français (après la photo) et introduction en espagnol

En Francia, se celebra ahora la Semana del Sabor. En esta ocasión, pongo en linea esta receta en francés de la tortita mendocina tal cual pudé hacerla yo desde unos meses para compartirlas en las ferias del libro por todo el país. Así que amigos mendocinos, a su Alianza Francesa cada uno en su lugar con el texto en la mano para saber si respecto la auténticidad de este tesoro provincial...
Ojo con el uso de Google Traducción automática ya con con ambos idiomas en el mismo texto corre peligro el software. ¡Se va a poner loco!
Bajo esta palabra-llave Gastronomie en Pour chercher, para buscar, to search, encontrarán otras recetas, las argentinas en francés y las francesas en castellano...

Mes tortitas au salon du livre de Merlieux, cachées derrière les livres

Pour cette Semaine du Goût qui a commencé lundi en France, une manifestation que, faute de temps, j'ai dû négliger l'année dernière ici, dans Barrio de Tango, voici une recette argentine en provenance de Mendoza, une spécialité qu'on ne trouve pas à Buenos Aires où elle est inconnue. Cette Tortita (galette) a l'avantage d'être d'une grande rusticité, donc très facile à faire, et cette simplicité témoigne sans doute de son origine très ancienne (probablement plusieurs siècles, soit peut-être à la fondation de Mendoza, en mars 1561, vingt ans avant la fondation définitive de l'actuelle capitale fédérale).

Ces galettes de pain, légèrement brioché ou non levé selon les goûts, sont l'en-cas préféré des Mendocins dans toute la province. On les trouve à peu près partout, dans les boulangeries, sur les tables des petits-déjeuners des hôtels comme des maisons d'hôtes, dans les réceptions (1), chez les particuliers qui les préparent pour eux-mêmes ou pour les vendre aux automobilistes ou aux ouvriers agricoles le long des routes qui traversent les vignobles et les vergers de la région.

Les tortitas sont plus ou moins luxueuses et plus ou moins saines selon la matière grasse employée. En général, ce sont des spécialités très caloriques : 400 kcal aux 100 gr. La faculté recommande donc une certaine modération dans la consommation de ces petites merveilles campagnardes.

Combien de temps en cuisine ?
Entre 1h30 et une journée, selon que vous choisissez la recette à base de pâte levée ou de pâte non levée.

Quels ingrédients ?
De la farine, de la matière grasse, de la levure de boulanger et du sel (très peu).

Le temps de cuison ?
Environ 20 mn par fournée, à 220°.

Quelle farine choisir ?
Eu égard au petit nombre d'ingrédients, je préfère les choisir tous très savoureux, à commencer par la farine, que je prends biologique avec, dans toute la mesure du possiblen un broyage à la meule de pierre. Certes, c'est nettement plus cher que la farine lambda de la grande distribution mais ce prix est largement compensé par la modestie de ces ingrédients. Et puis ces farines de moulins anciens ont vraiment de la typicité, car les meuniers, exigeants sur le grain, évitent les blés des gros semenciers qui travaillent pour l'industrie agro-alimentaire, ces blés trop chargés en gluten et au goût hyper-standardisé. Avec des mélanges de blés anciens, ils produisent des farines qui se distinguent au palais.
Mon dernier essai, pour la fête du Livre de Merlieux à la fin septembre :
mélanger à parts égales de la farine de blé type 65 et de la farine de petit épeautre type 70. Le résultat a été excellent.

Quelle matière grasse ?
Les livres de cuisine parlent presque tous de graisse animale, saindoux (porc) ou suif alimentaire (bœuf), moins chers en Argentine que le beurre. Dans les articles de diététique, on constate toutefois que les fabricants aujourd'hui travaillent en fait avec de la margarine (ce qui, en Argentine, veut dire à peu près tout et n'importe quoi, en particulier des huiles végétales ultra-raffinées et hydrogénées) ou des huiles végétales (pépin de raisin, tournesol ou olive). Pour ma part, lorsque je me mets aux fourneaux en France, je trouve plus commode d'employer du beurre et là encore je prends un beurre artisanal ou AOP demi-sel (plus goûteux que les produits des grands groupes agro-alimentaires). Cette année, dans la ville même de Mendoza, j'ai pu constater qu'on utilisait parfois le beurre pour des tortitas de luxe (2).

Confection de la pâte :
On peut donc faire une pâte non levée en prenant une mesure pleine de farine et 1/3 de mesure de matière grasse à température ambiante (3), à quoi on ajoute un peu de sel (une cuillère à café pleine pour 1 kg de farine). Il suffit alors de mélanger les ingrédients à la main en s'aidant d'un peu d'eau tiède. La quantité d'eau dépend de la capacité d'absorption de la farine. On obtient alors une pâte souple comme une pâte à pain. On la laisse reposer une heure avant de la mettre en forme et de l'enfourner.

