Une du supplément papier de La República (sans contenu en ligne). En manchette supérieure, les couleurs de l'Uruguay fédéraliste d'Artigas, avant l'indépendance, acquise seulement en 1830. |
En
mode mineur, à en croire au moins la presse, l'Uruguay fête
aujourd'hui les deux cent cinquante ans de la naissance de don José
Gervasio Artigas (1764-1850), le plus grand héros de l'indépendance du pays.
Les célébrations se partagent entre Sauce, ville supposée de sa
naissance (malgré la présence de ce qui est présenté comme sa
maison, la réalité historique est contestée), Paysandú et
Artigas, la commune qui a été baptisée de son nom. On y attend
concerts, bals et feux d'artifice. A Sauce même, la fête a commencé
à 8h du matin et dure toute la journée !
Cet
après-midi, la Celeste joue contre l'Angleterre son avenir (se juega
la vida) dans certaine compétition mondiale qui se tient au Brésil
et ce qui se passe aujourd'hui à Madrid ne laisse pas indifférents les
habitants de l'Amérique hispanique, surtout au lendemain d'une
défaite sportive plus que symbolique pour les pays du Cône Sud
(l'Espagne, championne du monde, sortie du Mundial dès le premier tour
par le Chili, façon victoire de Maipú en avril 1818). Cette
conjonction d'événements m'avait fait soupçonner dès hier que le
traitement médiatique serait atténué. Mais à ce point ! Je
n'aurais même pas osé l'envisager. D'autant que cet anniversaire est inscrit
depuis toujours au programme du Bicentenaire uruguayen (pour la phase
1813-1815).
Supplément gratuit de La República |
Aucune
une nationale ne fait référence à cet anniversaire, à part une
portada conçue par La República sans contenu en ligne, même dans l'édition du jour (il s'agit d'un supplément vendu avec le journal papier).
Dans tous les journaux, les articles sont courts et peuvent même se révéler acrimonieux, comme cet entrefilet de La República qui relève plusieurs erreurs dans les citations de José Artigas choisies pour figurer sur le nouveau mausolée du héros. Il faut dire qu'en effet, ça fait tache !
Dans tous les journaux, les articles sont courts et peuvent même se révéler acrimonieux, comme cet entrefilet de La República qui relève plusieurs erreurs dans les citations de José Artigas choisies pour figurer sur le nouveau mausolée du héros. Il faut dire qu'en effet, ça fait tache !
La
República a toutefois habillé aux couleurs du jour son supplément
jeunesse, Charoná, et El Observador a consacré une page intérieure
complète à l'événement. Pour une figure de cette taille, ce traitement manque singulièrement d'enthousiasme. Espérons que demain les journaux
se seront repris car la fête est prévue pour se dérouler tout le
week-end à venir, mais peut-être faudra-t-il pour cela que le
résultat d'aujourd'hui soit favorable, surtout quand le match se
joue au Brésil (1).
Pour finir en chanson :
Vidalita a José Artigas, de et par Alfredo Zitarrosa, le grand chanteur uruguayen
mis en ligne par Puro Sonido.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de El País
lire
l'article de Red 21
lire
l'article de El Observador, qui publie aussi les vingt affiches qui
ont gagné le concours de créativité autour de ce deux cent
cinquantième anniversaire
visiter
le site Internet du Bicentenaire de l'Uruguay.
(1)
En écrasant les Uruguayens à Tacuarembó en janvier 1820, c'est le
Brésil, alors lui-même en voie d'émancipation, qui a mis fin à la carrière
politique et militaire de José Artigas, qui devait encore vivre
trente ans dans un triste exil au Paraguay.