Les dégâts matériels du 16 juin 1955 |
Le
16 juin 1955, la Plaza de Mayo était bombardée dans le cadre d'une
tentative de renversement et d'assassinat contre Perón par des
mutins de l'aviation et de la Marine, aidés par des civils
anti-péronistes, et surtout soutenus par les Etats-Unis dont les
avions opérèrent le bombardement. La tentative avorta et Perón,
qui venait d'être excommunié par l'Eglise catholique (1), ne fut
véritablement renversé qu'en septembre, cette année-là. Les
responsables de cette tentative de coup d'Etat, présents sur le
territoire argentin, furent arrêtés. Les deux mois de procès
aboutirent à des peines de prison.
Le péron de la Casa Rosada, côté Plaza de Mayo au lendemain du bombardement |
Outre
des dégâts matériels considérables, l'agression laissa 308 morts
et plusieurs centaines de blessés, tous des civils qui avaient le
malheur de se trouver sur la place ou dans ses environs.
Le
lendemain, les journaux du monde entier reprenaient
l'information sous des angles variés.
Hier,
une bonne partie des journaux argentins publiaient des articles
historiques, des images d'archives, voire dans la version Internet
des vidéos.
Dessin de Miguel Rep hier sur Página/12 Il reprend le slogan de la campagne de lutte contre la violence de genre : ni una menos (pas une femme en moins) La statue de la Liberté sur le pyramidion de la Plaza de Mayo tient une pancarte qui proclama Ni una democracia menos A droite, deux encarts : "Des campagnes qui arrivent bien tard" et "60 ans après le bombardement de la Place de Mai" |
Les
ministres de la Défense et de la Planification ont inauguré hier
l'exposition temporaire sur l'événement au Museo Nacional del
Bicentenario, dans une annexe de la Casa Rosada, un très beau musée
doté de toutes les installations les plus modernes, avec écrans
tactiles et interactifs, et une conception qui fait la part belle à
la lumière naturelle. L'exposition sera visible jusqu'au 19 juillet.
L'entrée est libre et gratuit. La photographie et la vidéo sont
autorisées mais sans flash.
Image téléchargeable sur le site de Prensa Argentina (la salle de presse du gouvernement) |
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Clarín
lire
la dépêche de Télam sur l'anniversaire lui-même
lire
la dépêche de Télam sur l'association des victimes du bombardement
du 16 juin 1955
lire
la dépêche de Télam sur le refus de la Justice argentine de
considérer ces violences comme un crime contre l'humanité (une
réclamation des victimes qui visait l'imprescriptibilité, eu
égard à la difficulté d'identifier la totalité des auteurs)
lire
la dépêche de Télam sur l'exposition du Museo Nacional del
Bicentenario
visionner
la vidéo mise en ligne par Télam
lire
le communiqué de presse du Gouvernement argentin sur l'exposition
lire
le communiqué du Ministère de la Défense, qui a ouvert ses
archives pour monter l'événement
accéder
au site Internet du musée.
(1)
Il venait de prendre des mesures pour dépénaliser la prostitution
et envisageait de séparer l'Eglise de l'Etat, entre autres décisions
qui inquiétaient l'épiscopat argentin. Bien entendu,
l'excommunication avait été pour l'Armée, toujours marquée par
les règlements hérités de l'armée royale espagnole, saturée de
catholicisme, une autorisation de rompre la
subordination au pouvoir exécutif, qui n'apparaissait plus comme
légitime. A cette époque-là en effet, la Constitution voulait que le Président de la Nation soit catholique, ce pourquoi, juste avant de
présenter sa candidature en 1946, Perón, veuf, avait épousé en
secondes noces Eva Duarte, sa maîtresse depuis plusieurs années.
Précisément pour ne pas encourir l'excommunication et rester le catholique qu'il devait être pour prendre la tête du pays.