On peut aussi confectionner une pâte levée.
Pour ma part, plutôt que d'utiliser la levure directement, je préfère utiliser un poolish, en délayant la levure de boulangerie dans de l'eau tiède à quoi j'ajoute une bonne cuillerée à soupe de farine avant de laisser pousser entre 20 minutes et une heure (en fonction de mon travail du jour). Il faut alors tenir compte du poolish pour la quantité d'eau globale. Les proportions sont les mêmes : 1 mesure de farine, ¾ de gras et la quantité de levure indiquée pour la quantité de farine choisie (en général, on prend un cube de levure fraîche pour 500 gr de farine et un cube correspond à un sachet de levure lyophilisée, qui varie de 7 à 8 gr selon les marques). Comme pour toutes les pâtes levées, il faut la pétrir au moins 10 minutes d'affilé avant de la laisser reposer une heure dans un endroit chaud (20-25°), puis rabattre la pâte, pétrir à nouveau et répéter l'opération plusieurs fois.
Plus la pâte aura levé et aura été travaillée, plus les tortitas seront légères et gonflées.

Mise en forme :
Prenez en main une boule de pâte de la taille d'une petite clémentine pour des toritas de taille traditionnelle (35 gr/pièce une fois cuite). Roulez-la sur le plan de travail pour une forme bien régulière avant l'écraser sous votre paume en un disque à la surface irrégulière (4) qu'il vous suffit maintenant de poser sur la plaque à pâtisserie (inutile de la graisser au préalable mais vous pouvez y disposer une feuille de papier cuisson, elle allégera le nettoyage à la fin de la cuisson).
Avant d'enfourner, piquer chaque disque de pâte avec une fourchette. C'est particulièrement important pour la pâte levée : cette technique évite à la croûte de se craqueler et de gonfler de manière anarchique, le résultat final n'en sera donc que plus joli.

Cuisson :
Enfournez dans un four préchauffé à 220°. Surveillez la cuisson de la première fournée dont le temps réel dépend de la qualité des ingrédients et des performances de votre four.

Dégustation :
Les tortitas se dégustent encore tièdes juste après leur sortie du four ou froides. En dehors du petit-déjeuner, elles accompagnent naturellement le mate mais aussi les autres infusions ou le café ainsi que les boissons rafraîchissantes de la saison chaude (5). On peut les manger nature ou avec de la confiture, du dulce de leche, du miel... Pourquoi pas les essayer avec du sirop de Liège en Belgique ? Ou en version salée avec certains fromages : brousse, chèvre frais, voire comté ou abondance ? Ou fromage de brebis basque avec sa confiture de cerises noires, ce qui est proche d'un dessert très répandue en Argentine, une tranche de fromage recouverte de pâte de coing (régal assuré).

Dans le sud de la Province de Mendoza, du côté de Tunuyán, j'ai goûté d'excellentes tortitas rustiquement cuites dans un vieux four à bois maçonné, dont elles sortent non pas dorées comme dans un four moderne mais cloquées et colorées de façon irrégulière comme on le voit à la surface de certains pains arabes, dont elles sont sans doute la version andine, par Andalousie interposée.

Une autre variante enfin consiste à frire les disques de pâte dans une sauteuse garnie d'une épaisse couche d'huile d'olive dans laquelle on les retourne à mi-cuisson ou à les plonger entièrement dans une friteuse remplie d'huile. Elles en sortent toutes tordues mais dorées et croustillantes. A consommer avec encore plus de modération que la variante au four, moins grasse.

Pour une recette en espagnol, voyez donc ce blog de cuisine argentin, Dos Cucharadas (deux cuillerées).

La tortita coupée en deux
Photo Mendoza on line (cliquez ici pour accéder à l'article)



(1) C'est ainsi que je les ai découvertes l'année dernière, au Centro Julio Le Parc, à Guaymallén, lors des pauses et cocktails du Congrès international d'histoire auquel m'avait invitée el Instituto Nacional Sanmartiniano.
(2) Il y a quelques années, dans cette même rubrique Gastronomie, je vous avais parlé de la cremona en vous disant qu'il valait mieux ne pas utiliser de beurre. Mais en août 2013, j'ai trouvé dans la rue Chile, entre Perú et Bolívar, à Buenos Aires, une boulangerie-pâtisserie de quartier qui propose de délicieuses petites cremonas au beurre. Dont acte.
(3) Certaines sources prévoient de faire fondre la graisse. Sans doute pour travailler la pâte à la cuillère ou au robot pétrisseur et ne pas y mettre les mains. Traditionnellement, c'est comme le pain, la pizza ou la brioche : ça se travaille a la mano ! Et pas d'inquiétude : avec cette proportion de gras, la pâte ne colle pas vraiment aux mains.
(4) La recette artisanale interdit l'emploi du rouleau à pâtisserie et de l'emporte-pièce mais je ne sais pas si les pâtissiers de fort débit continuent à tout faire à la main de la sorte. Dans certaines chaînes de pizza, on voit maintenant le pizzaiolo remplacer par une machine à étaler des boules de pâte à pain. Une véritable hérésie pour un Italien digne de ce nom. Idem pour la tortita mendocina !
(5) Les Argentins sont des consommateurs excessifs de soda et d'eaux aromatisées avec un choix très étroit : citron, orange, pamplemousse, citron vert et poire (le goût est super-chimique et tous ces produits si sucrés que certains en sont écœurants). Une bonne nouvelle : cette courbe de consommation qui constitue une véritable menace de santé publique a commencé à baisser très légèrement l'année dernière, malgré l'absence de campagne de sensibilisation de la part des pouvoirs publics, tandis qu'elle continue de monter dans le reste du sous-continent, envahi par une poignée de marques locales derrière lesquelles se cachent les géants mondiaux Coca Cola, Pepsi, Nestlé et Danone.

