vendredi 6 juin 2014

Le Pape devient un héros péroniste. On aura tout vu ! [Actu]

Le Pape François a pris il y a quelques jours déjà des positions remarquées en Argentine sur les effets pervers de la politique du tout répressif et les manipulations des faits auxquels se livrent des groupes médiatiques sur la question d'un vivre ensemble moins violent et plus sûr pour tous (il y a très longtemps que le Pape, même avant son élection, dénonce les pratiques malhonnêtes de certains organes de presse et il ne vise pas que Clarín et La NaciónPágina/12 a eu son lot de critique, lui aussi, lui qui a mené la campagne de calomnie contre lui lorsqu'il vivait encore en Argentine).

"Ce sont les plus humbles qui sont les victimes [du système] et la liberté de tous est mise à mal"
Extrait de la lettre du juge au Pape
sur fond de montage photographique

A Buenos Aires, le Congrès est depuis plusieurs semaines attelé à un débat sur une refonte du code pénal, la droite (et pas elle seule) veut renforcer la répression (et Clarín et La Nación montent en épingle tous les faits divers qui apparaissent) tandis que la majorité kirchneriste tâche d'intégrer une dose de prévention dans les dispositifs judiciaires, notamment vis-à-vis des mineurs.

Página/12 commente aujourd'hui un courrier que Raúl Zaffaroni, juge kirchneriste à la Cour Suprême, a envoyé au Pape pour le remercier de sa prise de position, au nom d'un collectif de juristes latino-américains militants des droits de l'homme avec lequel l'ancien cardinal avait déjà travaillé lorsqu'il était l'archevêque de Buenos Aires. Le quotidien de la majorité nationale en fait même sa une du jour !

Les choses ont bien changé en moins de dix-huit mois. Qui aurait pu imaginer avant mars 2013 que ce journal pourrait hisser la couleur pontificale pour faire valoir ses causes progressistes ?

Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12 sur les positions exposées par Raúl Zaffaroni.
Ce magistrat est un personnage très intéressant. C'est un homme aux propos équilibrés qui s'efforce de faire régner l'esprit de dialogue dans une vieille institution argentine qui a longtemps été un bastion d'une oligarchie peu portée à la démocratie et au débat contradictoire. Une vieille institution qui évolue au coup par coup et qui vient de donner un nouveau nom à la salle d'audience où se déroulent les procès concernant les crimes de la dictature militaire de 1976-1983 : elle s'appelle désormais le Salon des droits de l'homme. Voir l'article sur le sujet dans l'édition de Página/12 ce matin.