samedi 10 novembre 2018

Un premier pas vers la séparation de l'Eglise et de l'Etat [Actu]

Une de La Prensa ce matin
Le journal a choisi de suggérer que la décision vient de Rome
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

La conférence épiscopale d'Argentine vient de tenir pendant une semaine l'une de ses assemblées plénières, à Pilar, dans la province de Buenos Aires. Au menu des discussions, il y avait plusieurs points à dimension politique : les besoins de redistribution dans une société argentine où la paupérisation gagne à cause de la grave crise que traverse le pays et l'engagement très progressif d'un sevrage économique de l'Eglise, qui s'apprête à renoncer aux financements publics.

Une de La Nación ce matin
La photo porte sur la forêt tropicale du nord-ouest
une zone du pays où les enfants sont très défavorisés
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Cette grande réforme devrait conduire à terme à une séparation de l'Eglise et de l'Etat, appelée de ses vœux par le pape François lui-même, non pas pour l'Argentine seule mais pour tous les pays, à condition, dit le Saint Père, que soit garantie la liberté du culte par l'Etat. Une séparation structurelle garantira aussi la liberté de l'Eglise, sa liberté d'action et de parole, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui en Argentine, où le financement public entraîne des querelles politiques sans fin au moindre désaccord qui se fasse jour avec la majorité au pouvoir.

Cette réforme se mettre en place lentement car l'Eglise ne peut pas d'un seul coup déséquilibrer ses comptes, d'autant que l'institution a des frais fixes et exerce encore aujourd'hui des missions de bienfaisance qui pallient l'inertie d'un Etat Providence dont l'action est pour le moins fragile (développée hier sous les Kirchner et réduite à très peu de choses aujourd'hui sous Macri). L'objectif pour l'Eglise catholique est de passer à un financement pris entièrement en charge par les fidèles alors que les prélats sont salariés par l'Etat, les évêques gouvernant ayant droit à une rémunération d'environ 46.000 pesos mensuels contre 40.000 pour un évêque auxiliaire. La plupart des évêques ne gardent pas ces sommes pour eux mais en versent une bonne partie à leur diocèse, lesquels effectuent une péréquation pour que les diocèses riches aident les diocèses moins favorisés sur le plan économique.

Une de Clarín dimanche dernier
Les journaux annonçaient déjà la décision de l'épiscopat
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

La décision de la CEA répond à une polémique publique déclenchée par le Premier ministre, Marcos Peña, qui avait pris en mars dernier l'opinion publique à témoin des revenus des évêques dans une volonté manifeste de semer le doute sur l'honnêteté des prélats alors que ceux-ci commençaient à dénoncer avec sévérité les effets désastreux de la politique sociale et économique du gouvernement. La subvention que l'Etat verse à l'Eglise catholique s'élève actuellement à 130 millions de pesos. La religion catholique est considérée comme religion d'Etat. Le protocole prévoit un Te Deum pour toutes les fêtes nationales, notamment le 25 mai et le 9 juillet. Là encore, cette cérémonie fait l'objet de polémiques systématiques tous les ans.

Une de La Prensa de dimanche dernier
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

La baisse des subventions publiques commencera en 2020. L'année est en effet trop avancée pour que la mesure soit mise en œuvre sur l'exercice 2019.

Cette assemblée plénière de la CEA a été suivie avec une attention assez inhabituelle par les journalistes de tous bords depuis dimanche.

Pour en savoir plus :
dimanche 4 novembre
lire l'article de La Nación qui se penchait sur l'analyse de la crise économique plutôt que sur les rumeurs concernant la renonciation aux financements publics
mardi 6 novembre
lire l'article de Página/12 sur les préoccupations sociales de la CEA
lire l'article de Clarín qui préférait revenir sur une messe célébrée par l'évêque de Mercedes (en province de Buenos Aires) dans la basilique nationale de Luján à la demande du leader historique de la CGT, le camionneur Hugo Moyano, en difficulté judiciaire, ce qui a fâché tout rouge les catholiques de droite et tout le gouvernement, qui a pris en grippe celui qui fut au début l'un de ses alliés
Aujourd'hui :
lire l'article de La Nación

Ajout du 11 novembre 2018 :
lire l'éditorial de Página/12

Ajout du 12 novembre 2018 :
lire l'article de Clarín sur l'analyse du gouvernement concernant le renoncement de l'Eglise (-7% de subsides publics en 2020)