lundi 6 juillet 2020

6 juillet : une Journée belgranienne [Histoire]

Aujourd’hui, il y a 204 ans que Manuel Belgrano était reçu au Congrès de Tucumán, une assemblée constituante argentine (1), à huis-clos pour rendre compte de ce qu’il avait vu en Europe, c’est-à-dire à Londres, lors de la mission diplomatique qu’il y avait conduite en 1815.

Le président de l'Insituto Nacional Belgraniano présentant mon livre
devant le portrait du général Manuel Belgrano (Londres, 1815)
au musée municipal de Olavarría (Province de Buenos Aires), pendant le confinement argentin

Revenant d’Angleterre avec une constitution complète qu’il avait lui-même rédigée et dont le texte ne fut même pas débattu, il parla de son idée d’une monarchie parlementaire à l’anglaise. Il allait jusqu’à envisager de mettre sur le trône ainsi créé pour fédérer les actuels territoires d’Argentine, d’Uruguay, de Bolivie et du Chili un descendant de l’Inca, l’empereur aborigène assassiné par Francisco Pizarro en 1530. Depuis 1781, l’homme vivait dans une semi-retraite, dans la terreur qui s’était abattue sur les siens après la révolte, dans la région de Tucumán, de son demi-frère aîné, resté dans l’histoire comme Túpac Amaru II, le premier révolutionnaire qui, en Amérique, ait aboli l’esclavage sur les terres de son ressort. Vaincu au bout de quelques mois par la supériorité en armes de l’armée coloniale espagnole, ce puissant cacique quechua avait été torturé et exécuté dans des raffinements de cruauté, avec sa femme et ses enfants, alors que Belgrano, à l’autre bout du pays, à Buenos Aires, n’avait que dix ans.

La nouvelle que le général Belgrano, le sauveur de Tucumán en 1812, appuyait l’accession à la couronne d’un membre de la famille impériale incaïque, acheva de rallier à la cause révolutionnaire les aborigènes sédentaires qui étaient encore très nombreux dans l’actuel Nord-Ouest argentin mais Buenos Aires, plus peuplée et donc plus représentée au Congrès (la seule province à y disposer de cinq députés), refusa tout net ce compromis et le fit avorter dans les mois qui suivirent la déclaration d’indépendance, qui fut votée le 9 juillet 1816.

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Ce jour est devenu une fête nationale en Argentine. C’est pourquoi la librairie Cariño, à Paris, organise ce jour-là une soirée spéciale où j’interviendrai pour raconter cet épisode de l’histoire et les rôles joués alors par Manuel Belgrano, dont 2020 reste l’année malgré la pandémie, et José de San Martín, qui préparait la libération du Chili puis celle du Pérou.

Ecouter ma conférence sur Belgrano en français à l’Ambassade argentine à Paris sur ma chaîne Dailymotion
Ecouter mon interview sur Belgrano en espagnol sortie le 20 juin sur Dailymotion
Je prépare pour le 9 juillet au matin une vidéo reprenant une conférence que j’ai donnée en français à Gretz-Armainvillers (77), en 2015, sur José de San Martín.
Pour le moment, n’est en ligne qu’une interview donnée sur ce sujet en espagnol à la radio internationale du service public argentin RAE en 2014.



(1) Il y avait deux assemblées constituantes, l’une à Tucumán, dont les travaux ont fondé le nouvel État, et l’autre à Santa Fe, l’assemblée de la Ligue des Peuples Libres, dont le travail s’est perdu dans la guerre civile qui a suivi. A Tucumán, étaient représentées les provinces de Buenos Aires, Córdoba, Cuyo, Tucumán, Salta et Santiago del Estero ainsi que les provinces du « Haut-Pérou » qui allaient former la Bolivie en 1825. A Santa Fe, étaient réunis les députés de la Banda Oriental (futur Uruguay), de Corrientes, Entre Ríos et Santa Fe, soit l’ensemble de l’actuel Litoral argentin. Ils s’étaient placés sous l’autorité de José Gervasio Artigas (1764-1850), le père fondateur de la République Orientale de l’Uruguay.