Ce soir, conférence de Luis Alposta à la Société Argentine des Ecrivains [à l'affiche]


Ce soir, mercredi 14 octobre 2015, à 19h, le poète Luis Alposta donnera une conférence sur le lunfardo et la poésie, cette alliance du langage populaire de Buenos Aires avec l'art qui a donné naissance au tango à texte, qu'on appelle là-bas le tango-canción.

Cela se passera à la limite entre San Nicolás et Recoleta, au siège de la Sociedad Argentina de Escritores, la Sade, installée dans la rue Uruguay, 1371.

Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles comme le dit l'invitation ci-dessus.

Le nouveau disque de Noelia Moncada [Disques & Livres]


La chanteuse Noelia Moncada s'apprête à présenter le 22 octobre 2015 à 21h son nouveau disque, Llorarás, un choix de tangos dus pour la moitié d'entre eux à la plume du poète Homero Manzi (1907-1951).

Ce disque, qui sort sous un label indépendant, est le quatrième album de l'artiste en tant que soliste. Elle y est accompagnée par la Orquesta Victoria, sous la direction musicale de Alejandro Drago.

La présentation aura lieu au Centro Cultural Caras y Caretas, Sarmiento 2037.

Entrée: 120 $ ARG.

Le disque rassemble des morceaux du répertoire des années 1940, qui restent dans le souvenir comme les années de l'apogée du genre. On y trouve des classiques comme Volver et Soledad de Gardel et Le Pera, Fruta amarga et Torrente du duo Gutiérrez-Manzi, la célèbre milonga Pena Mulata où Sebastián Piana et Homero Manzi font revivre la Buenos Aires afro-américaine, et des chansons beaucoup moins fréquemment reprises comme Llorarás, llorarás, qui donne son titre au CD, et Duerme.

Vous pouvez retrouver Noelia Moncada dans l'interview qu'elle vient d'accorder à Leonardo Liberman (téléchargeable depuis le blog du journaliste grâce à Ivoox).
Noelia Moncada a également sa page Facebook officielle.
Voir enfin la présentation de la soirée sur le site Internet du centre culturel.

Les cent ans de José Bragato au Teatro Cervantes [à l'affiche]

Ce soir, vendredi 14 octobre 2015, à 20h30, la Orquesta Juan de Dios Filiberto fêtera les cent ans du Maestro José Bragato par un concert gratuit au Teatro Nacional Cervantes, esquina Córdoba y Libertad, dans le quartier de San Nicolás. Au programme, des œuvres du récent centenaire (c'était avant-hier), de Astor Piazzolla, dont il fut l'un des violoncellistes de prédilection, de Osvaldo Piro et d'autres.

A la baguette, Atilio Stampone et Oscar D'Elia, comme d'habitude avec cette formation.

José Bragato est né en 1915 en Italie d'où il a émigré avec sa famille pour s'installer à Buenos Aires à l'âge de 13 ans. Il fait partie de ses émigrés qui ont fait le tango dans les années 1930 et 1940, avant d'intégrer le célèbre Octeto de Astor Piazzolla en 1955, dont il devint l'un des arrangeurs. Il travailla aussi au sein de l'orchestre philharmonique de Buenos Aires et l'orchestre du Teatro Colón, l'opéra de la capitale argentine, avant de prendre sa retraite officielle en 1968.

Hier, Página/12 a rendu hommage au Maestro dans ses pages culturelles. L'agence de presse Télam l'avait fait dès le 8 octobre.

