Une de La Prensa ce matin Le journal a choisi de suggérer que la décision vient de Rome Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
La
conférence épiscopale d'Argentine vient de tenir pendant une
semaine l'une de ses assemblées plénières, à Pilar, dans la
province de Buenos Aires. Au menu des discussions, il y avait
plusieurs points à dimension politique : les besoins de
redistribution dans une société argentine où la paupérisation
gagne à cause de la grave crise que traverse le pays et l'engagement
très progressif d'un sevrage économique de l'Eglise, qui s'apprête
à renoncer aux financements publics.
Une de La Nación ce matin La photo porte sur la forêt tropicale du nord-ouest une zone du pays où les enfants sont très défavorisés Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Cette
grande réforme devrait conduire à terme à une séparation de
l'Eglise et de l'Etat, appelée de ses vœux par le pape François
lui-même, non pas pour l'Argentine seule mais pour tous les pays, à
condition, dit le Saint Père, que soit garantie la liberté du culte
par l'Etat. Une séparation structurelle garantira aussi la liberté
de l'Eglise, sa liberté d'action et de parole, ce qui n'est pas le
cas aujourd'hui en Argentine, où le financement public entraîne des
querelles politiques sans fin au moindre désaccord qui se fasse jour
avec la majorité au pouvoir.
Cette
réforme se mettre en place lentement car l'Eglise ne peut pas d'un
seul coup déséquilibrer ses comptes, d'autant que l'institution a
des frais fixes et exerce encore aujourd'hui des missions de
bienfaisance qui pallient l'inertie d'un Etat Providence dont
l'action est pour le moins fragile (développée hier sous les
Kirchner et réduite à très peu de choses aujourd'hui sous Macri).
L'objectif pour l'Eglise catholique est de passer à un financement
pris entièrement en charge par les fidèles alors que les prélats
sont salariés par l'Etat, les évêques gouvernant ayant droit à
une rémunération d'environ 46.000 pesos mensuels contre 40.000 pour
un évêque auxiliaire. La plupart des évêques ne gardent pas ces
sommes pour eux mais en versent une bonne partie à leur diocèse,
lesquels effectuent une péréquation pour que les diocèses riches
aident les diocèses moins favorisés sur le plan économique.
Une de Clarín dimanche dernier Les journaux annonçaient déjà la décision de l'épiscopat Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
La
décision de la CEA répond à une polémique publique déclenchée
par le Premier ministre, Marcos Peña, qui avait pris en mars dernier
l'opinion publique à témoin des revenus des évêques dans une
volonté manifeste de semer le doute sur l'honnêteté des prélats
alors que ceux-ci commençaient à dénoncer avec sévérité les
effets désastreux de la politique sociale et économique du
gouvernement. La subvention que l'Etat verse à l'Eglise catholique
s'élève actuellement à 130 millions de pesos. La religion
catholique est considérée comme religion d'Etat. Le protocole
prévoit un Te Deum pour toutes les fêtes nationales, notamment le
25 mai et le 9 juillet. Là encore, cette cérémonie fait l'objet de
polémiques systématiques tous les ans.
Une de La Prensa de dimanche dernier Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
La
baisse des subventions publiques commencera en 2020. L'année est en
effet trop avancée pour que la mesure soit mise en œuvre sur
l'exercice 2019.
Cette
assemblée plénière de la CEA a été suivie avec une attention
assez inhabituelle par les journalistes de tous bords depuis
dimanche.
Pour
en savoir plus :
dimanche
4 novembre
lire
l'article de Clarín
lire
l'article de La Nación qui se penchait sur l'analyse de la crise
économique plutôt que sur les rumeurs concernant la renonciation
aux financements publics
mardi
6 novembre
lire
l'article de Página/12 sur les préoccupations sociales de la CEA
lire
l'article de Clarín qui préférait revenir sur une messe célébrée
par l'évêque de Mercedes (en province de Buenos Aires) dans la
basilique nationale de Luján à la demande du leader historique de
la CGT, le camionneur Hugo Moyano, en difficulté judiciaire, ce qui
a fâché tout rouge les catholiques de droite et tout le
gouvernement, qui a pris en grippe celui qui fut au début l'un de
ses alliés
Aujourd'hui :
lire
l'article de La Nación
Ajout du 11 novembre 2018 :
lire l'éditorial de Página/12
Ajout du 12 novembre 2018 :
lire l'article de Clarín sur l'analyse du gouvernement concernant le renoncement de l'Eglise (-7% de subsides publics en 2020)
Ajout du 11 novembre 2018 :
lire l'éditorial de Página/12
Ajout du 12 novembre 2018 :
lire l'article de Clarín sur l'analyse du gouvernement concernant le renoncement de l'Eglise (-7% de subsides publics en 2020)