mercredi 17 juin 2015

Personae non gratae dans les hôpitaux militaires [Actu]

La Cour suprême argentine vient de confirmer la décision prise par le Ministère de la Défense de ne plus admettre dans les hôpitaux militaires, y compris pour l'hospitalisation de jour, les condamnés pour crimes contre l'humanité, eussent-ils été militaires, voire officiers supérieurs, et cette mesure s'étend aux inculpés en attente d'être jugés (1).

Lors que ces condamnés auront besoin d'être traités en hôpital, en détention ou en liberté, ils iront à l'hôpital ordinaire.

Le ministère a en effet estimé qu'il ne fallait pas détourner des ressources pour soigner les détenus au détriment des personnels d'active et des retraités des Forces armées qui ont bien mérité de la Patrie.

Le recours devant la Cour suprême a été présenté par un ex-colonel (2) qui avait adopté frauduleusement l'un des petits-enfants rendus à l'ONG Abuelas de Plaza de Mayo, Pablo Miranda Gaona. L'homme purge actuellement une peine de huit ans de prison.

Seule la presse de droite traite cette information. L'arrêt de la Cour est difficilement contestable par cette presse : il est signé entre autre du docteur Lorenzetti, le président de cette cour qui vient de faire des éclats médiatiques (il a été réélu, a annoncé aussitôt après sa démission qu'il a reprise le lendemain !) et il est de droite.
Quelques titres provinciaux en parlent également de manière incidente.

Pour en savoir plus :


(1) Certes, la présomption d'innocence existe en Argentine comme ailleurs mais pour ce qui est des crimes contre l'humanité (donc ceux qui ont été commis sous la Dictature militaire et au service de ce régime anticonstitutionnel), les faits, poursuivis aujourd'hui, sont établis, même s'ils ne sont pas encore jugés. Ne sont poursuivis que les personnes contre lesquelles des preuves ont été établies.
(2) Lors qu'ils sont condamnés pour ces faits imprescriptibles, les militaires impliqués perdent leur grade, leurs distinctions, leurs pensions de l'armée et sont rayés des cadres.