lundi 8 juin 2015

Nouvelle audience pontificale pour Cristina - Article n° 4300 [Actu]


Hier après-midi, Cristina Fernández de Kirchner a eu une nouvelle entrevue officielle avec le Pape François qui, à la surprise générale, a largement excédé les 20 ou 30 minutes que les politologues avaient envisagées. Tous les deux se sont entretenus pendant près de deux heures, de 17h à 19h, et ils ont abordé essentiellement des thèmes de politique étrangère : la paix et l'intégration continentale en Amérique latine, l'organisation désormais multipolaire du monde ainsi que les conflits qui secouent la planète et dont le Pape s'est dit inquiet à de nombreuses reprises, en particulier la veille dans la ville martyre de Sarajevo.

Photo Casa Rosada
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La Présidente argentine, qui était aussi attendue au siège de la FAO, où elle a été distinguée pour son action contre la faim dans son pays (1), était accompagnée d'une suite conséquente d'une vingtaine de personnes, dont le ministre des Affaires étrangères, celui de l'agriculture, le secrétaire d'Etat aux Cultes, l'administrateur du Banco de la Nación et Alicia Barrios, une journaliste bien connue de l'ancien archevêque de Buenos Aires, dont elle a publié une biographie quelques mois après son élection lors du Conclave de mars 2013. C'était hier la fête des journalistes en Argentine. Et pour cette raison, malgré la fine pluie qui mouillait la Ville Eternelle, le Pape et la Présidente sont sortis pour saluer les journalistes qui attendaient à l'extérieur pour prendre les photos et les vidéos exigées par leurs rédactions respectives au pays.

Cristina et le Pape sont relégués dans la manchette du bas à gauche, sans photo
tandis que la une et la photo sont pour l'accident de chemin de fer
A l'heure où je mets cet article en ligne, seul un blessé reste hospitalisé.

Sur la situation nationale argentine, Cristina Kirchner a assuré, lors de sa brève conférence de presse dans la soirée, qu'il n'avait pas été question des affaires électorales intérieures (un sujet qui n'était d'après elle digne ni de lui ni d'elle au regard de l'actualité internationale brûlante et du combat du Pape en faveur de la paix). Seuls de deux points ont été abordés : les travaux de restauration de la basilique nationale de Luján, dont Cristina semble être si fière qu'elle en a dépaysé le traditionnel Te Deum du 25 mai (voir mon article du 26 mai 2015), et la grande cérémonie de transfert du sabre de San Martín dont j'ai eu l'occasion de vous parler dans Barrio de Tango (voir mon article du 25 mai dernier et l'ensemble des articles sur la fête nationale du 25 de Mayo). Bref, rien que des événements au fort pouvoir symbolique et patriotique en ces années de bicentenaire du pays et deux semaines après la fête nationale argentine.

Comme pour Clarín, cliquez sur l'image
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Une bonne partie de la presse nationale revient en une ce matin sur cette audience, souvent avec plusieurs articles, notamment dans Página/12, malgré la survenue d'un grave accident ferroviaire très tôt ce matin dans la banlieue sud de Buenos Aires, qui a fait 45 blessés légers (2). La Présidente a d'ores et déjà laissé planer l'idée qu'elle reverrait le Saint-Père lors de sa tournée en Amérique latine en juillet prochain (Cuba, Pérou, Bolivie et Paraguay) : Si on l'invite, elle viendra, a-t-elle déclaré. Et vu les excellentes relations diplomatiques qu'elle a avec ses homologues cubain, péruvien et surtout bolivien, il est à peu près sûr qu'elle a déjà la certitude qu'elle sera invitée. Les choses vont sans doute se passer comme lors des JMJ au Brésil, lorsque Dilma Roussef avait invité tous ces homologues du Mercosur à la rejoindre sur la plage de Copacabana pour la grande messe finale, ce qui avait rehaussé encore un peu plus le prestige de cette réussite planétaire pour le Brésil. Il serait étonnant que la Bolivie, le Pérou ou le Paraguay ne tentent pas la même opération, sans parler de Cuba dont l'intérêt diplomatique immédiat est concerné au premier plan à l'heure où la levée du blocus permet enfin au pays de s'ouvrir à l'extérieur.


L'Osservatore Romano, des 8 et 9 juin 2015
Extrait de la une

Pour aller plus loin :
lire l'article principal de Página/12 (plusieurs rédacteurs se partagent les articles sur les activités romaines de la Présidente. Je n'y ai pas vu le nom de la correspondante sur place, Elena Llorente)
lire l'article de Clarín, qui préfère jouer le fait divers ferroviaire sur sa une
lire l'article principal de La Nación, laissé à Mariano De Vedia (en lieu et place de Elizabeta Piqué)
Par ailleurs, Página/12 revient aussi sur l'intervention présidentielle devant l'assemblée de la FAO, La Prensa sur la rencontre de la Présidente avec une quinzaine de ses compatriotes qui se sont exilés en Italie sous la Dictature militaire et vivent toujours sous le soleil italien tandis que Clarín fait un article sur le travail pastoral de l'évêque de Rome en racontant par le menu la visite qu'il a faite le 3 mai à une paroisse côtière à Ostie.

La Casa Rosada a émis plusieurs communiqués officiels et diverses vidéos :
vidéo de la conférence de presse qui a suivi, à l'hôtel Eden où réside la Présidente lorsqu'elle séjourne à Rome (14 minutes)
communiqué sur sa prise de parole à la FAO,  où elle a insisté, comme le fait le Pape, pour que les aliments soient exclus des champs de spéculation financière
vidéo de son discours (36 minutes).

Enfin les services du Vatican ont publié deux communiqués, l'un en français, l'autre en espagnol.

Article de L'Osservatore Romano du 10.06.15 (extrait de la page 4)
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(Ajout du 11.06.15)

Ajout du 9 juin 2015 :
Lire l'article de Silvina Pérez, dans l'édition (en italien) de L'Osservatore Romano (datée du 10 juin). La journaliste vaticane titre sur la manifestation Ni una menos autour de la tragédie des homicides de genre. L'article est à lire à la page 4 de l'édition de ce jour.



(1) Ce qui déplaît fort à l'opposition en cette période de campagne électorale, puisque les journaux dits hégémoniques (Clarín et La Nación au premier rang) s'efforcent de démontrer le contraire régulièrement dans leurs colonnes.
(2) Le transport des passagers en chemin de fer et les infrastructures viennent tout juste d'être nationalisés en Argentine pour lutter contre l'insécurité de ce mode de transport en commun, très longtemps laissé aux mains de sociétés privées concessionnaires qui en ont laissé dégrader la qualité (comme on a pu l'observer également en Grande-Bretagne immédiatement après l'ère Thatcher). Voir mon article du 16 avril 2015.