L'affaire Santiago Maldonado est celle qui s'attache à un jeune artisan
mapuche qui a été porté disparu pendant de longs mois après
l'évacuation musclée d'un domaine occupé par un groupe
d'activistes amérindiens ou qui se réclament tels en Patagonie. On
a ensuite retrouvé le corps au fond d'un cours d'eau, un corps sans
blessure, qui indiquerait que le jeune homme s'est noyé
accidentellement. La famille, chauffée à blanc par l'opposition, et
les organisations de victimes de la dernière dictature militaire
sont persuadées que les forces de l'ordre portent la responsabilité
de cette mort et soupçonnent le gouvernement d'y être pour quelque
chose.
Or
le juge d'instruction vient de clore le dossier en publiant une
ordonnance de non lieu, ce qui revient à valider l'hypothèse de
l'accident dont les forces de l'ordre ne peuvent être tenues pour
responsables (il semble que le jeune homme ait traversé la rivière
glacée, en août, donc en plein hiver, qu'il ait glissé et qu'il
n'ait pas pu se relever). Cette mort ne correspond pas à un crime
d’État comme l’opposition aimerait le faire reconnaître.
En
une, ce matin, Página/12 tonne qu'on assassine une seconde fois le jeune homme
et se fait l'écho, en plusieurs articles, de la colère de la
famille et des associations. Les autres quotidiens sont plus sereins,
même s’ils ont mis l’information en une, mais de façon beaucoup
plus discrète.
Pendant une partie de l'hiver 2017, j'étais
en Argentine et j'avais été stupéfaite par la
débauche d'affichettes et de tracts qui couvraient le pays. Derrière
une telle opération pour prendre à témoin l'opinion publique, il y
avait nécessairement beaucoup d'argent. D'où venait cet argent et pourquoi le
dépensait-on de manière aussi stérile, au lieu de l'investir en
projets de développement culturels ou économiques ? Je me souviens de m'être sentie très mal à l'aise devant ce qui ressemblait furieusement à un fait divers tragique et instrumentalisé à des fins politiques peu avouables.
Pour
en savoir plus :
lire
l'article de Clarín
lire
l'article de La Nación
Ajout du 2 décembre 2018 :
lire cet article de Página/12 sur le communiqué de la section argentine d'Amnisty International qui exige un complément d'enquête, jugeant que le non lieu n'apporte pas assez de garanties quant à l'impartialité avec laquelle cette instruction s'est déroulée.
Ajout du 2 décembre 2018 :
lire cet article de Página/12 sur le communiqué de la section argentine d'Amnisty International qui exige un complément d'enquête, jugeant que le non lieu n'apporte pas assez de garanties quant à l'impartialité avec laquelle cette instruction s'est déroulée.