jeudi 19 juin 2014

Une fête tripolaire en Uruguay [Actu]

Une du supplément papier de La República (sans contenu en ligne).
En manchette supérieure, les couleurs de l'Uruguay fédéraliste d'Artigas,
avant l'indépendance, acquise seulement en 1830.
En mode mineur, à en croire au moins la presse, l'Uruguay fête aujourd'hui les deux cent cinquante ans de la naissance de don José Gervasio Artigas (1764-1850), le plus grand héros de l'indépendance du pays. Les célébrations se partagent entre Sauce, ville supposée de sa naissance (malgré la présence de ce qui est présenté comme sa maison, la réalité historique est contestée), Paysandú et Artigas, la commune qui a été baptisée de son nom. On y attend concerts, bals et feux d'artifice. A Sauce même, la fête a commencé à 8h du matin et dure toute la journée !

En haut à gauche, l'humiliante défaite des Espagnols au Mundial
en vedette le joueur-phare de l'équipe uruguayenne, la Celeste (la bleu ciel)
avec un gros titre qui paraphrase le refrain de l'hymne britannique.

Cet après-midi, la Celeste joue contre l'Angleterre son avenir (se juega la vida) dans certaine compétition mondiale qui se tient au Brésil et ce qui se passe aujourd'hui à Madrid ne laisse pas indifférents les habitants de l'Amérique hispanique, surtout au lendemain d'une défaite sportive plus que symbolique pour les pays du Cône Sud (l'Espagne, championne du monde, sortie du Mundial dès le premier tour par le Chili, façon victoire de Maipú en avril 1818). Cette conjonction d'événements m'avait fait soupçonner dès hier que le traitement médiatique serait atténué. Mais à ce point ! Je n'aurais même pas osé l'envisager. D'autant que cet anniversaire est inscrit depuis toujours au programme du Bicentenaire uruguayen (pour la phase 1813-1815).

Supplément gratuit de La República

Aucune une nationale ne fait référence à cet anniversaire, à part une portada conçue par La República sans contenu en ligne, même dans l'édition du jour (il s'agit d'un supplément vendu avec le journal papier).
Dans tous les journaux, les articles sont courts et peuvent même se révéler acrimonieux, comme cet entrefilet de La República qui relève plusieurs erreurs dans les citations de José Artigas choisies pour figurer sur le nouveau mausolée du héros. Il faut dire qu'en effet, ça fait tache !

En gros titre principal : "ça passe ou ça casse".
En haut à gauche, une petite manchette sur la monarchie espagnole
Sous le gros titre, un joueur espagnol en pleurs.
Et tout en bas, quatre vignettes de Mafalda, autre héroïne de l'année.

La República a toutefois habillé aux couleurs du jour son supplément jeunesse, Charoná, et El Observador a consacré une page intérieure complète à l'événement. Pour une figure de cette taille, ce traitement manque singulièrement d'enthousiasme. Espérons que demain les journaux se seront repris car la fête est prévue pour se dérouler tout le week-end à venir, mais peut-être faudra-t-il pour cela que le résultat d'aujourd'hui soit favorable, surtout quand le match se joue au Brésil (1).

Pour finir en chanson :
Vidalita a José Artigas, de et par Alfredo Zitarrosa, le grand chanteur uruguayen
mis en ligne par Puro Sonido.

Pour aller plus loin :
lire l'article de El Observador, qui publie aussi les vingt affiches qui ont gagné le concours de créativité autour de ce deux cent cinquantième anniversaire
visiter le site Internet du Bicentenaire de l'Uruguay.




(1) En écrasant les Uruguayens à Tacuarembó en janvier 1820, c'est le Brésil, alors lui-même en voie d'émancipation, qui a mis fin à la carrière politique et militaire de José Artigas, qui devait encore vivre trente ans dans un triste exil au Paraguay.