Hier,
la Présidente argentine Cristina Kirchner a annoncé en direct à la télévision depuis la Casa Rosada l'augmentation de 30 % des différentes allocations familiales, qui
en Argentine sont accordées sous condition de revenus (elles ne sont
destinées qu'aux plus pauvres). Ces allocations, qui sont une
innovation des Kirchner, sont l'allocation dite universelle par
enfant AUH (accordée à tout le monde quelle que soit la situation
sociale, salariat, indépendance, chômage ou travail non déclaré)
(1), les allocations grossesse, adoption, mariage, conjoint à
charge, ainsi que l'allocation familiale (pour les salariés
déclarés, actifs ou retraités, ayant des enfants mineurs, majeurs
à charge ou handicapés).
Cette
augmentation, qui est la même que celle du minimum vieillesse, entre
en vigueur dès le 1er
juin, donc avec valeur rétroactive.
Par
ailleurs, la présidente a annoncé l'envoi immédiat au Congrès
d'un projet de loi portant sur l'indexation automatique de ces
allocations deux fois par an, comme c'est déjà le cas depuis des
années du minimum vieillesse. D'après Cristina Kirchner, qui revient
d'avoir reçu un prix de la FAO pour sa lutte contre la faim, ces
mesures sont de nature à lutter contre la pauvreté des plus
démunies. Et oui, cela se voit lorsqu'on observe ce qu'il se passe
en Argentine année après année (même s'il reste beaucoup à
faire !)
Tableau des nouveaux plafonds et montants Asignación : allocation Tope : plafond de revenus Ahora : maintenant Cobrará : touchera Cliquez sur l'image pour en lire le contenu |
Comme
à chaque augmentation de ce genre, l'opposition crie à l'opération
électoraliste mais il se trouve qu'en Argentine, l'inflation est
telle qu'il faut de toute manière revaloriser très fréquemment les
seuils si l'on veut maintenir aux plus démunis un minimum de pouvoir
d'achat. Donc période électorale ou non, il faut prendre des
décisions. Il est vrai toutefois que la date des primaires
obligatoires nationales pour l'élection présidentielle et pour les
élections législatives est vraiment très proche et que si ces
mesures ne faisaient pas de bien à la majorité sortante, elle ont
vraiment très peu de chances de lui faire du mal...
Le
même jour, la presse commente les chiffres de l'INDEC, l'institut
national de statistiques, qui vient d'annoncer une légère baisse du
travail au noir (de 32,8% à 31,9% de l'activité totale) et une
inflation de 1% sur le mois passé. Sur les cinq premiers mois de
l'année, l'inflation serait de 5,7% (chiffres officiels). La
crédibilité de ces chiffres est mieux reconnue depuis le début de
l'année, quand sont entrés en vigueur les nouveaux modes de calcul
élaborés en partenariat technique avec le FMI, ce qui contribue à
élever l'INDEC vers les standards des institutions homologues des
pays industrialisés. Chose étonnante : Clarín, La Prensa et
La Nación commentent ce matin les chiffres de l'INDEC sans faire
appel à d'autres données divergentes en provenance d'officines
privées (comme c'était le cas jusqu'à présent et comme vous
pouvez le constater dans mes articles précédents sur les mêmes
sujets), à la seule différence de Clarín qui fait appel aux
chiffres du Gouvernement de la Ville de Buenos Aires (opposition
nationale).
En
pleine période électorale, cette nouvelle attitude éditoriale
mérite d'être notée. Elle est probable qu'elle soit significative
de la fiabilité que l'INDEC est en train de gagner dans l'outillage
économique de l'Etat.
Par ailleurs, le Gouvernement a aussi annoncé l'augmentation des indices de rémunération des militaires et des policiers, avec effet en deux temps ; à partir de ce mois de juin et à partir d'août. Lire l'article de La Nación sur le sujet.
Par ailleurs, le Gouvernement a aussi annoncé l'augmentation des indices de rémunération des militaires et des policiers, avec effet en deux temps ; à partir de ce mois de juin et à partir d'août. Lire l'article de La Nación sur le sujet.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Clarín
lire
la dépêche de Télam
Sur
les statistiques de l'INDEC
lire
l'article de La Nación sur la baisse du travail au noir
lire
l'article de La Prensa sur les chiffres de l'inflation pour le mois
de mai
lire
l'article de Clarín sur l'inflation
L'économie
argentine vue à travers la lentille catholique :
lire
l'article de La Nación sur l'étude publiée par la UCA (université
catholique de Buenos Aires) sur les carences alimentaires des
petits-déjeuners des enfants et adolescents (17% des jeunes seraient
concernés)
lire
l'article de La Prensa sur les récentes déclarations du Pape
François sur les accusations de communisme qui lui sont adressées
dès qu'il parle de la pauvreté.
(1)
Le travail non déclaré représenterait entre 32 et 35% de
l'activité économique (40% disent les plus pessimistes et disait la
majorité il y a dix ans). Dans la majeure partie des cas, le salarié
subit ces conditions d'emploi que lui impose son employeur. Ce n'est
un choix éventuel que chez les indépendants (et là c'est très
fréquent) et sur des activités d'appoint chez certains salariés
qui arrondissent leurs fins de mois de travailleurs déclarés par
ailleurs.