On peut aussi lire l'annonce officielle du concert de ce soir sur le site du Ministère national de la Culture.

mardi 13 octobre 2015

Sortie d'un documentaire sur les Salgán père et fils – n° 4500 [à l'affiche]


Il y a dix jours, alors que je me trouvais à Saint-Dié des Vosges au Festival international de Géographique (FIG), la documentariste d'origine nord-américaine Caroline Neal, le Maestro Horacio Salgán et son fils, le désormais pianiste César Salgán, ont accepté de donner une interview à Página/12 à l'occasion de la sortie d'un nouveau film documentaire, Salgán & Salgán (85 minutes couleurs), autour de ce duo musical père-fils, un long métrage qu'ils ont tous les deux déclaré ne pas avoir vu et ne pas vouloir voir. Ils se reconnaissent très timides et réservés ! Il a d'ailleurs fallu à la cinéaste beaucoup de patience pour obtenir leur participation : “Mi trabajo de convencerlos para filmarlos fue de hormiguita” : "mon travail pour les convaincre de se laisser filmer a été un petit travail de fourmi", dit-elle dans cette interview à Página/12 au lendemain de la première projection, le 2 octobre dernier.

Le film est en effet sorti au Malba (le musée d'art moderne de Buenos Aires à Palermo), le 1er octobre, et il y est projeté tout le mois, chaque vendredi, ainsi que à des dates diverses dans d'autres salles un peu partout dans la capitale fédérale et les provinces.

Une des pages culturelles de Página/12 (édition du 2 octobre 2015)

Extraits d'une interview où les deux hommes ont beaucoup plaisanté comme font souvent les timides pour éviter de se livrer :

¿Cómo surgió "Salgán & Salgán"?
Caroline Neal: –Yo iba a filmar el backstage de una entrevista, era algo muy chiquito. Pero enseguida vi que hay una relación muy interesante entre ellos, algo había ahí. Después sumamos a Alberto Muñoz, que trabajó en el guión. Sentimos que era un material muy rico, por lo que es cada uno y por la relación entre padre e hijo.
Página/12

- Comment est né Salgán & Salgán ?
Caroline Neal : J'allais filmer les coulisses d'une entrevue, un tout petit truc. Mais tout de suite, j'ai vu qu'il y avait une relation très intéressante entre eux, là il y avait quelque chose. Ensuite nous avons fait équipe avec Alberto Muñoz, qui a travaillé sur le scénario. Nous avons compris que c'était un matériel très riche, en ce qui concerne chacun d'eux et à cause de la relation entre père et fils.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Horacio Salgán: –Pero nadie sabe quién es el padre y quién el hijo (risas).
César Salgán: Hace poco fui a hacer un trámite. “¿Cómo se llama usted? Salgán. “¿Es algo del maestro?” Sí. “¡Ah, ya me parecía que era el hermano!” Y después me quedé pensando: ¡A lo mejor creía que era el hermano mayor! (risas).
Página/12

Horacio Salgán : Mais personne ne sait qui est le père et qui est le fils (rires).
César Salgán : Il y a peu je suis allé faire des démarches administratives. Comment vous appelez-vous ? Salgán. Vous êtes parent avec le musicien ? Oui. C'est donc ça, j'avais l'impression que vous étiez son frère ! Après, je me suis dit : Si ça se trouve, elle croyait que j'étais le frère aîné ! (rires).
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

[…]

C.S.: –Conociéndolo a mi papá, no sé cómo hizo Caroline para convencerlo, realmente. Porque él nunca fue de hablar y menos de cosas íntimas. De cosas musicales puede ser, pero de temas personales, jamás. ¡Si hasta logró filmarlo cuando yo le cortaba el pelo! A alguien que nunca fue afecto a dar entrevistas, por exceso de timidez, a alguien tan reservado... Si me lo cuentan, no les creo. Es que Caroline en un momento llegó a ser uno más. Sin darnos cuenta, se armó una linda relación entre los tres.
Página/12

César Salgán : Tel que je connais mon père (1), je ne sais pas comment Caroline s'y est prise pour le convaincre, je vous assure. Parce qu'il n'a jamais été homme à parler et encore moins d'affaires intimes. D'affaires musicales, je ne dis pas mais sur le plan personnel, jamais. Elle est même arrivée à le filmer pendant que je lui coupais les cheveux ! Quelqu'un qui n'a jamais couru après les interviews, par excès de timidité, quelqu'un de si réservé... Si on me le racontait, je ne le croirais pas. C'est que Caroline est arrivée à un moment à être l'une des nôtres. Sans que nous nous en rendions compte, c'est une belle relation qui s'est tissée entre nous trois.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

[...]

¿Y por qué no vieron la película?
H. S.: –Porque yo no lo quiero ver a él, y él no me quiere ver a mí (risas).
¿No me va a contestar nada en serio?
H. S.: –Yo podría haber hecho una gran cantidad de películas, aunque sean breves, pero podría haber hecho muchas cosas. Pero no, nunca me llamó la atención. No me gusta. No me interesa.
C. S.: –Inclusive, si le hacían una nota o estaba en un programa de televisión, él se quedaba con la imagen de lo que había hecho, pero no quería verlo después. Si yo le digo “van a pasar un programa tuyo por televisión”, él no lo mira.
Página/12

- Et pourquoi n'êtes-vous pas allés voir le film ?
Horacio Salgán : Parce que je ne veux pas aller le voir lui et lui il ne veut pas aller me voir, moi (rires)
- Vous ne voulez vraiment pas être sérieux et me répondre ?
Horacio Salgán : Moi, j'aurais pu faire des tas de films, fût-ce des films courts, mais j'aurais pu faire beaucoup de choses. Mais non, ça ne m'a jamais intéressé. Je n'aime pas ça. Ça ne m'intéresse pas.
César Salgán : Et même quant on l'interviewait ou qu'il participait à une émission de télévision, il restait sur l'impression de ce qu'il avait fait mais il ne voulait pas le voir après. Si je lui dis : on va diffuser une émission avec toi à la télévision, il ne la regarde pas.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

[...]

