"Attention ! crie le gros-titre Prenez vos précautions, il se promène en liberté" |
L’épidémie dessine actuellement une courbe
exponentielle dont la forme spectaculaire n’est que trop bien
connue en Europe, où elle est intervenue suite au retard que nous
avons pris à nous confiner. Officiellement, en Argentine, le
confinement a été décrété dès que les premiers patients sont
morts. On pouvait donc espérer des résultats moins tragiques.
Courbe des décès au niveau national Source : La Nación Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Sans
doute le confinement est-il peu efficace dans un pays où les
bidonvilles sont nombreux et où une bonne partie de la population la
plus modeste ne peut pas faire le sacrifice de son travail à cause
du grand nombre d’indépendants et de la trop grande fréquence du
travail salarié au noir.
Toujours
est-il que les chiffres font froid dans le dos. Ce sont la ville
Buenos Aires et surtout la province homonyme qui sont à l’origine
du phénomène : dans la capitale, nettement plus riche en
moyenne que sa banlieue, le nombre de cas diagnostiqués double en 27
jours mais dans la Province, où se concentrent toutes les
difficultés sociales, surtout dans l’ouest et le sud, ce délai
baisse à 17,5. A elle seule, la province de Buenos Aires rassemble
3.477 cas diagnostiqués sur un total national de 5.344. Sur une population
totale d’environ 46 millions d’habitants, les chiffres des morts et des personnes contaminées restent
toutefois très inférieurs aux taux observés en Europe.
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Deux
jours après le retour en phase 3 du déconfinement, qui autorise les
habitants de Buenos Aires à faire du footing un jour sur deux selon
le numéro de leur pièce d’identité, les numéros pairs un jour,
les impairs le lendemain, comme en circulation alternée en France,
Página/12
sort donc les gros moyens pour convaincre son lectorat de faire
attention : un dessin de Miguel Rep qui se passe presque de
traduction et entièrement de commentaire et une une, qui use à
nouveau de l’arme de l’humour en détournant un vers célèbre
qui conclut un grand classique du tango, Chorra
(voleuse), composé et écrit par Enrique Santos Discépolo et créé
par Carlos Gardel, qui l’interprétait avec un humour féroce (à
écouter ici dans un enregistrement de 1928).
A gauche : C'est bon, tu l'as, ton masque... Au centre : T'inquiète ! Cours. Traduction © Denise Anne Clavilier Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
La
rédaction de Página/12
s’est contenté de mettre au masculin (le virus) cette phrase
originellement au féminin (la voleuse, élevée par une famille
d’escrocs, dont se plaint un pauvre boucher qu’elle a séduit
avant de le réduire à la misère en dépensant sans compter
l’argent de toute une vie de labeur) (1).
Pour
aller plus loin :
lire
l’article de La Prensa
lire
l’article de Clarín
lire
l’article de La Nación
voir
les tableaux publiés par La Nación
sur la situation de chaque province, dont quelques unes n’ont
toujours aucun mort à déplorer.
Ajouts du 24 juillet 2020 :
lire cet article de La Prensa sur l'analyse de la montée de l'épidémie par le ministre de la Santé, lui-même médecin... Il y a trop de réunions privées, notamment des repas communs (asados) et des "apéritifs" (mateadas). Il en appelle à la responsabilité individuelle de chacun ;
lire l'article de La Nación sur les prévisions erronées du ministre de la Santé qui, en février, ne croyait pas que la pandémie toucherait l'Amérique du Sud.
Ajouts du 24 juillet 2020 :
lire cet article de La Prensa sur l'analyse de la montée de l'épidémie par le ministre de la Santé, lui-même médecin... Il y a trop de réunions privées, notamment des repas communs (asados) et des "apéritifs" (mateadas). Il en appelle à la responsabilité individuelle de chacun ;
lire l'article de La Nación sur les prévisions erronées du ministre de la Santé qui, en février, ne croyait pas que la pandémie toucherait l'Amérique du Sud.
(1)
Chorra
fait partie du répertoire que j’ai présenté, dans le texte et en
traduction, dans Barrio de Tango,
recueil bilingue de tangos argentins,
publié aux Éditions du Jasmin.