mercredi 21 novembre 2018

Buenos Aires en état de siège pour le G20 [Actu]

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Buenos Aires s'apprête à recevoir les chefs d'Etat et de gouvernement du G20, avec leur suite, le vendredi 30 novembre prochain, dans le nord de la ville. Pour ce faire, la capitale argentine sera paralysée du jeudi 29 au samedi 1er décembre, avec des quartiers complètement interdits, même aux piétons, et une suspension du service des transports publics : pas de train, pas de métro, pas de bus (ou très peu) et pas de car de moyenne et longue distance. Il n'y aura pas non plus de circulation fluviale. La liaison par bateau avec Montevideo sera suspendue. Il en ira de même des avions qui s'envolent d'habitude de l'aéroport Jorge Newberry, qui dessert les destinations intérieures ou frontalières. L'aéroport est le voisin immédiat du domaine de Costa Salguero, où se tiendront les réunions politiques. Les vols internationaux seront réduits à Ezeiza mais également sur les aéroports secondaires qui entourent Buenos Aires (à Morón, à El Palomar et à San Fernando).

Comme toujours dans ces cas-là, il est prévu un déploiement inouï de forces de l'ordre.

"Heureux ceux qui pourront partir bien loin de Buenos Aires"
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On attend dix mille participants, fonctionnaires nationaux et internationaux (Union Européenne ou FMI), hommes d'affaires, membres d'ONG et journalistes qui intégreront les délégations officielles, 3.500 fonctionnaires de sécurité surtout chinois, états-uniens et russes, et 13.400 agents de sécurité fédéraux (policiers fédéraux, gendarmes, préfecture navale pour surveiller le Río de la Plata et ses affluents, et policiers aéroportuaires), assistés de 9.000 agents de la force publique locale (Province et Ville Autonome de Buenos Aires). Déploiement d'hélicoptères dans le ciel et de navires militaires sur le Río ! Etonnez-vous après cela que la ministre de la Sécurité, avec son visage toujours aussi peu aimable, a osé inviter les Portègnes à quitter la ville pendant ce week-end (comme si tous avaient les moyens de le faire). Le vendredi a d'ailleurs été déclaré férié dans la capitale.

Le dîner de gala se tiendra au Teatro Colón, en plein centre-ville. Certains musées et hôtels seront fermés (le MALBA) ou cernés par un périmètre de sécurité.

La situation est si tendue que la ministre a même annoncé qu'elle avait demandé au prix Nobel de la Paix Adolfo Pérez Esquivel de garantir que les manifestants altermondialistes attendus en grand nombre ne fassent aucun dégât. Pérez Esquivel, qui participe au forum de gauche du Contre-Sommet, a démenti l'information en envoyant la ministre se faire voir chez les Grecs et en rappelant que la responsabilité qu'elle entend lui faire porter est précisément une prérogative régalienne qui lui est déléguée. Et toc !

Quand aux duettistes de la une de Página/12, le dessinateur Daniel Paz et le scénariste Rudy, ils s'en donnent à cœur-joie, chaque jour leur fournissant un motif de caricature.

Dessin de Daniel Paz et Rudy, le 17 novembre

L'homme : Le niveau de xénophobie, je trouve ça inquiétant.
Ce n'est pas que les Boliviens, les Péruviens et les Paraguayens
qu'on veut ficher dehors.
Patricia Bullrich (la ministre de la Sécurité) : Je recommande aux Portègnes
de quitter la ville.
Traduction © Denise Anne Clavilier

Dessin de Daniel Paz et Rudy, le 18 novembre
La barbouze bas de plafond : Pour le G20, nous avons un dispositif sophistiqué
pour détecter les terroristes. Il n'y a qu'un os.
Patricia Bullrich : Quoi donc ?
La barbouze : Les alarmes pourraient bien se mettre à sonner
quand Trump arrivera
Traduction © Denise Anne Clavilier

Dessin de Daniel Paz et Rudy, le 19 novembre
Mauricio Macri : Ici, vous allez être super en sécurité,
que je dis à tous les invités du G20.
La seule chose que vous avez à redouter, c'est nos prix !
Traduction © Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12, qui supplie les pouvoirs publics de ne pas bombarder Buenos Aires tant les alertes à la bombe se sont multipliées depuis une semaine, souvent pour rien
Sur les déclarations de Pérez Esquivel :
lire l'article de La Prensa

Ajout du 22 novembre 2018 :
lire l'article de Página/12 sur le démenti cinglant de Pérez Esquivel