La une de Clarín ce matin La photo est pour Jaime, en fâcheuse posture... Macri apparaît dans le gros titre secondaire |
Depuis vendredi, les parfums de scandale se mélangent à Buenos Aires.
Ce week-end aura été
marqué par l'emprisonnement de l'ex-ministre des Transports, Ricardo
Jaime, ancien ministre de Cristina Kirchner, démis depuis longtemps. Il y a quelques mois, il a été le premier ministre
kirchneriste condamné par la justice pour corruption et
enrichissement illégal (je dis "premier" parce qu'il se murmure fort
depuis longtemps qu'il ne sera pas le seul). Il avait été condamné
à de nombreuses années de prison ferme mais il était sorti libre du tribunal, puisque
la procédure pénale argentine dispose de nombreux recours qui
permettent de surseoir à l'exécution de la peine.
La une la plus délicate ce matin : celle de La Nación On n'y parle ni de Macri (pour le Panamagate) ni de Jaime Cliquez sur l'image pour obtenir une haute résolution |
Vendredi, un mandat
d'amener a toutefois été lancé contre lui pour une nouvelle
enquête sur d'autres opérations suspectes qu'il aurait menées
alors qu'il était ministre. Ricardo Jaime se trouvait alors à
Córdoba et il a choisi de se constituer prisonnier lorsqu'il a
appris dans la presse l'existence du mandat à son encontre. Un geste
respectueux de la justice dont la droite ne lui donne même pas
quitus tant est violente la hargne contre l'ancien gouvernement.
Jaime se trouve donc en prison préventive, son image d'homme menottée a été amplement exploitée par la presse (y compris par Página/12 qui le montre dans la situation humiliante de sa mise sous écrous !) et il est entendu par le
juge d'instruction à Buenos Aires, en cette matinée du lundi 4
avril.
En Uruguay, le scandale ne touche que le monde du foot. Le monde politique s'en sort sans une égratignure Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Et aujourd'hui, c'est un
autre scandale qui éclate : celui des révélations dites de
Panama, sur lesquelles un collectif de journaux d'investigation de
grande réputation s'est penché ces derniers mois. Ces titres révèlent
aujourd'hui une liste de personnalités en tout genre impliquées
dans des délits d'évasion fiscale et d'investissements offshore.
Or parmi les personnalités ainsi citées, se trouve Mauricio Macri, président, il
y a plusieurs années, d'une société commerciale inscrite aux
Bahamas et appartenant au groupe familial Macri. L'actuel président
argentin en était le co-dirigeant avec son père, Franco Macri,
fondateur et principal mandataire social d'un important groupe diversifié
dans les travaux publics et les services financiers, pour
l'essentiel de ses activités. Or Mauricio Macri a quitté il y a longtemps ses
fonctions effectives de chef d'entreprise, ce qui a d'ailleurs causé
des dissensions familiales et une quasi-rupture avec son père, qui
continue d'ailleurs à estimer que si on n'est pas un bon chef
d'entreprise qui a prouvé ses qualités à la barre d'une société,
on ne peut pas être un bon chef d'Etat (ce qui est faux mais le papa ne vous l'envoie pas dire ! après la prise de fonction du
fiston, qui plus est). Il ne s'agit donc pas à proprement parler
d'un chef d'Etat qui serait impliqué dans des tripatouillages
actuels, puisque, à cette époque-là, Macri n'occupait aucune charge
élective dans l'appareil politique argentin. La Casa Rosada s'est
d'ailleurs empressé de faire savoir que cet ancien mandat social
n'entrait pas dans les déclarations que le citoyen argentin est tenu
de faire auprès du Trésor public et qu'il n'y avait donc pas de
scandale en vue, même s'il se pourrait qu'une enquête soit officiellement enclenchée à Panama. Cette explication gouvernementale n'apparaît pas sur le site internet de la Casa Rosada, qui ne reporte que l'activité du chef de l'Etat es-qualité. Il est
aussi à noter que la communication présidentielle s'est gardé de
nier le fait, ce qui pourrait assez vite éteindre la querelle à
l'extérieur des frontières.
