Une de Página/12 En haut, à gauche, la situation à Buenos Aires à droite, celle dans la province |
Hier soir, le président Alberto Fernández a
annoncé, à travers une conférence de presse d’un peu plus de
deux heures, les nouvelles modalités de lutte contre le covid-19 qui
a déjà emporté plus de deux mille habitants de l’Argentine (sur
46 millions de personnes qui y vivent).
"Confinement flexibilisé par une ouverture des activités échelonnée" Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
La
conférence se tenait dans les jardins de la résidence de Olivos,
dans la lointaine banlieue de Buenos Aires, que le président ne
quitte plus, après deux tentatives de visite officielle dans des
provinces, fort mal interprétées par la presse d’opposition.
Comme
d’habitude, il était flanqué par le gouverneur de la province de
Buenos Aires (dont fait partie la ville de Olivos) et par le chef de
gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, qui appartient à
l’opposition de droite mais se tient loyalement à ses côtés à
chaque fois, malgré les critiques acerbes des faucons de son propre
camp. Trois gouverneurs s’étaient joints par visio-conférence,
dont le très droitier gouverneur de Jujuy, ce qui ne manque pas de
surprendre quand on connaît la faille idéologique qui oppose droite
et gauche dans le pays.
Le
retour à la phase 3 du déconfinement, après
une nouvelle période de phase 1, a été
annoncée comme une étape vers une réorganisation pérenne du pays
pendant tout le temps où le virus sévira et l’on sait maintenant
que cela durera plusieurs mois, voire plus d’un an : le
président a parlé « du retour à la vie habituelle dans un
monde différent » (un oxymore qui n’est facile pour personne
dans aucun pays du monde). Il s’est montré prudent, il a assumé
d’avancer à tâtons en prenant en considération l’expérience
des pays où l’épidémie a commencé avait d’atteindre
l’Amérique du Sud. Il s’est exprimé avec l’humilité de ton
qui le caractérise, à l’opposé des rodomontades de tant
d’autres, qui campent pourtant sur des positions incompatibles les
unes avec les autres (Macron, Johnson surtout avant sa maladie, Bolsonaro et
Trump).
Les
réouvertures vont s’échelonner jusqu’au 2 août et seront
différentes en fonction des situations locales (souvent liées au
degré d’urbanisation).
Seules
neuf provinces vont pouvoir reprendre les classes dans les
établissements scolaires à partir du mois d’août, pour entamer
le second quadrimestre de l’année.
En
phase 3, à Buenos Aires même, les commerces non essentiels vont
pouvoir ouvrir à partir de lundi. Peu à peu, la moitié de la
population retrouvera le droit de se déplacer pour se rendre à son
travail et on avancera comme ça tout doucement, un œil sur la
reprise économique, qui est indispensable (près de 25 % des
entreprises de la capitale ont déjà mis la clé sous la porte), et
l’autre sur les indicateurs sanitaires (nombre de contaminations,
de morts et d’hospitalisations).
Dans
la banlieue et l’ensemble de la province, les maires vont avoir
plus d’autonomie pour décider en fonction de la situation de leur
ville mais des règles communes vont s’appliquer car les échanges
économiques entre la capitale fédérale et le tissu urbain qui
l’entoure sont très intriqués.
Le
monde de la culture et du tourisme restent sinistrés. Rien n’est
possible autrement qu’en ligne. Ni spectacle, ni festival, ni
ouverture de musée. Quant à la fête des Amis, lundi prochain, le
20 juillet, on oublie. Les réunions festives à domicile sont plus
que déconseillées et à l’extérieur, elles sont interdites. Les
lieux de culte resteront fermés, ce qui a donné à Elisa Carrió,
pourtant officiellement retirée de la vie politique, l'occasion de se couvrir
une nouvelle fois de ridicule en déclarant sur les réseaux sociaux
que « le Saint-Sacrement était séquestré » et qu’il
fallait permettre de célébrer la messe à l’air libre « parce
que celui qui soigne et qui guérit, c’est Jésus ». Du grand
guignol, comme d’habitude.
Le
président et les gouverneurs ont enfin appelé les Argentins à
faire preuve du sens des responsabilités et à ne pas oublier
qu’aucune catégorie d’âge n’est épargnée par le virus dont
la transmissibilité atteint des taux effarants et un vitesse qui
dépasse les prévisions prises en compte dans les plans pandémie
antérieurs.
Pour
aller plus loin :
lire
l’article de Página/12
lire
l’article de La Prensa
lire
l’article de Clarín
Le
site Internet de La Nación
n'a pas mis en ligne son article de une.
Ajout du 19 juillet 2020 :
lire la grande interview de Alberto Fernández parue à la une de Página/12 de ce jour
Ajout du 20 juillet 2020 :
le président argentin a aussi accordé une interview exclusive au Financial Times mais cette fois-ci, il y parle surtout d'économie et de sortie de crise pour son pays (et ses créanciers). Ce week-end, les ministres de l'Economie du G20 se réunissaient pour débattre de la dette des pays pauvres.
Sur le site Internet de Financial Times, cette interview (publiée en anglais) n'est pas en libre accès.
La plupart des quotidiens argentins en présentent ce matin une synthèse en espagnol :
lire l'article de La Prensa
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Nación
"Je sais qui sont ceux qui m'ont élu et quel pays je veux" Une de Página/12 du 19 juillet 2020 |
Ajout du 19 juillet 2020 :
lire la grande interview de Alberto Fernández parue à la une de Página/12 de ce jour
Ajout du 20 juillet 2020 :
le président argentin a aussi accordé une interview exclusive au Financial Times mais cette fois-ci, il y parle surtout d'économie et de sortie de crise pour son pays (et ses créanciers). Ce week-end, les ministres de l'Economie du G20 se réunissaient pour débattre de la dette des pays pauvres.
Sur le site Internet de Financial Times, cette interview (publiée en anglais) n'est pas en libre accès.
La plupart des quotidiens argentins en présentent ce matin une synthèse en espagnol :
lire l'article de La Prensa
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Nación