C'est du jamais vu depuis
longtemps en Argentine !
Jeu de mot en gros titre et photo du président inquiété en une Dans les deux manchettes supérieures : la hausse des prix dans les transports publics et le déremboursement de médicaments peu efficaces |
Quatre jours après le
début du scandale Panama Papers, où Mauricio Macri est apparu lié
à deux sociétés offshore non déclarées en Argentine, l'une aux
Bahamas (et dissoute depuis longtemps) et l'autre à Panamá (sinon
active du moins jamais dissoute), dans les deux cas avec son père, Franco Macri, qui a réussi à construire un groupe économique
très puissant, voici qu'à peine quatre mois après la prestation de
serment de l'exécutif, un procureur fédéral a décidé d'accepter
la plainte déposée contre le Président en exercice par un député
de l'opposition et, faisant droit à cette plainte, il vient d'ouvrir
une instruction pénale contre le chef de l'Etat pour dissimulation
de revenus auprès de l'administration fiscale nationale !
Cliquez sur l'image pour une haute résolution Clarín titre sur la riposte procédurale de Macri en gros titre mais sans photo |
En voyant cela, j'ai de
plus en plus de mal à douter du tour que prend l'Argentine :
une étape de démocratisation semble avoir été franchie avec
l'élection de ce président que certains juges, qui doivent se
sentir réellement indépendants, n'hésitent pas à mettre en
difficulté. Je ne crois pas qu'une telle ouverture d'enquête ait
été envisageable sous le mandat précédent. Et la manière dont
les quotidiens en rendent compte aujourd'hui tend à me convaincre
qu'au bout d'un accouchement très douloureux et qui n'est pas
derrière nous, un réel pluralisme médiatique se met en place, même
si mes amis de gauche sur place me soutiennent avec fermeté qu'une
censure systématique et profonde s'est abattue d'un seul coup sur le
pays.
Aussitôt connue
l'ouverture de l'instruction à son encontre, Mauricio Macri a réuni
la presse à la Casa Rosada. Cela non plus, Cristina ne le faisait
jamais, se contentant de répondre par des communiqués ou des
messages sur les réseaux sociaux, interprétant les insinuations et
les rumeurs comme des tentatives de déstabilisation de la part de la
droite ou des preuves de machisme (ce que c'était parfois), sans
jamais s'exposer en chair et en os, sans faire face à des personnes
physiques capables de lui poser des questions embarrassantes. A
nouveau, comme il le fait depuis mardi dernier, Macri a protesté de
son innocence et affirmé la conformité de sa situation à la
législation. Il a annoncé qu'il allait se défendre grâce à l'un
de ces recours dont le code de procédure pénale argentin a le
secret alambiqué (et c'est son droit le plus strict) et qu'il
accélérait la procédure pour confier sa fortune à un tuteur
assermenté, sans lien antérieur avec lui, pour la durée de son
mandat. Il entend ainsi manifester clairement sa bonne foi, sa
volonté de ne pas s'enrichir à travers l'exercice du pouvoir (il
reverse son indemnité présidentielle à des œuvres, comme le fit
le Président Hipólito Yrigoyen dans les années 1916-1930) et
affiche sa différence avec Cristina Kirchner, qui n'a pas eu l'idée
(ou la volonté) de procéder de même (1), ce qui lui vaut
actuellement les pires suspicions et peut-être même une prochaine inculpation par le juge qui l'a convoquée pour une audition mercredi prochain et dont on murmure déjà qu'il pourrait prononcer une mise sous écrou à titre préventif.
Cliquez sur l'image pour une haute résolution La version papier de l'édition quotidienne de Télam Le gros titre est pour Macri avec photo ! |
Autre élément qui
m'incline à penser qu'on assiste à la mise en place d'un pluralisme
dans les médias : tous les quotidiens nationaux font mention
aujourd'hui d'un important rassemblement qui s'est tenu hier sur
Plaza de Mayo contre Mauricio Macri, son implication dans le scandale
des sociétés offshore panaméennes et sa politique sociale de
dégraissage à tout va, dont il a affirmé hier lors de sa
conférence de presse qu'elle lui faisait mal au cœur (2) mais qu'il
n'avait pas d'autre solution pour corriger les excès de la politique
antérieure (Cristina aurait créé beaucoup trop d'emplois publics
pour faire baisser le taux de chômage artificiellement). Il y a peu,
la presse de la majorité aurait minimisé le fait ou l'aurait tout
simplement passé sous silence...
Pour en savoir plus :
lire l'article principal de Página/12 (opposition)
lire l'article principal de Clarín (majorité)
lire l'article principal de La Nación (majorité)
lire l'article principal de La Prensa (majorité)
lire la dépêche de
l'agence nationale de presse Télam
sur la mise sous tutelle
des biens de Macri à sa demande
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Nación sur la représentation de Mauricio Macri en justice par la
directrice de l'autorité anti-corruption, Laura Alonso, qui
présentera la déclaration d'assurance (certeza) de droit civil, qui
devrait attester du fait que l'intéressé n'a jamais violé la loi
fiscale de son pays. Il peut être très mal interprété de faire
intervenir une entité d'Etat pour défendre la gestion patrimoniale,
par définition privée, du Président de la Nation.
