samedi 28 mai 2016

Miguel Rep et Doña Letizia sont d'accord ! Non ? Si ! [Actu]

Encore un trait de génie graphique et conceptuel de Miguel Rep, que ce 25 mai scandaleusement privatisé a mis en super-forme protestataire ! Cette fois-ci, avant-hier, le 26 mai, il nous racontait en quatre petites cases l'histoire du journalisme telle qu'il la voit en Argentine (avec un soupçon, à peine, de partialité ! Et tant mieux puisque c'est son métier et ses convictions)


Première case (avec le Cabildo de Buenos Aires qui rayonne du débat fondateur) :
Le grand bazar du 25 mai 1810 (1), on l'a fait face au Río [de La Plata] pour dire au monde : "Regarde, nous voilà, on fait la révolution ! Nous nous mettons à la mode du monde."
Deuxième case :
Mécontent, le dessin de presse fait son apparition.
Troisième case (avec la Casa histórica de Tucumán, où cela semble se passer difficilement aussi) :
Celui du 9 juillet 1816 (2), on l'a fait dans une petite maison, à Tucumán, au fin fond du fond du pays... "Compatriotes, nous sommes libres."
Quatrième case :
Mécontente, la presse capitaliste... "Tucumán : une farce... Retourner à l'Espagne"
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Photo ©  Maison royale d'Espagne

En Espagne justement, les 25 et 26 mai dernier, la reine d'Espagne, Doña Letizia, qui fut journaliste avant d'être princesse héritière puis reine consort, inaugurait un séminaire sur la langue et le journalisme, consacré cette année au rôle de l'humour dans ce métier (avant d'inaugurer, hier, le salon du livre de Madrid). Son discours, bien informé, a fait beaucoup d'effet sur les congressistes. Citant un académicien, Wenceslao Fernández Flóres (1885-1964), dans son discours de réception à la Real Academia Española, elle a donné quelques définitions qui font du bien par les temps qui courent :

El humor puede no ser solemne, pero es serio. Es, sencillamente, una posición ante la vida.
Cuando no gemimos ni nos encolerizamos ante lo que nos disgusta, no queda más que una actitud: la burla.
Si no es tierno ni comprensivo, no es humor.
El humor tiene la elegancia de no gritar nunca y también de no prorrumpir en ayes.
El humor se coge del brazo de la vida y se esfuerza en llevarla ante su espejo cóncavo o convexo, en el que las más solemnes actitudes se deforman al límite de que no pueden conservar su seriedad.
La gracia nos cautiva cuando lleva dentro una idea.
Wenceslao Fernández Flóres, cité par la reine Letizia

L'humour peut ne pas être solennel mais il est sérieux. C'est tout simplement une manière d'être dans la vie.
Quand devant ce que nous détestons nous ne gémissons pas et que nous ne nous mettons pas en colère, il ne nous reste qu'une attitude : le rire.
S'il n'y a ni tendresse et ni compréhension, ce n'est pas de l'humour.
L'humour a l'élégance de ne jamais hurler et de ne pas non plus se laisser aller à soupirer.
L'humour prend la vie par le bras et s'efforce de l'emmener devant un miroir concave ou convexe, dans lequel les attitudes les plus solennelles sont si déformées qu'elles ne peuvent pas garder leur sérieux.
La drôlerie retient tout notre esprit lorsqu'elle porte en elle une idée.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Pour aller plus loin :
lire le communiqué de la Real Academia Española sur l'intervention de la reine
lire le communiqué plus complet du site Internet de la Couronne espagnole (Casa de Su Majestad el Rey)
lire l'intégralité du discours de la reine dont vous pouvez aussi regarder l'enregistrement vidéo.



(1) L'abolition de la vice-royauté et la fin de l'Ancien Régime, sans rupture avec l'Espagne, alors envahie par la France de Napoléon et menacée dans sa souveraineté et son indépendance.
(2) La déclaration d'indépendance du peuple argentin de toutes les puissances étrangères. L'homme au teint vert porte le haut-de-forme des notables de la Buenos Aires du début du romantisme.