samedi 23 avril 2016

Le double quadricentenaire littéraire dans la presse argentine [Actu]

Colosses des lettres universelles
Une des pages culturelles de La Prensa aujourd'hui

Hier, 22 avril, c'était le quadricentenaire de la disparition de Miguel de Cervantes. Aujourd'hui, 23 avril, ce pourrait être celui de la mort de William Shakespeare, dont la date de décès reste incertaine (certains historiens la place au 3 mai, la datation n'étant pas encore complètement stable en Europe à cette époque-là (1) et l'identité exacte de l'écrivain donnant lieu à beaucoup de spéculations). A noter que le même jour, à Courdoue, en Espagne, est décédé un autre grand écrivain, un descendant de l'Inca, Garcilaso de La Vega (de son vrai nom Gómez Suárez de Figueroa), lui dont personne ne fait mémoire aujourd'hui... (2)

"Le livre qui a fait de nous ce que nous sommes", dit le gros titre en lettres blanches

Ce n'est pas tout à fait par hasard que la Feria de Libro à Buenos Aires a été inaugurée cette semaine : il fallait que ce jour si symbolique, pour deux des langues les plus répandues dans le monde, soit inséré dans le programme de la manifestation, qui présente aussi aujourd'hui un important programme d'activités à l'intention des loupiots.


Couverture du nouveau roman de Carlos Gamerro 

Les trois journaux de droite marquent dans leurs éditions de ce matin ce double quatrième centenaire. En revanche, Página/12 n'en parle même pas, lui qui l'année dernière s'apprêtait à en faire un véritable événement auquel il aurait associé le souvenir de l'Inca Garcilaso. Mais l'alternance politique inattendue est passée par là et Página/12 a d'autres chats à fouetter dans l'actualité politique et économique (le journal attaque le gouvernement qui paye la dette aux plus spéculateurs des créanciers du pays et défend bec et ongles la famille Kirchner sérieusement mise à mal par les témoins et inculpés de divers procès pour corruption qui se mettent à table les uns derrière les autres).

La Nación traite le double quadricentenaire en manchette sur sa une de ce matin
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La photo de une est consacrée à l'une des familles syriennes de Lesbos amenée à Rome par François
il y a une semaine

L'auteur argentin Carlos Gamerro, ancien enseignant de littérature à l'Université de Buenos Aires (UBA) et traducteur de littérature anglophone (en particulier le drame shakespearien Hamlet), vient de publier un roman où il fait se rencontrer deux dramaturges élisabéthains, John Fletcher et Shakespeare, sous le titre Cardenio (3), un roman savant (dans la veine inaugurée par Umberto Eco) qu'il couronne avec la rencontre mythique, dont tous les amoureux de la Renaissance rêvent mais qui a peu de chance de s'être produite, la rencontre entre le fils de Stratford-upon-Avon et le Manchot de Lépante... Tant Clarín que La Nación l'interviewent ce matin dans leurs colonnes. Ce soir, samedi 23 avril 2016, à 18h, dans la salle Victoria Ocampo, à la Feria del Libro, l'Argentin partagera une table-ronde sur la modernisation de la langue des classiques à l'usage du grand public avec le cervantiste espagnol José Manuel Lucía Megías.

Pour en savoir plus :
Sur Carlos Gamerro et son dernier roman
lire l'interview dans Ñ, le supplément culturel de Clarín
consulter la fiche de Cardenio, sur le site de la maison d'édition (Edhasa)
lire l'annonce de la prochaine présentation du roman au MALBA (le musée d'art moderne de Buenos Aires), mercredi prochain
Sur le double quadricentenaire en soi
lire l'article de La Nación sur Cervantes : une interview de l'universitaire José Manuel Lucía Megías, spécialiste espagnol de Don Quichotte
Sur les activités pour le jeune public
lire l'article de Página/12 sur les invités belges du jour, des illustrateurs qui travaillent en littérature jeunesse
lire l'article de Página/12 sur les activités proposées aux petits.



(1) Qui plus est, le 23 avril pourrait bien être aussi la date de sa naissance, en 1564, selon l'une des identités que les historiens lui donnent. Une date de baptême à son nom a en effet été établie le 26 avril 1564.
(2) Il a laissé un travail historiographique très important : la seule histoire de la dynastie de l'Inca et du Pérou précolombien écrite par une plume quechua, par un auteur appartenant au peuple vaincu (et même à son élite sociale), en espagnol. Il n'y a aucun autre témoignage écrit de l'histoire vue de ce côté-là. Et l'homme a été un admirable manieur de la langue qu'on appelle maintenant la langue de Cervantes.
(3) Cardenio est supposé être une œuvre perdue de Shakespeare, un véritable fantôme littéraire qui hante les shakespeariens du monde entier.