Du soir au matin, ce
lundi révèle la disparition de deux
symboles du macrisme avant même la
transmission du pouvoir entre Mauricio
Macri et Alberto Fernández : les
grilles (très chères), qui isolaient la Casa Rosada et la statue de Belgrano du reste de la place de Mai
afin que les manifestants ne viennent plus casser les oreilles de
Monsieur le Président sous ses fenêtres avec leurs cris et leurs
tambours, ont commencé à être enlevées cette
nuit, devant quelques noctambules qui prenaient des photos. Ainsi
les cérémonies institutionnelles de mardi se dérouleront
devant une place où le peuple pourra aller et venir à sa guise.
"Messe pour la paix", allusion à la messe à Luján (mais la rédaction a choisi une photo qui dessert Macri) En bas à gauche : les élections à Boca Juniors |
Au même moment, dans le sud populaire de la
ville, la gouvernance du Club Atlético Boca Juniors passait à
l’opposition interne, dont la liste, plus féministe qu’à
l’ordinaire qui plus est (1), propose comme vice-président
le joueur vedette, Juan Ramón Riquelme, qui prend prochainement sa retraite de footballeur. Pourtant, c’est depuis la
présidence de cette institution footballistique que Macri, il y a
une vingtaine d’années,
avait lancé sa carrière politique à Buenos Aires. De surcroît,
malgré de longues files d’attente hier matin, près de 40.000
sociétaires, dont beaucoup de femmes, se sont déplacés pour voter,
ce qui correspond à un taux de participation très élevé pour un
club sportif de quartier doté d’une
équipe de foot professionnelle.
La Plaza de Mayo est de nouveau libre ! (photo La Prensa) |
Si même Boca Juniors
rejette Macri, l’avenir
politique de celui-ci
semble fort
compromis d’autant qu’il avait déjà perdu l’appui des
entrepreneurs industriels au niveau national et que celui des
exploitants agricoles, sa base électorale « naturelle »
dans le patronat, vacillait depuis une bonne année. Il semblerait
qu’il vienne donc de perdre sa base populaire dans la capitale (2)
et pour comble de malheur pour lui,
le chef de gouvernement de cette même capitale, qu’il
considérait comme son dauphin local il y a quatre ans,
lui tourne le dos en faisant enlever avant même qu’il rende les
clés de la Casa Rosada des grilles qu’il lui
avait fait poser au début de son mandat.
Pour aller plus loin :
sur les élections à Boca Juniors
lire l’article de Página/12 (sur la une)
lire l’entrefilet de La Prensa (sur la une)
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación (sur la une)
sur Plaza de Mayo
lire l’article de Clarín
Ajout du 11 décembre 2019 :
Mauricio Macri a réécrit sa présentation sur son compte Twitter et a fait disparaître toute référence à son passage par la présidence argentine !
Lire l'entrefilet de Página/12
Ajout du 11 décembre 2019 :
Mauricio Macri a réécrit sa présentation sur son compte Twitter et a fait disparaître toute référence à son passage par la présidence argentine !
Lire l'entrefilet de Página/12
(1) Sous des allures
élégantes de gentleman à l’européenne,
Macri est un machiste plus que pesant qui croit, par
exemple, que les femmes apprécient d’être
sifflées dans la rue,
entre autres réflexions grossières
dont il a émaillé ses mandats d’abord à
la tête de la Ville Autonome de Buenos Aires ensuite
aux commandes du pays tout
entier. Imaginez ce qu’il peut en être
dans un club tracté par une équipe de foot masculine
professionnelle...
(2) Il recueille là la
monnaie de sa pièce. Celle de sa politique sociale et d’un certain
nombre d’actes publics dont le dernier, vendredi dernier, quand
il n’a rien trouvé de mieux à faire que d’aller prendre congé
du Régiment des Grenadiers à cheval dans leur caserne de Palermo
(un quartier citadin très bourgeois). En soi, il n’y a pas de quoi
soulever un scandale ni la réprobation populaire
puisque ce régiment est l’escorte présidentielle et qu’il
jouit d’un grand prestige dans toutes
les classes sociales. Mais il a voulu en
profiter pour se mettre en valeur : monté à cheval, il
a prit part à quelques exercices dans la
carrière équestre régimentaire, faisant
ainsi étalage de ses capacités dans ce sport réservé, dans le
milieu urbain dont il est issu, à l’élite qui peut se payer des
cours d’équitation et des séances d’entraînement en club
hippique. Il aurait tapé dans la balle en short
et maillot avec une équipe de
foot composée de grenadiers du rang ou de
sous-officiers, il aurait évité d’exhiber
ce déplaisant visage de fils de famille plein de fric et de morgue.
Les sociétaires de son club, qui sont souvent des travailleurs très
modestes, qu’ils habitent le quartier de La Boca ou ailleurs, en
général plutôt au sud de la ville, ont dû apprécier à sa juste
valeur le symbole social, à l’avant-veille de leurs
élections !