Campagne du ministère de la Justice argentin |
Au
lendemain d'une grande manifestation nationale, soutenue par le Gouvernement, pour lutter contre la violence de
genre, qui a rassemblé mercredi 3 juin 2015 des centaines de milliers de
citoyens partout dans le pays, sous le slogan Ni una menos (pas une
seule en moins) (1), le gouvernement argentin vient d'annoncer que le
Secrétariat d'Etat aux Droits de l'Homme allait coordonner un
registre des crimes commis contre les femmes pour des raisons
relevant du machisme ambiant : viol, violence conjugale et
surtout meurtre. Les criminels seront ainsi répertoriés en vue
d'une plus grande efficacité de la lutte contre ce fléau qui est,
en Argentine, largement entretenu par les préjugés machistes qui
circulent un peu partout et à tous les niveaux de la société.
Les
manifestants de mercredi ont en particulier dénoncé les nombreux
verdicts favorables aux violeurs et autres compagnons violents (parce
que s'il a agi ainsi, c'est qu'il doit bien y avoir une raison... ben
voyons), ceux qui acquittent si souvent les violeurs incestueux
(notamment les beaux-pères qui s'en prennent à leurs belles-filles
mineures et les laissent enceintes), ceux qui interdisent à une
mineure de moins de quinze ans d'avorter surtout lorsque la grossesse
provient d'un viol (2), etc...
Depuis
quelques jours, une bonne partie des journaux, en tête desquels on
trouve bien sûr Página/12 s'en prend à une célèbre et
indéboulonnable vedette d'une télévision antédiluvienne, Mirtha Legrand, qui anime
des talk-shows people et des émissions de variétés qui a récemment
interviewé une autre femme célèbre qui venait d'avouer avoir été
victime de son compagnon. Elle a osé lui demander en direct sur le
plateau ce qu'elle avait fait pour que cet homme la traite ainsi...
Depuis, c'est une véritable tarte à la crème du milieu
journalistique, y compris à droite, où nombreux sont les
intellectuels qui ont compris que le problème était trop grave pour
qu'on le laisse prospérer.
Pour
en savoir plus :
lire
l'article de Página/12 de ce matin
se connecter à la page Facebook du mouvement Ni una menos.
(1)
Les femmes sont très nombreuses, à tous les âges, à mourir sous
les coups d'un homme, que ce soit leur mari, leur compagnon, leur
fiancé parfois ou tout simplement un inconnu rencontré par hasard
et qui a voulu prendre cette femme de force et l'a tuée parce
qu'elle ne se laissait pas faire, y compris si elle avait quatorze
ans comme cela s'est produit en début de semaine.
(2)
En Argentine, l'avortement est un crime. Toutefois, il est possible
d'obtenir d'un juge ce qu'on appelle aborto no punible, quand la
grossesse doit être interrompue pour raison médicale ou qu'elle
résulte d'un viol. Encore faut-il passer au tribunal en référé et
s'expliquer, souvent en public, sur des traumatismes récents et
particulièrement intimes... Inutile de dire que cela est vécu par
les mouvements féministes comme une humiliation réservée aux
femmes et qui plus est aux plus vulnérables d'entre elles, les
femmes riches ayant la capacité de partir se faire avorter aux
Etats-Unis ou en Europe, ce qu'elles ne manquent pas de faire sans
que personne ne vienne leur chercher noise.