Sous cette couverture où le Soleil de Mai, qui orne le drapeau
argentin, écrase de sa splendeur le petit capitaliste un peu trop
sûr de lui de Walt Disney, Cash, le supplément économique
de Página/12, offre
cette semaine à ses lecteurs (tous de gauche) une série d’articles
sur les inconvénients du capitalisme comme ligne politique et les
avantages de développer le bien-être social à l’échelle de tout
un pays.
La couverture prend
toute sa saveur lorsque l’on sait que le jeudi de cette semaine
sera un jour férié : ce sera la fête de l’Indépendance.
Página/12
choisit astucieusement ses dates, pendant que le reste de la presse
s’englue à qui mieux mieux dans un scandale, pour le moment
fantasmatique, autour d’un meurtre atroce découvert à la fin de
la semaine dernière à Santa Cruz, dans lequel l’opposition veut à
toute force voir la main noire de la vice-présidente (1).
Pour en savoir plus :
lire le dossier de Cash
paru hier.
(1) La victime avait
été l’un de ses secrétaires pendant sa présidence et il avait
décidé de témoigner sous le statut protégé de « repenti »
dans le cadre des enquêtes sur la corruption. Ce qu’on appelle
aussi le lawfare, cette stratégie systématique prêtée à
la droite qui, dès qu’elle retrouve le pouvoir, chercherait à
mettre à l’ombre ses opposants en montant des dossiers
compromettants. Selon les magistrats provinciaux en charge de
l’instruction, l’enquête mettrait en cause quatre jeunes hommes
plongés dans une histoire sordide où se mêlent de la violence
d’ordre sexuel et des motifs crapuleux. Ce désir à droite
d’impliquer Cristina Kirchner dans le crime relève pour l’heure
d’un pur fantasme de la part de l’opposition : pourquoi
elle, si habile qu’aucune preuve matérielle n’a encore été
mise à jour pour prouver de manière incontestable sa corruption,
serait-elle assez idiote pour faire assassiner ainsi un ancien
collaborateur qui l’a « trahie » pour sauver sa propre
peau ? D’ailleurs, la partie modérée de l’opposition
refuse d’alimenter cette interprétation pour le moins hâtive et
la tension est si forte entre les ténors de la droite que la
structure électorale Juntos por el Cambio pourrait bien exploser sur
cet écueil.