mercredi 21 novembre 2018

Relents esclavagistes dans le Delta [Actu]

Dans une riche ville privée de la commune de Tigre, Nordelta, dans la banlieue chic de Buenos Aires, au nord-ouest de la ville, on vit très mal d'avoir à partager les cars qui circulent à l'intérieur de la petite enclave avec les domestiques qui viennent y faire leur ménage.

Il a été demandé à la direction de la petite ligne privée de prendre des mesures pour cette situation cesse. Les chauffeurs se sont mis à empêcher les employées de maison de monter à bord du car lorsque des propriétaires y ont déjà pris place ou les obligent à rester debout alors qu'il y a des places assises vides.

Les employées de maison en question ont manifesté sur la voie publique et révélé les motifs avancés par les propriétaires pour mettre en place une aussi humiliante discrimination : elles parlent trop et elles transpirent, donc sentent mauvais...

Aujourd'hui, Clarín s'en fait aussi l'écho, tout en citant les explications du syndic du quartier privé qui déclare avoir appris les choses par la presse et se dit scandalisé par ces mauvaises manières de certains de ses mandataires.

Daniel Paz et Rudy en ont fait le sujet de leur vignette d'aujourd'hui :


Au téléphone : ici, à Nordelta, les bonnes prennent la même navette que les gens normaux. C'est horrible, Mauricio.
Mauricio Macri : Je suis désolé mais tous les gens sont égaux devant la loi
Au téléphone : Alors qu'est-ce qu'on peut faire ?
Mauricio Macri : Augmente un bon coup le prix du ticket.
Traduction © Denise Anne Clavilier

Ajout du 24 novembre 2018 :
lire cet article de Página/12 qui se fait l'écho d'une décision de l'assemblée législative de la ville de Tigre qui veut voter une loi disposant qu'une des lignes publiques locales de bus, la 153, desserve désormais l'intérieur de Nordelta. En Argentine, les municipalités ont un pouvoir législatif, le Concejo Deliberante, et un pouvoir exécutif, détenu par le maire (Intendente) élu, qui s'entoure de directeurs de secteur nommés (directeur de la culture, des écoles, de la voirie, des parcs et jardins, etc.)
lire cet éditorial de La Prensa contre la montée du racisme à Buenos Aires, un phénomène que le rédacteur relie au passé esclavagiste colonial de la capitale argentine
lire cet article de La Nación qui revient sur la proposition de loi municipale de Tigre (avec un autre numéro de ligne de bus et une photo impressionnante de Nordelta, en Venise du Paraná)


Daniel Paz et Rudy, une de Página/12 du 22 novembre 2018

Le gars de gauche : J'ai une idée pour relancer Aerolineas [Argentinas] (1)
Le gars de droite : Dis toujours.
Le gars de gauche : Utiliser les avions pour transporter les dames de Nordelta, comme ça, elles ne se mélangeront pas aux bonnes.
Traduction © Denise Anne Clavilier



(1) Le gouvernement a récemment fait entendre qu'il souhaitait à nouveau privatiser la compagnie aérienne nationale qui aurait du mal à sortir de la crise. Et pour cause ! C'est le gouvernement lui-même qui a interrompu sa convalescence économique en déplaçant une excellente dirigeante qu'il avait lui-même nommée un an plus tôt, lors de son arrivée aux affaires. Et le président lui-même n'emprunte jamais un vol de cette compagnie nationale, à laquelle il préfère délibérément Air France ou Iberia.