C. N.: –¡Es igual, en todo! (Risas.) César dice que no quiere ver una actuación suya filmada, porque él tiene un recuerdo lindo de cómo sonó y cuando lo ve filmado nunca es igual, saca esa gloria de la memoria.
C. S.: –Lo que creo es que a veces uno arriba del escenario, como en cosas de la vida, siente ciertas emociones. Entonces a veces después de una actuación, uno se queda con que fue una noche mágica, por el público, por la música. Se queda con esa imagen y después por ahí ve el video, y no fue tan así como uno lo sintió. Entonces tengo miedo de arruinar un recuerdo.
También podría suceder al revés...
C. S.: –Sí, pero hay muchos momentos que prefiero guardar como los viví y no volver a verlos. A él (Horacio) le pasó cuando grabó “Boedo”: pensó que había salido mal y no lo quería escuchar.
H. S.: –Tengo la imagen mía tocando el piano, que actuando fue horrible.
Página/12

Caroline Neal : Et c'est pareil pour tout ! [rires]. César dit qu'il ne veut pas voir un de ses spectacles à l'écran parce qu'il a un bon souvenir de la manière dont ça sonnait et quand il le voit à l'écran, ce n'est jamais pareil. Cela lui vole ce que le souvenir a de beau.
César Salgán : Ce que je crois, c'est que parfois on monte sur la scène, comme dans la vie, on ressent telles ou telles émotions. Et alors parfois, après le spectacle, on reste sur l'impression d'une nuit de magie, grâce au public, grâce à la musique. On reste sur cette impression-là et après on voit la vidéo et ce n'est pas comme ce qu'on a ressenti. Du coup, j'ai peur d'abîmer le souvenir.
- Le contraire pourrait aussi se passer...
César Salgán : D'accord, mais il y a plein de moments que je préfère garder tels que je les ai vécus sans les revoir. Pour lui (Horacio), ça lui est arrivé quand il a enregistré Boedo : il a cru que le résultat était mauvais et il ne voulait pas l'écouter.
Horacio Salgán : J'ai toujours cette impression de moi au piano, que je jouais et que c'était horrible.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

C. S.: –Cuando él grabó “Boedo” con la orquesta, en ese momento no se podía escuchar la grabación, había que esperar a que saliera el disco. Y él se quedó con la idea de que había una parte que no había tocado bien. Y no lo quiso volver a escuchar. Hasta que un día lo escuchó en un taxi y se dio cuenta de que no lo había tocado tan mal. Entonces sí, pueden pasar las dos cosas. Pero no estoy acostumbrado a verme, ni siquiera en fotos. Por ahí veo una foto mía en Facebook y la saco del muro, porque no la quiero ver. Imagínense en una película que habla de mí...
¿Y la directora qué opina?
C. N.: –Filmamos durante tanto tiempo, tantas cosas y tantas horas de material y charla, y resulta que elegí pedacitos de todo eso. Y verlo después así, digamos, destilado a su esencia, tal vez sería una experiencia muy fuerte. Tal vez sería shockeante para dos personas tan reservadas.
Página/12

César Salgán : Quand il a enregistré Boedo avec son orchestre, à ce moment-là il ne pouvait pas écouter l'enregistrement, il fallait attendre que le disque sorte. Et il est resté avec cette idée qu'il y avait un endroit où il n'avait pas bien joué. Et il n'a pas voulu le réécouter. Jusqu'à ce jour où il l'a entendu dans un taxi et il s'est rendu compte qu'il n'avait pas joué si mal. Alors c'est vrai, les deux choses peuvent arriver. Mais je ne m'habitue pas à me voir, même en photo. C'est pour ça que si je vois une photo de moi sur Facebook, je la retire du mur parce que je ne veux pas la voir. Alors imaginez un peu un film qui parle de moi...
- Et la réalisatrice, elle en pense quoi ?
Caroline Neal : Nous avons tourné si longtemps, tant de choses et tant d'heures de pellicule et de conversation, et du coup, j'ai choisi des tout petits bouts de tout ça. Et le voir comme ça, après, disons distillé dans son essence, ce serait sans doute une expérience très forte. Sans doute ce serait un choc pour deux personnes aussi réservés.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

