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Le sous-marin, disparu il y tout juste un an, gît par 800 mètres de fond dans la Mer Argentine, dans l'Atlantique sud.
La voie d'eau et l'incendie à bord qu'évoquait le dernier message reçu du submersible à la Base navale de Mar del Plata est donc sans doute la cause de la perte du bâtiment, d'autant qu'il a été retrouvé dans les parages du point d'où il avait envoyé cet ultime message.
La découverte coïncide avec le début d'un long week-end où les Argentins fêtent une victoire fluviale (contre les Français), la fête de la Souveraineté.
Seul Clarín a pu annoncer l'information sur son édition imprimée de ce matin.
Sur Barrio de Tango, complément d'article lundi.
Ajout du 19 novembre 2018 :
Ajout du 19 novembre 2018 :
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12 de dimanche
lire
l'article de Clarín sur le travail que devra fournir la juge
d'instruction à partir des 67.000 photos que rapportera la mission
exploratrice et qui permettront de créer une simulation numérique sur laquelle travailleront les experts qu'elle, les inculpés éventuels et les parties civiles pourront nommer
"En patrouille pour l'éternité ?", titrait La Prensa dimanche matin Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
"Nous voulons que ces ordures aillent en prison", titrait Página/12 hier |
Clarín a préféré titrer sur l'enquête et illustrer avec la photo des familles en pleurs Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Lundi :
Dans
la journée de samedi, le président Mauricio Macri a fait une très
courte intervention télévisée (1), enregistrée à l'avance (ce
qui pourrait indiquer qu'il doutait de sa capacité à prendre la parole en direct). Il s'exprime avec une froideur fort peu en rapport avec
la culture argentine et en pleine contradiction avec l'émotion et la peine qu'il attribue à tous les Argentins (sauf lui, semble-t-il). Il a revêtu un très élégant veston bleu marine et porte une cravate à dominante bleu moyen, le tout d'une très belle facture. Il n'a pas eu le tact de s'habiller en noir, ce qu'il pouvait faire facilement, eu égard à l'air conditionné de la résidence campagnarde de Los
Olivos, d'où il s'exprime, où il vit avec sa famille (c'était déjà le cas sous les Kirchner) (2). Tout cela est pour le moins surprenant.
Par ailleurs, le président a enfin décrété trois jours de deuil
national. Il était temps. Mais on cherche en vain sur le site Internet de la Casa Rosada, le palais présidentiel, une trace du décret et une autre du texte du message télévisé. La dernière information sur le sujet y concerne l'hommage rendu le 15 novembre et les dernières infos, tous
sujets confondus, datent du 16 novembre. Comme si personne dans
l'équipe présidentielle n'était en service pendant un long
week-end. Le monde s'arrêterait-il donc de tourner les jours fériés ? Dans de telles circonstances, que le président dit
considérer comme très graves dans son discours télévisé, on
pourrait penser qu'il n'y a pas de long week-end qui tienne. A dix jours de la
réunion des chefs d'Etat et de gouvernement du G20 à Buenos Aires, il en va de sa crédibilité internationale.
C'est incompréhensible.
Página/12 le signale d'ailleurs avec verve
sur sa une de ce lundi férié.
"En week-end, le président de la Nation ne travaille pas ?" |
Samedi
et dimanche, les familles ont organisé des marches et des
manifestations à Buenos Aires et à Mar del Plata et elles se sont
répandues en déclarations vengeresses contre ce gouvernement qui
semble si peu concerné par le malheur qui les touche. Elles ne sont
toutefois pas unanimes. Les plus remontées réclament la prison pour
les amiraux de l'état-major de la Marine (3) et pour le ministre de
la Défense, voire pour le président lui-même dont certains sont
convaincus qu'il savait déjà tout dès le 15 novembre, au moment où
il prononçait à Mar del Plata ce discours d''hommage qui a remué
le couteau dans la plaies des proches (au lieu de les réconforter)
et que, par conséquent, la découverte du bâtiment le lendemain
relevait d'une mise en scène gouvernementale. C'est toutefois fort
peu probable puisque Mauricio Macri avait tout intérêt à annoncer
la nouvelle avant l'hommage, quitte à reculer sine die celui-ci (la
présidence argentine est aussi improvisatrice que le reste du pays,
elle n'est pas à un report près). On peut aussi espérer que le
décret aurait été prêt, ainsi que le site Internet de la
Présidence et l'allocution télévisée. Il aurait eu le temps de
peser ses propos au trébuchet avec des spin-doctors compétents (il
peut se payer leurs services sur sa fortune personnelle) et de
répéter, avant de parler en direct.
D'autres
familles se sont fait plus discrètes.
Certains
proches de disparus, parmi ceux qui s'expriment auprès des médias,
exigent qu'on renfloue le sous-marin. Le ministre a annoncé que
c'était impossible. Si tant est que l'opération soit matériellement
possible, il faudrait des milliards de dollars pour remonter l'épave
qui se trouve en fait à plus de 900 mètres de fond (et non pas 800
comme on l'avait annoncé dans la nuit de vendredi à samedi, au
moment de la découverte) et qui pourrait se fracasser en mille
morceaux au moindre essai de percer sa coque pour y passer des filins
afin de la remonter à la surface. Les finances de l'Etat ne le
permettent certainement pas, surtout que la recherche du bâtiment a
déjà coûté des sommes colossales.
Le
gouvernement envisage aujourd'hui d'organiser une cérémonie
funéraire en haute mer. Selon la tradition des marins, les corps
resteraient prisonniers de la coque, à bord du sous-marin que
vivants, ces 44 hommes et femme ont servi.