Hier, La Nación y allait avec moins de ménagements Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
C'est assez aussi pour
calmer les alarmes de La Nación et dans une moindre mesure de Clarín
(journaux de la majorité) mais c'est loin d'être suffisant, cela va
sans dire, pour Página/12 pour lequel cette affaire est pain béni
dans les circonstances présentes. Plutôt que de s'attarder sur
Macri, Clarín et La Nación préfèrent donc s'intéresser aux
montages troubles que l'enquête internationale aurait mis en
évidence autour d'un des hommes d'affaires proche du couple
Kirchner, Cristobal López, que la presse anti-kirchneriste a depuis longtemps
dans le collimateur.
La une de La Prensa ce matin Jaime en bas et Panama en haut (sans référence aux impliqués dans le gros titre) |
En France aussi, toute la
presse relaie ce nouveau scandale financier planétaire. France 2
diffusera demain, mardi, un Cash Investigation à ce sujet et le
battage autour de ce nouveau numéro du magazine d'Elise Lucet est
assez impressionnant, tant à l'antenne que sur le site Internet de
France Télévision ! Sur France 5 aussi, ces révélations font
florès : un C'dans l'air leur est consacré aujourd'hui (à
regarder en replay, gratuitement, sans restriction territoriale, pendant une semaine).
Pour aller plus loin :
lire l'article principal de Página/12, dont ce scandale alimente la lutte idéologique
lire l'article sur les personnalités impliquées (le fait qu'une des tantes du roi
d'Espagne soit citée semble très apprécié aussi par le quotidien)
lire l'article de une de La Nación, qui préfère s'intéresser à Cristobal López
lire l'entrefilet sur
l'implication de Mauricio Macri
lire l'article de Clarín
qui met le chef d'Etat Macri et le joueur de foot vedette Messi dans le même panier
lire l'entrefilet de Clarín sur la présidence d'une société Macri aux Bahamas
lire l'article de Clarín
sur l'attitude des Kirchner, mère et fils, à l'égard de Macri
maintenant qu'ils ont quelque chose à se mettre sous la dent dans la
bataille politique qui suit cette alternance contestée
Sur l'emprisonnement de
Ricardo Jaime
lire l'article de Página/12 hier
lire l'article de La Nación hier
lire l'article de Clarín
hier.
La Prensa fait sa une
d'aujourd'hui sur le "Panamagate" mais son site Internet reste muet sur
le sujet.
Ajout du 6 avril 2016 :
Tandis que le scandale des Panama Papers continue et implique la famille Macri, c'est un proche de Cristina Kirchner et un représentant du patronat kirchneriste (minoritaire), depuis longtemps dans le viseur de la justice, qui se trouve écroué à l'issue de son audition dans le cabinet d'un juge d'instruction, pour fraude fiscale et blanchiment d'argent. Lire à ce propos l'article de La Nación.
Ajout du 7 avril 2016 :
La Nación a ouvert un véritable dossier en ligne sur le scandale des Panama Papers où il est possible de consulter tous les articles publiés par la rédaction sur le sujet. Ce qui touche à Mauricio Macri y est accessible dans l'ordre de parution.
Ajout du 6 avril 2016 :
Tandis que le scandale des Panama Papers continue et implique la famille Macri, c'est un proche de Cristina Kirchner et un représentant du patronat kirchneriste (minoritaire), depuis longtemps dans le viseur de la justice, qui se trouve écroué à l'issue de son audition dans le cabinet d'un juge d'instruction, pour fraude fiscale et blanchiment d'argent. Lire à ce propos l'article de La Nación.
Ajout du 7 avril 2016 :
La Nación a ouvert un véritable dossier en ligne sur le scandale des Panama Papers où il est possible de consulter tous les articles publiés par la rédaction sur le sujet. Ce qui touche à Mauricio Macri y est accessible dans l'ordre de parution.