C. S.: –El hilo conductor de lo que ha sucedido, por ahí lo ha visto Caroline, pero nosotros no. Al contrario, nosotros nos preguntamos: ¿de dónde sacó una historia? Para mí somos dos tipos que viven encerrados, él escribiendo, yo tocando y otras cosas, pero no pasó más que eso. Si a mí me dicen que tengo que escribir un guión de todos esos años, lo escribo en dos renglones: yo en mi casa tocando y mi papá conmigo. Creo que la historia la ha visto Caroline. Por otro lado, recibo comentarios de gente que la ha visto y le ha gustado, y entonces me da mucha intriga de saber qué hizo Caroline con lo nuestro, para que resulte interesante para otros. Porque insisto, para nosotros es muy rutinario.
H. S.: –Y bueno, yo por ahí quiero verlo, pero con anteojos negros... (risas)
Página/12

César Salgán : Le fil conducteur de ce qui s'est produit, de ce côté-là, Caroline l'a vu, nous non. Au contraire, nous nous nous demandions : d'où est-ce qu'elle a sorti une histoire ? Pour moi, nous sommes deux types qui vivons enfermés, lui à écrire et moi à jouer et d'autres trucs, et il ne s'est rien passé de plus. Si on me dit à moi qu'il faut que j'écrive un scénario sur toutes ces années, je l'écris en deux lignes : moi à la maison en train de jouer et mon père à côté de moi. Je crois que l'histoire, c'est Caroline qui l'a vue. D'un autre côté, les gens qui ont vu le film me font des commentaires, il leur a plu et ça m'intrigue beaucoup de savoir ce qu'a bien pu faire Caroline avec nous pour que ça s'avère intéressant pour les autres. Mais en ce qui nous concerne, j'insiste, c'est vraiment de la routine.
Horacio Salgán : OK, moi, je veux bien aller le voir, mais alors les yeux bandés... (rires) (2)
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Les recomiendo la película. Vayan a verla.
H. S.: –¿Quién trabaja?
Un tal Salgán.
H. S.: –Ah, sí... Me suena.
Página/12

- Je vous recommande ce film. Allez le voir.
Horacio Salgán : Il y a qui dedans ?
- Un certain Salgán.
Horacio Salgán : Ah oui... Ça me dit quelque chose.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)


Pour lire l'interview intégrale, cliquez ici.
Pour en savoir plus :
lire l'article de Clarín du 30 septembre 2015
lire l'article de La Nación du 30 septembre 2015 sur le documentaire
lire l'article de La Nación du 30 septembre 2015 sur Horacio Salgán et sa contribution dans le tango
lire la dépêche de Télam du 30 septembre 2015 avec bande-annonce du film
voir la fiche -encore embryonnaire- du film sur le site argentin Cine Nacional
Se connecter avec la page Facebook du film.



(1) Il est beaucoup plus fréquent en Argentine de parler en public de mi papá ou mi mamá dans des circonstances où l'usage francophone européen emploie père et mère. En Argentine, il ne s'agit pas d'un registre de langage enfantin ou réservé au cercle intime.
(2) Littéralement : avec des lunettes noires. En Argentine, anteojos negros, ce ne sont pas des lunettes de soleil (anteojos de sol) mais des lunettes aux verres obscurcis, pour priver de la vue celui qui les porte.

samedi 10 octobre 2015

Festival Enlaces de la UNTREF [à l'affiche]


Les étudiants de l'Université Nationale de Tres de Febrero, dans la très proche banlieue ouest de Buenos Aires, propose à partir d'aujourd'hui à 14h, du 10 au 12 octobre 2015, la douzième édition du Festival Enlaces, tirant ainsi profit du long week-end qui inclut lundi prochain, le 12 octobre, jour de l'hispanité (Día de la Raza), dans toute la zone hispanophone, rebaptisé récemment en Argentine fête de la diversité culturelle : le festival présente des artistes émergents et une foule de propositions artistiques et culturelles dans tous les genres, cinéma, musique, théâtre, arts visuels, nouvelles technologies. Pour tous les publics, il y a même une section jeunesse et enfance.

Toutes les activités sont libres et gratuites. La manifestation se tient sur le campus de l'université Villa Lynch, rue du Dr Springolo, entre Pasaje Marín et Benito Lynch, dans le quartier de Sáenz Peña.

La manifestation dispose de ses propres pages sur le site Internet de l'université et d'un espace Facebook.

Nouvelle initiative culturelle de Abuelas [à l'affiche]


Hier, l'ONG Abuelas de Plaza de Mayo a inauguré une nouvelle exposition autour du droit à l'identité qui est au cœur de son combat pour retrouver tous les enfants volés à leurs parents par la Dictature militaire et confiés à d'autres familles grâce à des papiers falsifiés.

