Hier
après-midi, Cristina Fernández de Kirchner a eu une nouvelle
entrevue officielle avec le Pape François qui, à la surprise
générale, a largement excédé les 20 ou 30 minutes que les
politologues avaient envisagées. Tous les deux se sont entretenus
pendant près de deux heures, de 17h à 19h, et ils ont abordé essentiellement des
thèmes de politique étrangère : la paix et l'intégration
continentale en Amérique latine, l'organisation désormais
multipolaire du monde ainsi que les conflits qui secouent la planète
et dont le Pape s'est dit inquiet à de nombreuses reprises, en
particulier la veille dans la ville martyre de Sarajevo.
Photo Casa Rosada Cliquez sur l'image pour l'obtenir en très haute résolution |
La
Présidente argentine, qui était aussi attendue au siège de la FAO,
où elle a été distinguée pour son action contre la faim dans son
pays (1), était accompagnée d'une suite conséquente d'une
vingtaine de personnes, dont le ministre des Affaires étrangères,
celui de l'agriculture, le secrétaire d'Etat aux Cultes,
l'administrateur du Banco de la Nación et Alicia Barrios, une
journaliste bien connue de l'ancien archevêque de Buenos Aires, dont
elle a publié une biographie quelques mois après son élection lors
du Conclave de mars 2013. C'était hier la fête des journalistes en
Argentine. Et pour cette raison, malgré la fine pluie qui mouillait
la Ville Eternelle, le Pape et la Présidente sont sortis pour saluer
les journalistes qui attendaient à l'extérieur pour prendre les
photos et les vidéos exigées par leurs rédactions respectives au
pays.
Sur
la situation nationale argentine, Cristina Kirchner a assuré, lors
de sa brève conférence de presse dans la soirée, qu'il n'avait pas
été question des affaires électorales intérieures (un sujet qui
n'était d'après elle digne ni de lui ni d'elle au regard de
l'actualité internationale brûlante et du combat du Pape en faveur
de la paix). Seuls de deux points ont été abordés : les
travaux de restauration de la basilique nationale de Luján, dont
Cristina semble être si fière qu'elle en a dépaysé le
traditionnel Te Deum du 25 mai (voir mon article du 26 mai 2015), et
la grande cérémonie de transfert du sabre de San Martín dont j'ai
eu l'occasion de vous parler dans Barrio de Tango (voir mon article du 25 mai dernier et l'ensemble des articles sur la fête nationale du 25 de Mayo). Bref, rien que des événements au fort pouvoir
symbolique et patriotique en ces années de bicentenaire du pays et
deux semaines après la fête nationale argentine.
Comme pour Clarín, cliquez sur l'image pour obtenir une résolution haute |
Une
bonne partie de la presse nationale revient en une ce matin sur cette
audience, souvent avec plusieurs articles, notamment dans Página/12,
malgré la survenue d'un grave accident ferroviaire très tôt ce
matin dans la banlieue sud de Buenos Aires, qui a fait 45 blessés légers (2). La Présidente a d'ores et déjà laissé planer l'idée qu'elle
reverrait le Saint-Père lors de sa tournée en Amérique latine en
juillet prochain (Cuba, Pérou, Bolivie et Paraguay) : Si on
l'invite, elle viendra, a-t-elle déclaré. Et vu les excellentes
relations diplomatiques qu'elle a avec ses homologues cubain,
péruvien et surtout bolivien, il est à peu près sûr qu'elle a
déjà la certitude qu'elle sera invitée. Les choses vont sans doute
se passer comme lors des JMJ au Brésil, lorsque Dilma Roussef avait
invité tous ces homologues du Mercosur à la rejoindre sur la plage
de Copacabana pour la grande messe finale, ce qui avait rehaussé
encore un peu plus le prestige de cette réussite planétaire pour le
Brésil. Il serait étonnant que la Bolivie, le Pérou ou le Paraguay
ne tentent pas la même opération, sans parler de Cuba dont
l'intérêt diplomatique immédiat est concerné au premier plan à
l'heure où la levée du blocus permet enfin au pays de s'ouvrir à
l'extérieur.
L'Osservatore Romano, des 8 et 9 juin 2015 Extrait de la une |
Pour
aller plus loin :
lire
l'article principal de Página/12 (plusieurs rédacteurs se partagent les articles sur les activités romaines de la Présidente. Je n'y ai pas vu le nom de la correspondante sur place, Elena Llorente)
lire
l'article de Clarín, qui préfère jouer le fait divers ferroviaire sur sa une
lire
l'article principal de La Nación, laissé à Mariano De Vedia (en
lieu et place de Elizabeta Piqué)
Par
ailleurs, Página/12 revient aussi sur l'intervention présidentielle
devant l'assemblée de la FAO, La Prensa sur la rencontre de la Présidente avec une quinzaine de ses compatriotes qui se sont exilés
en Italie sous la Dictature militaire et vivent toujours sous le
soleil italien tandis que Clarín fait un article sur le travail pastoral de l'évêque de Rome en racontant par le menu la visite
qu'il a faite le 3 mai à une paroisse côtière à Ostie.
La
Casa Rosada a émis plusieurs communiqués officiels et diverses vidéos :
vidéo de la conférence de presse qui a suivi, à l'hôtel Eden où réside
la Présidente lorsqu'elle séjourne à Rome (14 minutes)
communiqué sur sa prise de parole à la FAO, où elle a insisté, comme le fait le Pape, pour que les aliments soient exclus des champs de spéculation financière
vidéo de son discours (36 minutes).
Enfin les services du Vatican ont publié deux communiqués, l'un en français, l'autre en espagnol.
Ajout du 9 juin 2015 :
Lire l'article de Silvina Pérez, dans l'édition (en italien) de L'Osservatore Romano (datée du 10 juin). La journaliste vaticane titre sur la manifestation Ni una menos autour de la tragédie des homicides de genre. L'article est à lire à la page 4 de l'édition de ce jour.
Enfin les services du Vatican ont publié deux communiqués, l'un en français, l'autre en espagnol.
Article de L'Osservatore Romano du 10.06.15 (extrait de la page 4) Cliquez sur l'image pour lire le texte (Ajout du 11.06.15) |
Ajout du 9 juin 2015 :
Lire l'article de Silvina Pérez, dans l'édition (en italien) de L'Osservatore Romano (datée du 10 juin). La journaliste vaticane titre sur la manifestation Ni una menos autour de la tragédie des homicides de genre. L'article est à lire à la page 4 de l'édition de ce jour.
(1)
Ce qui déplaît fort à l'opposition en cette période de campagne
électorale, puisque les journaux dits hégémoniques (Clarín et La
Nación au premier rang) s'efforcent de démontrer le contraire
régulièrement dans leurs colonnes.
(2)
Le transport des passagers en chemin de fer et les infrastructures
viennent tout juste d'être nationalisés en Argentine pour lutter
contre l'insécurité de ce mode de transport en commun, très
longtemps laissé aux mains de sociétés privées concessionnaires
qui en ont laissé dégrader la qualité (comme on a pu l'observer
également en Grande-Bretagne immédiatement après l'ère Thatcher).
Voir mon article du 16 avril 2015.