Le
Pape François a pris il y a quelques jours déjà des positions
remarquées en Argentine sur les effets pervers de la politique du
tout répressif et les manipulations des faits auxquels se livrent
des groupes médiatiques sur la question d'un vivre ensemble moins
violent et plus sûr pour tous (il y a très longtemps que le Pape,
même avant son élection, dénonce les pratiques malhonnêtes de
certains organes de presse et il ne vise pas que Clarín et La Nación
– Página/12 a eu son lot de critique, lui aussi, lui qui a mené
la campagne de calomnie contre lui lorsqu'il vivait encore en
Argentine).
"Ce sont les plus humbles qui sont les victimes [du système] et la liberté de tous est mise à mal" Extrait de la lettre du juge au Pape sur fond de montage photographique |
A
Buenos Aires, le Congrès est depuis plusieurs semaines attelé à un
débat sur une refonte du code pénal, la droite (et pas elle seule)
veut renforcer la répression (et Clarín et La Nación montent en
épingle tous les faits divers qui apparaissent) tandis que la
majorité kirchneriste tâche d'intégrer une dose de prévention
dans les dispositifs judiciaires, notamment vis-à-vis des mineurs.
Página/12
commente aujourd'hui un courrier que Raúl Zaffaroni, juge
kirchneriste à la Cour Suprême, a envoyé au Pape pour le remercier
de sa prise de position, au nom d'un collectif de juristes
latino-américains militants des droits de l'homme avec lequel
l'ancien cardinal avait déjà travaillé lorsqu'il était
l'archevêque de Buenos Aires. Le quotidien de la majorité nationale
en fait même sa une du jour !
Les
choses ont bien changé en moins de dix-huit mois. Qui aurait pu
imaginer avant mars 2013 que ce journal pourrait hisser la couleur
pontificale pour faire valoir ses causes progressistes ?
Pour
en savoir plus :
lire
l'article de Página/12 sur les positions exposées par Raúl
Zaffaroni.
Ce
magistrat est un personnage très intéressant. C'est un homme aux
propos équilibrés qui s'efforce de faire régner l'esprit de
dialogue dans une vieille institution argentine qui a longtemps été
un bastion d'une oligarchie peu portée à la démocratie et au débat
contradictoire. Une vieille institution qui évolue au coup par coup
et qui vient de donner un nouveau nom à la salle d'audience où se
déroulent les procès concernant les crimes de la dictature
militaire de 1976-1983 : elle s'appelle désormais le Salon des
droits de l'homme. Voir l'article sur le sujet dans l'édition de
Página/12 ce matin.