Dans son pavillon de l'Espace pour la Mémoire, sur le campus de l'ancienne Ecole supérieure de Mécanique de la Marine (ESMA), où nombre d'opposants ont été torturés et assassinés, l'ONG a organisé une exposition qui rassemble des écrivains et des illustrateurs jeunesse soucieux de sensibiliser les enfants à cette question douloureuse. Comme je l'ai expliqué sur ma page Facebook ce matin, en Argentine, de larges secteurs de l'opinion publique restent réticents, voire hostiles à la démarche de ces ONG, leur reprochant de rouvrir sans cesse les blessures de l'histoire. Un peu comme cela s'est passé en Europe pendant un peu plus d'un demi-siècle autour des crimes commis sous l'Occupation nazie par les collaborateurs nationaux avec le IIIe Reich (1). Il faudra sans doute le même temps à la société argentine pour surmonter ces traumatismes. En attendant, Abuelas ne baisse pas la garde et continue la lutte en investissant encore et toujours le monde de la culture, dans des démarches innovantes et parfois assez surprenantes.

Images extraites de la page Facebook de l'Espacio para la Memoria

Pour en savoir plus :


(1) Et remarquons que si le travail de réparation a fini par s'accomplir, c'est aussi parce que la plupart de nos Etats ont mené les procès qui s'imposaient, comme l'Argentine s'est remis à le faire à partir de 2004, au prix de polémiques sans fin.

Jorge Mendoza présente son spectacle sur Troilo à Buenos Aires [à l'affiche]


Depuis le mois dernier, l'artiste mendocin Jorge Mendoza présente dans la capitale fédérale un hommage à Aníbal Troilo, intitulé Che bandoneón (1), tous les dimanches à 17h à l'Auditorio Losada, avenida Corrientes 1551.

Che Bandoneón se donnera encore tout au long du mois d'octobre.

Sept artistes sont en scène pour un spectacle mêlant musique, danse, poésie, anecdotes et humour.


(1) Titre de l'un de ses plus célèbres morceaux. Les paroles, signées Homero Manzi, font partie du corpus que j'ai présenté dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, que j'ai publié en mai 2010 aux Editions du Jasmin et que je dédicacerai à nouveau demain dimanche, au salon du livre de Migennes, sur le stand de l'éditeur.

En lo de Jac ce soir [à l'affiche]


Comme presque tous les samedis, la chanteuse Jacqueline Sigaut et le pianiste Victor Simon vous invitent ce soir, samedi 10 octobre 2015, à 21h30, à Palermo, près de Plaza Italia, pour une soirée de musique tous azimuts et à la bonne franquette.

La soirée se passant chez la chanteuse, il est indispensable de s'inscrire à l'avance auprès d'elle par le mail (tout est indiqué sur l'affiche). Et surtout arrivez à l'heure : à Buenos Aires, le maître de maison doit venir lui-même vous ouvrir la porte. Aucun autre moyen d'entrer !

Enquête exclusive de Página/12 en forme de palmarés de la démocratie [Actu]

La une d'aujourd'hui
Le gros titre : "Tableau d'honneur"
En pleine campagne électorale !

Ce matin, Página/12 analyse un sondage exclusif sur les plus populaires des présidents depuis le retour de la démocratie. Sans trop de surprise, on y voit arriver en première place Néstor Kirchner, plébiscité pour son travail économique (il a été élu en 2003, immédiatement après la faillite du pays dont il a redynamisé peu à peu l'activité). En seconde place, arrive Cristina de Kirchner qui est à la fois son successeur et sa veuve, pour sa politique sociale (il est vrai qu'elle a un beau palmarès dans ce domaine même s'il reste partout dans le pays des poches de pauvreté et même d'indigence qui sont loin d'être résorbées) (1). A la troisième place, arrive Raúl Alfonsín, le président du retour à la démocratie en 1983, dont les sondés ont salué l'honnêteté.

Il n'est pas anodin que les trois autres présidents, Duhalde, Menem et De La Rúa, sont les trois chefs d'Etat impliqués dans la faillite du pays, qu'ils l'aient provoquée ou aggravée en perdant leur sang-froid, leur bon sens ou le sens de l'intérêt général.

Página/12 publie ces résultats au lendemain d'un arrêt italien qui lave la Présidente des accusations qu'avait lancées contre elle un grand quotidien de la Botte, l'accusant de profiter de ses visites à la FAO pour s'acheter des bijoux chez les grands joailliers européens. La décision des juges italiens arrive à point pour accentuer l'avance du candidat appelé à remplacer Cristina, Daniel Scioli, qui ne cesse de creuser l'écart avec ses adversaires, Mauricio Macri et Sergio Massa, à tel point que Mauricio Macri, le second des sondages, vient une seconde fois de virer à gauche en tentant de récupérer l'héritage péroniste. Avant-hier, Macri, si antipéroniste jusqu'à présent, a inauguré un monument à la gloire de Perón dans la ville de Buenos Aires. Un retournement de veste assez stupéfiant qui semble compter pour rien la mémoire politique de l'électeur.