Ajout du 9 avril 2016 :
lire l'article de La Nación sur la première pièce remise à la justice par Mauricio Macri pour sa défense : l'attestation comptable annoncée avant-hier. Pour illustrer l'article en ligne, la rédaction a choisi une photo où le président, entouré par quelques ministres, en réunion, à la résidence de campagne à Olivos, semble préoccupé, pour ne pas dire abattu.
Página/12 a aussi choisi la même photo, quoique avec un cadrage différent.
Clarín publie lui aussi son article sur le sujet.
Ajout du 10 avril 2016 :
Página/12 contre-attaque ce matin en publiant un article où la rédaction dénonce les dispositions que Mauricio Macri a prises à la tête du Gouvernement portègne (2007-2015) pour faciliter l'évasion fiscale et financière à travers des sociétés offshore et faire de la ville de Buenos Aires un mini-paradis fiscal pour les entrepreneurs argentins (à commencer par le groupe familial) et celles qu'il s'apprêterait à prendre au niveau national, maintenant qu'il est chef de l'Etat.
Ajout du 11 avril 2016 :
lire l'article de Clarín sur les premiers témoins convoqués par le juge d'instruction en charge du dossier Macri : le premier est un journaliste qui fait partie du consortium international de Washington qui a révélé le scandale des Panama Papers (un journaliste argentin, qui travaille au quotidien La Nación) et l'autre est une avocate, qui a exercé les fonctions de directrice du Registre des Sociétés commerciales institué par le ministère de la Justice et dépendant de lui.
Ajout du 12 avril 2016 :
lire la dépêche de Telam sur les déclarations sous serment effectuées par le journaliste de La Nación devant le magistrat d'instruction : si La Nación n'a pas parlé du Macri Group trouvé dans les Panama Papers, c'est parce qu'il a été impossible de relier ce groupe à la personne du président argentin en exercice ni même à aucune personne portant ce patronyme (et la famille du président n'est pas la seule à le porter, c'est un nom de famille répandu en Italie).
Ajout du 9 avril 2016 :
lire l'article de La Nación sur la première pièce remise à la justice par Mauricio Macri pour sa défense : l'attestation comptable annoncée avant-hier. Pour illustrer l'article en ligne, la rédaction a choisi une photo où le président, entouré par quelques ministres, en réunion, à la résidence de campagne à Olivos, semble préoccupé, pour ne pas dire abattu.
Página/12 a aussi choisi la même photo, quoique avec un cadrage différent.
Clarín publie lui aussi son article sur le sujet.
Ajout du 10 avril 2016 :
Página/12 contre-attaque ce matin en publiant un article où la rédaction dénonce les dispositions que Mauricio Macri a prises à la tête du Gouvernement portègne (2007-2015) pour faciliter l'évasion fiscale et financière à travers des sociétés offshore et faire de la ville de Buenos Aires un mini-paradis fiscal pour les entrepreneurs argentins (à commencer par le groupe familial) et celles qu'il s'apprêterait à prendre au niveau national, maintenant qu'il est chef de l'Etat.
Ajout du 11 avril 2016 :
lire l'article de Clarín sur les premiers témoins convoqués par le juge d'instruction en charge du dossier Macri : le premier est un journaliste qui fait partie du consortium international de Washington qui a révélé le scandale des Panama Papers (un journaliste argentin, qui travaille au quotidien La Nación) et l'autre est une avocate, qui a exercé les fonctions de directrice du Registre des Sociétés commerciales institué par le ministère de la Justice et dépendant de lui.
Ajout du 12 avril 2016 :
lire la dépêche de Telam sur les déclarations sous serment effectuées par le journaliste de La Nación devant le magistrat d'instruction : si La Nación n'a pas parlé du Macri Group trouvé dans les Panama Papers, c'est parce qu'il a été impossible de relier ce groupe à la personne du président argentin en exercice ni même à aucune personne portant ce patronyme (et la famille du président n'est pas la seule à le porter, c'est un nom de famille répandu en Italie).
(1) Mais elle ne le
pouvait peut-être pas. Elle n'avait pas de fortune personnelle
particulière au moment où elle a été élue. On dit que sa fortune
depuis s'est considérablement développée, d'où des accusations
très violentes de corruption active et de blanchiment de cet argent
mal acquis.
(2) Bien entendu, c'est
une défense qui ne mange pas de pain. Ce ne sont que des mots pour
le moment. Il faudra voir plus tard si la situation du pays se
redresse comme elle le fait, d'une manière plus ou moins socialement
acceptable d'ailleurs, dans les pays qui ont connu ce régime de
rigueur, comme l'Allemagne, l'Irlande, l'Italie, l'Espagne ou le
Portugal pour prendre des exemples en Europe.