Aujourd’hui, il y a 204 ans que Manuel Belgrano
était reçu au Congrès de Tucumán, une assemblée constituante
argentine (1),
à huis-clos pour rendre compte de ce qu’il avait vu en Europe,
c’est-à-dire à Londres, lors de la mission diplomatique qu’il y
avait conduite en 1815.
Revenant
d’Angleterre avec une constitution complète qu’il avait lui-même
rédigée et dont le texte ne fut même pas débattu, il parla de son
idée d’une monarchie parlementaire à l’anglaise. Il allait
jusqu’à envisager de mettre sur le trône ainsi créé pour
fédérer les actuels territoires d’Argentine, d’Uruguay, de
Bolivie et du Chili un descendant de l’Inca, l’empereur aborigène
assassiné par Francisco Pizarro en 1530. Depuis 1781, l’homme
vivait dans une semi-retraite, dans la terreur qui s’était abattue
sur les siens après la révolte, dans la région de Tucumán, de son
demi-frère aîné, resté dans l’histoire comme Túpac Amaru II,
le premier révolutionnaire qui, en Amérique, ait aboli l’esclavage
sur les terres de son ressort. Vaincu au bout de quelques mois par la
supériorité en armes de l’armée coloniale espagnole, ce puissant
cacique quechua avait été torturé et exécuté dans des
raffinements de cruauté, avec sa femme et ses enfants, alors que
Belgrano, à l’autre bout du pays, à Buenos Aires, n’avait que
dix ans.
La
nouvelle que le général Belgrano, le sauveur de Tucumán en 1812,
appuyait l’accession à la couronne d’un membre de la famille
impériale incaïque, acheva de rallier à la cause révolutionnaire
les aborigènes sédentaires qui étaient encore très nombreux dans
l’actuel Nord-Ouest argentin mais Buenos Aires, plus peuplée et
donc plus représentée au Congrès (la seule province à y disposer
de cinq députés), refusa tout net ce compromis et le fit avorter
dans les mois qui suivirent la déclaration d’indépendance, qui
fut votée le 9 juillet 1816.
Cliquez sur l'image pour une meilleure lecture |
Ce
jour est devenu une fête nationale en Argentine. C’est pourquoi la
librairie Cariño, à Paris, organise ce jour-là une soirée
spéciale où j’interviendrai pour raconter cet épisode de
l’histoire et les rôles joués alors
par Manuel Belgrano, dont 2020 reste l’année malgré la pandémie,
et José de San Martín, qui préparait
la libération du Chili puis celle du Pérou.
Ecouter
ma conférence sur Belgrano en français à l’Ambassade argentine à
Paris sur ma chaîne Dailymotion
Ecouter
mon interview sur Belgrano en espagnol sortie le 20 juin sur
Dailymotion
Je
prépare pour le 9 juillet au matin une vidéo reprenant une
conférence que j’ai donnée en français à Gretz-Armainvillers
(77), en 2015,
sur José de San Martín.
Pour
le moment, n’est en ligne qu’une interview donnée sur ce sujet en espagnol à la radio internationale du service public argentin RAE
en 2014.
(1)
Il y avait deux assemblées constituantes, l’une à Tucumán, dont
les travaux ont fondé le nouvel État,
et l’autre à Santa Fe, l’assemblée de la Ligue des Peuples
Libres, dont le travail s’est perdu dans la guerre civile qui a
suivi. A Tucumán, étaient représentées les provinces de Buenos
Aires, Córdoba, Cuyo, Tucumán, Salta et Santiago del Estero ainsi
que les provinces du « Haut-Pérou » qui allaient former
la Bolivie en 1825. A Santa Fe, étaient réunis les députés de la
Banda Oriental (futur Uruguay), de Corrientes, Entre Ríos et Santa
Fe, soit l’ensemble de l’actuel Litoral argentin. Ils s’étaient
placés sous l’autorité de José Gervasio Artigas (1764-1850), le père
fondateur de la République Orientale de l’Uruguay.