mercredi 12 janvier 2011

Les adieux à María Elena Walsh [Actu]

Tápenme cuando me muera
con una manta tejida
por mis paisanas.

No se acaben todavía,
angelitas de las guardas,
ay, madres mías.
María Elena Walsh, La Paciencia Pobrecita
(musique : Oscar Alem)

Recouvrez-moi, quand je mourrai,
avec un châle tissé
par mes payses.

Ne disparaissez pas si vite,
Petites anges gardiennes
oh ! Mes mères...
(Traduction Denise Anne Clavilier)


C'est d'après ces vers que la poète et compositrice María Elena Walsh avait demandé à la compagne de sa vie, la photographe Sara Facio, d'organiser ses obsèques. Et c'est ce qui fut fait. Un châle tissé aux motifs typiques des campagnes du nord de l'Argentine reposait sur le cercueil qui a été déposé, hier midi, dans le caveau de la Sadaic, la société des auteurs et compositeurs argentins, au cimetière de la Chacarita. María Elena Walsh repose désormais à côté d'autres très grands artistes créateurs qui ont tous contribué comme elle à construire la culture de leur tout jeune pays.

De très nombreuses personnalités sont venues rendre leurs derniers devoirs à l'artiste lorsque son cercueil était encore, jusqu'à hier matin, dans la chapelle ardente montée à la Sadaic : parmi les musiciens, on y a vu Jairo, Amelita Baltar, Victor Heredia, Susana Rinaldi, Teresa Parodi et Pipo Pescador, autre grand musicien qui a travaillé pour les enfants (1) avant de s'adresser, à présent, au public des adultes. Eduardo Falú, grand artiste folkloriste et vice-président de la Sadaic, agissait en qualité de maître de cérémonie.

Pour les droits de l'homme, on a vu à la chapelle ardente Estella de Carlotto, présidente de Abuelas de Plaza de Mayo, et la vice-présidente, Rosa Roisinblit. Et les politiques sont venus eux aussi, avec quelques arrière-pensées électoralistes qui se sentent à des kilomètres à la ronde : Hernán Lombardi, le ministre de la culture du Gouvernement Portègne (lui, il ne pouvait pas faire autrement, mais on n'a pas vu son patron), Ricardo Alfonsín, le fils de Raúl, le président du retour à la démocratie en décembre 1983, actuellement probable candidat à la présidence de la république pour l'UCR (le parti radical), Felipe Solá qui est le chef d'un courant du Partido Justicialista (le parti péroniste de l'actuelle présidente) qui a fait alliance l'année dernière avec le PRO (le parti de Mauricio Macri), et du côté du Gouvernement national, Jorge Coscia, le Secrétaire d'Etat à la Culture, et la Présidente elle-même, venue discrètement, à 23h passées, présenter ses condoléances à la famille et repartie sans faire de déclaration publique.

Página/12 consacre une bonne part de ses pages culturelles à cet adieu et publie le dernier reportage en date qui fut consacré à la disparue de son vivant. C'était en 2008 dans les pages du supplément Яadar.

Pour aller plus loin :
lire le supplément Cultura y Espectaculos de Página/12 aujourd'hui.

(1) Alorsa y fait allusion dans l'une de ses chansons rioplatense, Clase 70. Clase 70 est intégré dans le chapitre que j'ai consacré à cet auteur-compositeur-interprète trop tôt disparu, dans 200 ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango (revue Triages, ed. Tarabuste, à paraître en janvier 2011).