vendredi 16 novembre 2018

Un domaine militaire historique devient un espace vert [Actu]

C'est joli tout plein, au printemps !
Mauricio Macri, ce matin, à Campo de Mayo, flanqué de ses ministres :
à sa droite, Oscar Aguad (Défense), à sa gauche, Sergio Bergman (Ecologie)
Photo Casa Rosada
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Le président Mauricio Macri vient d'annoncer que, conformément au programme politique qu'il avait lancé à la rentrée de mars dernier, le Campo de Mayo, un domaine militaire, au nord-ouest de Buenos Aires, où ont fonctionné quatre centres de détention clandestine sous la dernière dictature militaire, sera transformé en un parc public urbain, dans une zone déjà fort bien lotie en matière de grands espaces verts, grâce au delta du Paraná qui s'apprête à se jeter dans le Río de la Plata. L'installation des forces armées sur ce domaine de 8.000 hectares remonte à 1901, l'époque où cette région de la banlieue chic de Buenos Aires a connu son plein développement résidentiel pour familles patriciennes des plus huppées.

L'idée de convertir en parc naturel ce lieu où l'on a torturé, assassiné, volé des bébés à leur naissance, avait rassemblé contre elle toutes les associations de victimes de la dictature : Abuelas, Madres, H.I.J.O.S, Familiares, etc.

Elle se fera sans passer par le Congrès, en évitant donc un débat très conflictuel. Le parc restera sous la responsabilité du ministère de la Défense. Il sera censé bénéficier à 10 millions d'habitants du Gran Buenos Aires, mais c'est une fiction : les pauvres, qui habitent le sud, n'auront pas les moyens de faire tout ce chemin pour aller se balader dans un parc situé à plus de 40 km de chez eux.

Página/12, très attaché à la mémoire des victimes de la dictature, s'en étrangle.
La Prensa, beaucoup moins sensibles à ce passé sanglant, raconte la cérémonie au cours de laquelle le président, en compagnie de quelques ministres, a fait son petit effet devant les autorités militaires rassemblées en affirmant que les Argentins étaient tous d'accord sur le thème de l'écologie. Ce qui est faux : il n'y a qu'à voir les querelles que déclenchent l'usage des pesticides ! Et l'habillage écologique ne marchera jamais devant les partisans des droits de l'homme.

Et pour l'occasion, on a vu réapparaître le très discret, quasi-transparent, inodore et incolore (gouvernementalement parlant) Secrétaire d'Etat à l'Ecologie, le rabbin Sergio Bergman avec son habituelle kippa multicolore.

Pour aller plus loin :
lire le communiqué officiel de la Casa Rosada.

Ajout du 23 novembre 2018 :
lire le communiqué de presse de Abuelas de Plaza de Mayo, qui exprime l'opposition du collectif à la conversion du domaine en espace vert de loisir.