La une d'hier
Página/12 reprend une célèbre formule et la détourne, avec son humour habituel
Los muchachos peronistas (les jeunes péronistes) devient Los muchachos pronistas (qui condensent le sigle du PRO, le parti de Macri, avec l'adjectif peronistas, quelques vieux de la vieille ayant bizarrement retourné leur veste eux aussi, comme le leader des camionneurs cégétistes Hugo Moyano, sur la gauche de la photo)

Página/12 suit donc le parti d'en rire et de démontrer comment l'homme politique qui gouverne aujourd'hui la Ville Autonome de Buenos Aires (2) court derrière l'opinion publique comme une girouette.

Pour en savoir plus :
lire l'article de une d'aujourd'hui sur le sondage dans Página/12
lire l'éditorial d'aujourd'hui sur le procès pour diffamation et son verdict en appel
lire l'article d'hier sur l'arrêt de la Cour d'Appel à Rome
lire l'article de une d'hier sur l'inauguration du monument en souvenir de Perón par le Gouvernement portègne.



(1) Sur ces zones de pauvreté, il faut toutefois distinguer, et ce n'est pas toujours facile, entre la responsabilité du gouvernement national et celle du gouvernement provincial. La politique menée pendant huit ans par Cristina a été de réorganiser la redistribution et a développé la classe moyenne en zone urbaine. En revanche, elle a rendu la vie plus difficile à cette même classe moyenne dans les zones rurales.
(2) Son successeur a déjà été élu. Il s'agit de son actuel Premier ministre, Horacio Rodríguez Larreta, qui prendra ses fonctions le 10 décembre prochain, comme à peu près partout en Argentine.

vendredi 9 octobre 2015

Cucuza fête ses quarante ans de chanson ce soir au Torquato [à l'affiche]


Difficile reprise pour moi après un salon du livre très intense et passionnant à Saint-Dié des Vosges le week-end dernier, suivi d'un très méchant rhume, imitant assez bien les effets d'une grippe, dès lundi matin ! Mais je ne voulais pas manquer cette occasion-ci : Cucuza Castiello fêtera ce soir, vendredi 9 octobre 2015, et la semaine prochaine, le 16 octobre, à 21h, ses quarante ans de chanson (et donc de tango) au Centro Cultural Torcuato Tasso, Defensa 1575, au sud du quartier de San Telmo.

Droit au spectacle : 150 $ ARG. Ce à quoi il faut ajouter le prix du repas ou des consommations (le centre est aussi un bistrot à la portègne, avec une cuisine simple et familiale, de qualité, d'ailleurs!)

Cucuza n'est pas seulement un grand chanteur de tango. C'est aussi un ami personnel, car vous avez compris si vous êtes assidus à Barrio de Tango que nombre des acteurs de la culture argentine dont je parle ici sont devenus, au fil des années, de véritables amis... Vous aurez aussi constaté que depuis deux ou trois ans, les affiches n'annoncent plus comme il y a une dizaine d'années Cucuza mais Cucuza Castiello, voire, encore plus officiel, Hernán "Cucuza" Castiello, un signe manifeste du succès de l'artiste qui est passé progressivement de cantor de mi barrio (1), qui rayonnait dans l'ouest de Buenos Aires, du côté de Villa Urquiza et dans les quartiers limitrophes, à un artiste reconnu dans toute la ville et Dieu sait si Buenos Aires n'est plus depuis longtemps réduit à un petit village... Il a depuis plusieurs années une place dans toutes les éditions du Festival de Tango de Buenos Aires même si je n'ai pas toujours le loisir d'en parler dans ces colonnes.

Cucuza n'a que quarante-six ans. Pour savoir à quel âge il a commencé à chanter, vous faites le calcul vous-même et vous pouvez vous aider de l'image sur l'affiche (sur la gauche).

Cucuza au Torquato en juin dernier, concert retransmis sur Canal de la Ciudad
Régalez-vous

Ce soir, Cucuza a invité un autre chanteur qui a débuté lui aussi haut comme trois pommes, longtemps connu comme Guillermito, le chanteur-auteur et compositeur Guillermo Fernández, qui fut l'enfant prodige de l'émission de télévision Grandes Valores del Tango, dans ces années assez tristes où le tango se portait pourtant très mal (celles qui vont du renversement de Perón en 1955 à la première alternance démocratique en 1990).

Pour l'occasion, Cucuza sera accompagné de ses partenaires désormais habituels : Noelia Sinkunas au piano, Sebastián Zasali au bandonéon et Mateo Castiello, son fils, à la guitare.

Si vous vous trouvez à Buenos Aires et que vous souhaitez assister à la soirée, il est fortement recommandé de réserver vos places, comme indiqué sur l'affiche.

Pour en savoir plus sur l'artiste dans notre langue, cliquez sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus. Consulter aussi son canal Youtube.


(1) Titre d'un tango. En français : chanteur de mon quartier.