Il
n'en reste pas moins vrai que la communication de crise du
gouvernement et de la Marine a été désastreuse et que ce manque de
transparence, ce manque de soutien aux familles, le refus de les
recevoir lorsque certains de leurs représentants avaient dressé une
tente sur Plaza de Mayo où ils passaient leurs jours et leurs nuits
sont en partie à l'origine de ces réclamations des proches et du
grand bruit que fait la gauche autour de la disparition du ARA San
Juan, pour lui donner un sens politique qui dépasse peut-être les
véritables responsabilités en jeu (une maintenance défectueuse
semble désormais prouvée, reste à établir sans doute pourquoi
elle a été défectueuse, entre responsabilité budgétaire, et donc
politique, responsabilité gestionnaire, donc militaire, et faillite
éventuelle du commandement, qu'il soit militaire ou politique). Le
ministre de la Défense n'écarte pas des erreurs gouvernementales
dans l'année qui vient de s'écouler mais nie toute espèce de
mensonge de la part des autorités en place.
Pour
en savoir plus :
lire
l'article de Página/12 sur les accusations de mise en scène
lire
l'article de La Prensa sur l'impossibilité de renflouer l'épave,
selon le ministre
lire
l'article de La Nación sur les différentes réactions publiques des
familles.
Ajout du 20 novembre 2018 :
lire cet entrefilet de Página/12 sur les activités du président Macri pendant les jours de deuil national. Il s'est rendu à une petite fête organisée par le patron de Disney. Comme le ministre de l'Intérieure italien, Salvini, le 14 août, après la catastrophe de Gênes. Un comportement en contradiction avec les paroles graves, mais insincères, du discours télévisé. De quoi nourrir encore un peu plus la légitime rancœur des familles.
lire le billet publié dans La Prensa par un ancien combattant des Malouines, un officier de marine en retraite, qui dresse le bilan de la catastrophe en terme de conscience politique pour ses compatriotes
lire l'article de La Nación sur les déclarations de la juge d'instruction qui écarte, pour l'heure, toute responsabilité politique du président dans la survenue de l'accident fatal. On va aller chercher celle des lampistes, comme d'habitude.
lire l'article de Clarín sur le même sujet
Ajout du 29 novembre 2018 :
lire cet article de La Nación sur les avancées de l'instruction. La juge doit recevoir les 67.000 photos prises du submersible coulé mardi prochain. Elle a déjà annoncé qu'elle ne permettrait pas au ministère de la Défense d'en prendre connaissance.
Ajout du 12 décembre 2018 :
lire cet article de Clarín sur les déclarations de l'ancien chef d'Etat-major de la Marine, l'amiral Srur, devant la commission d'enquête bicamérale du Congrès argentin : le San Juan n'était pas en état de naviguer seul mais il n'en avait pas la connaissance exacte parce que ses subordonnés l'informaient mal...
Ajout du 20 novembre 2018 :
lire cet entrefilet de Página/12 sur les activités du président Macri pendant les jours de deuil national. Il s'est rendu à une petite fête organisée par le patron de Disney. Comme le ministre de l'Intérieure italien, Salvini, le 14 août, après la catastrophe de Gênes. Un comportement en contradiction avec les paroles graves, mais insincères, du discours télévisé. De quoi nourrir encore un peu plus la légitime rancœur des familles.
lire le billet publié dans La Prensa par un ancien combattant des Malouines, un officier de marine en retraite, qui dresse le bilan de la catastrophe en terme de conscience politique pour ses compatriotes
lire l'article de La Nación sur les déclarations de la juge d'instruction qui écarte, pour l'heure, toute responsabilité politique du président dans la survenue de l'accident fatal. On va aller chercher celle des lampistes, comme d'habitude.
lire l'article de Clarín sur le même sujet
Ajout du 29 novembre 2018 :
lire cet article de La Nación sur les avancées de l'instruction. La juge doit recevoir les 67.000 photos prises du submersible coulé mardi prochain. Elle a déjà annoncé qu'elle ne permettrait pas au ministère de la Défense d'en prendre connaissance.
Ajout du 12 décembre 2018 :
lire cet article de Clarín sur les déclarations de l'ancien chef d'Etat-major de la Marine, l'amiral Srur, devant la commission d'enquête bicamérale du Congrès argentin : le San Juan n'était pas en état de naviguer seul mais il n'en avait pas la connaissance exacte parce que ses subordonnés l'informaient mal...
(1)
Elle a été mise en ligne hier sur le canal Youtube de la Casa
Rosada (avec un lien sur le site). Sur fond officiel bleu ciel, on entend pendant de longues secondes un très désagréable bip bip d'attente avant
l'apparition du président, qui, au moment de la prise d'antenne, a déjà prononcé une ou deux syllabes. Les techniciens n'ont même pas été capables de
retransmettre ou d'enregistrer depuis le début ! Quel manque de respect pour les
disparus et leurs proches ! Et il faut aller chercher dans le
canal pour retrouver cette vidéo qui n'apparaît pas sur l'écran
d'accueil.
(2)
Il aurait pu se donner la peine de regagner la Casa Rosada pour y
enregistrer son message, dans le décorum officiel de la capitale.
(3)
L'ancien porte-parole du Centre naval de Mar del Plata, le commandant
Balbi, que le gouvernement et l'état-major, avait laissé seul
devant la presse dans les premières semaines de la crise, vient de
recevoir une nouvelle mission : il part à Washington comme
attaché naval.