Il y a quelques semaines, un scandale politique a
éclaté en Argentine : on a trouvé des indices forts, qui sont
rapidement devenus des preuves, que le gouvernement précédent avait
organisé des écoutes illégales en les confiant aux services
secrets. Ont été écoutés des opposants, élus et non élus, des
journalistes, des artistes, bref on croirait revivre le scandale des
écoutes de l’Elysée mais cette fois-ci, c’est celui de la Casa
Rosada.
Le
juge d’instruction vient d’ordonner la détention de vingt-deux
personnes qui ont occupé des fonctions officielles dans les
institutions gouvernementales sous le mandat de Mauricio Macri, dont
sa chargée de documentation, accusée de lui avoir remis en mains
propres tous les jours des fiches remontant les contenus des écoutes.
L’ancien
chef d’État, qui n’est pas inquiété à ce stade, garde un
silence assourdissant (alors qu’il a tendance à se montrer prolixe
sur Twitter) et la presse de droite, qui ne lui a guère mesuré son
soutien, fait profil bas : dans les unes de ce matin,
l’information est traitée dans des titres très secondaires et des
encadrés très discrets, sans même crier à la persécution
idéologique ou aux juges vendus aux Kirchner, comme d'habitude. Très intéressant aussi : l'emploi dans Clarín de l'expression "presunto espionaje" (espionnage présumé) en lieu et place d'une autre employée, il y a quelques jours encore : "soi-disant espionnage".
Ce ton aussi mesuré qu'inattendu semble indiquer que ces
rédactions reconnaissent la réalité matérielle de ces écoutes
illégales. Seule Página/12
en fait l’information centrale de sa une et exploite cette péripétie pour mieux discréditer encore un gouvernement ultra-libéral qui n'est pas vraiment sa tasse de thé. La une est brutale et sans vrai jeu de mots (à peine une allusion cinématographique).
Même décision à la rédaction de La Nación mais le quotidien ne met pas de meilleure définition à disposition Donc vous devez prendre une loupe ! |
Les
services secrets subissent actuellement un audit ordonné par le
président Alberto Fernández avant le confinement et vont faire
l’objet d’une réforme complète de leur organisation et de leurs
missions.
Dans
le même temps, dans une autre enquête, relative à des prises
d’intérêts illégales dans les tr_s juteuses sociétés de péage
d’autoroute, plusieurs ministres de Mauricio Macri viennent de
recevoir une interdiction de sortir du territoire. Depuis plusieurs
mois, Página/12
a soulevé de nombreux lièvres dans ce dossier dans lequel l’ancien
président est soupçonné d’avoir confondu les concessions
publiques avec ses comptes en banque et ceux de plusieurs de ses
proches (actionnaires de la holding familiale).
Pour
en savoir plus :
lire
l’article de Página/12
lire
l’article de La Prensa
lire
l’article de Clarín
lire
l’article de La Nación