Encore un trait de génie graphique et
conceptuel de Miguel Rep, que ce 25 mai scandaleusement privatisé a
mis en super-forme protestataire ! Cette fois-ci, avant-hier, le
26 mai, il nous racontait en quatre petites cases l'histoire du
journalisme telle qu'il la voit en Argentine (avec un soupçon, à
peine, de partialité ! Et tant mieux puisque c'est son métier
et ses convictions)
Première case (avec le Cabildo de
Buenos Aires qui rayonne du débat fondateur) :
Le grand bazar du 25 mai 1810 (1), on
l'a fait face au Río [de La Plata] pour dire au monde : "Regarde, nous voilà, on fait la révolution ! Nous nous mettons
à la mode du monde."
Deuxième case :
Mécontent, le dessin de presse fait
son apparition.
Troisième case (avec la Casa histórica
de Tucumán, où cela semble se passer difficilement aussi) :
Celui du 9 juillet 1816 (2), on l'a
fait dans une petite maison, à Tucumán, au fin fond du fond du
pays... "Compatriotes, nous sommes libres."
Quatrième case :
Mécontente, la presse capitaliste... "Tucumán : une farce... Retourner à l'Espagne"
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
Photo © Maison royale d'Espagne |
En Espagne justement, les 25 et 26 mai
dernier, la reine d'Espagne, Doña Letizia, qui fut journaliste avant
d'être princesse héritière puis reine consort, inaugurait un séminaire sur la langue
et le journalisme, consacré cette année au rôle de l'humour dans
ce métier (avant d'inaugurer, hier, le salon du livre de Madrid).
Son discours, bien informé, a fait beaucoup d'effet sur les
congressistes. Citant un académicien, Wenceslao Fernández Flóres
(1885-1964), dans son discours de réception à la Real Academia
Española, elle a donné quelques définitions qui font du bien par
les temps qui courent :
El
humor puede no ser solemne, pero es serio. Es, sencillamente, una
posición ante la vida.
Cuando
no gemimos ni nos encolerizamos ante lo que nos disgusta, no queda
más que una actitud: la burla.
Si no
es tierno ni comprensivo, no es humor.
El
humor tiene la elegancia de no gritar nunca y también de no
prorrumpir en ayes.
El
humor se coge del brazo de la vida y se esfuerza en llevarla ante su
espejo cóncavo o convexo, en el que las más solemnes actitudes se
deforman al límite de que no pueden conservar su seriedad.
La
gracia nos cautiva cuando lleva dentro una idea.
Wenceslao
Fernández Flóres, cité par la reine Letizia
L'humour peut ne pas être solennel
mais il est sérieux. C'est tout simplement une manière d'être dans
la vie.
Quand devant ce que nous détestons
nous ne gémissons pas et que nous ne nous mettons pas en colère, il
ne nous reste qu'une attitude : le rire.
S'il n'y a ni tendresse et ni
compréhension, ce n'est pas de l'humour.
L'humour a l'élégance de ne jamais
hurler et de ne pas non plus se laisser aller à soupirer.
L'humour prend la vie par le bras et
s'efforce de l'emmener devant un miroir concave ou convexe, dans
lequel les attitudes les plus solennelles sont si déformées
qu'elles ne peuvent pas garder leur sérieux.
La drôlerie retient tout notre esprit
lorsqu'elle porte en elle une idée.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
Pour aller plus loin :
lire le communiqué de la Real Academia Española sur l'intervention de la reine
lire le communiqué plus complet du
site Internet de la Couronne espagnole (Casa de Su Majestad el Rey)
lire l'intégralité du discours de la reine dont vous pouvez aussi regarder l'enregistrement vidéo.
(1) L'abolition de la vice-royauté et
la fin de l'Ancien Régime, sans rupture avec l'Espagne, alors
envahie par la France de Napoléon et menacée dans sa souveraineté
et son indépendance.
(2) La déclaration d'indépendance du
peuple argentin de toutes les puissances étrangères. L'homme au
teint vert porte le haut-de-forme des notables de la Buenos Aires du
début du romantisme.