Il y a deux ans, Mauricio Macri avait obtenu l’accord de 19
gouverneurs, dont plusieurs appartenaient à sa majorité, pour une
baisse des impôts qui eut pour effet d’appauvrir les provinces en
les privant de rentrées qui leur auraient permis d’investir ou
d’être simplement maîtresses de leurs politiques locales, contre
une redistribution par l’État fédéral de ce qu’elle lui cédait
(1).
Hier, le président
Alberto Fernández a rassemblé tous les gouverneurs, sauf celui de
Tierra del Fuego, qui ne prête serment qu’aujourd’hui, pour
renégocier le contrat fiscal fédéral. Les 22 gouverneurs, rejoints
par le chef de gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, qui
a même rang avec un titre différent, se sont accordés avec le chef
d’État pour en terminer avec cet accord marqué par l’idéologie
néolibérale, dont Página/12 prend congé avec une formule pleine
d'une fausse componction catho (2).
Les mandataires
provinciaux ont négocié avec le gouvernement fédéral la
suspension des dispositions de 2017, que même les gouverneurs de
droite critiquaient, jusqu’à la fin de l’année prochaine et les
provinces qui avaient attenté un procès à l’État fédéral se
sont désistées. Cette pause laissera à tout le monde d’y voir
plus clair et rendra à chaque province son autonomie fiscale pour
relancer son économie à l’échelle locale. Le comble est que
plusieurs gouverneurs de droite qui avaient signé en 2017 (parfois
par discipline idéologique) ont joint leurs critiques à celles
exprimées par leurs homologues de l’actuelle majorité. Cette
réunion est un bon début pour Alberto Fernández qui souhaite
développer la capacité des institutions à coopérer par-delà les
différences politiques. Il a réussi son coup en rassemblant la
totalité des mandataires entrés en fonction, y compris Horacio Rodríguez
Larreta (de Buenos Aires ville), devenu le ténor de la droite libérale
mais qui semble vouloir, pour le moment, collaborer avec le
gouvernement national.
Au cours de cette
réunion, il a été décidé d’établir une commission
d’évaluation des effets de la baisse de la TVA sur les produits de
première nécessité, établie par Mauricio Macri en août pour
essayer de corriger la tendance électorale qui annonçait sa défaite
quasi-inélucable. En effet, le produit de cette TVA était
normalement acquis aux provinces, qui se sont trouvées toutes nues
du jour au lendemain, pour satisfaire les ambitions électorales à
la tête de l’État fédéral ! Cette commission devra faire
des propositions pour améliorer la mesure qui visait à aider les
plus pauvres à se nourrir.
Ce succès du président
a bien sûr été aidé par la large majorité obtenue par la gauche
dans de très nombreuses provinces alors que sous la législature
précédente, la droite était mieux représentée dans le corps des
gouverneurs. Parmi lesquels la représentation féminine a fortement
baissé en même temps que la gauche s’y remplumait… Dommage !
Pour en savoir plus :
lire l’article de Clarín
(1) Un peu comme ce
qu’il se passe en France avec la disparition, en trompe-l’œil
pour le contribuable, de la taxe foncière contre une prétendue
compensation à l’euro près par l’État, ce qui prive le maire
de mener la politique qu’il veut sur sa commune et pour laquelle il
a été élu et le réduit à n’être qu’un agent de gestion
d’une subvention des Finances. Le chef d’État se montre généreux
avec l’argent des autres et renforce le centralisme. Et dans un
pays fédéral, c’est le genre de choses qui passe très mal assez
vite.
(2) El pacto fiscal de
Macri pasó a mejor vida (le pacte fiscal de Macri est maintenant
dans un monde meilleur). L’expression choisie évoque aussi une amélioration de la vie de tous grâce à cette disparition.